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Sortir de l’ombre

Woman in a refugee camp in eastern Chad, with an energy-efficient cooker. The daily needs of the local population and a quarter-million refugees are squeezing already scarce resources like wood and water Celeste Hicks/IRIN
Lorsque la nuit tombe sur le complexe de camps de réfugiés de Dadaab, dans l’est du Kenya, il y a près d’un demi-million de réfugiés plongés dans le noir. Le manque de lumière prive les écoliers de la possibilité d’étudier et assure une parfaite couverture aux voleurs et aux violeurs.

« Il y a des voleurs qui profitent des ténèbres pour dérober aux gens leurs téléphones portables », a dit Moulid Hujale, résident du camp d’Ifo et journaliste free-lance. « Même quand il y a la pleine lune, il y a moins de crime ».

Pour de nombreux ménages qui n’ont pas les moyens d’avoir des bougies ou des lampes à pétrole, encore moins un groupe électrogène, la seule source de lumière provient des feux de cuisson. Mais le bois de chauffe est une denrée de plus en plus rare et controversée, dans une région aride où la population toujours croissante des réfugiés est en concurrence avec la population locale pour les ressources naturelles qui s’amenuisent depuis l’établissement du premier camp en 1991.

Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) achemine par camion du bois de chauffe pour un coût de 600 000 dollars par mois, mais c’est tout juste suffisant pour répondre à environ 30 pour cent des besoins mensuels de chaque ménage. Les femmes réfugiées sont donc obligées de marcher jusqu’à 10 km à l’extérieur des camps pour ramasser du bois pour la cuisine. Ces excursions les exposent à des risques d’attaques violentes de la part de locaux irrités ou même d’autres réfugiés.

« Les incidents de violences liées au genre contre les réfugiés sont assez courants », a déclaré Njuki Venanzio, responsable de l’environnement au HCR basé à Dadaab. « Nos collègues chargés de la protection enregistrent environ trois cas par semaine ».

Même à l’intérieur des camps, les niveaux de violences liées au genre ont augmenté de manière significative ces 18 derniers mois alors que la population du camp augmentait et que le faible éclairage rendait les nouveaux arrivés vivant à la périphérie du camp particulièrement vulnérables.

Bien que l’étendue des camps de Dadaab ait amplifié ses problèmes environnementaux et sécuritaires, les camps de réfugiés de toute l’Afrique font face aux mêmes défis. Il y a 70 pour cent de réfugiés qui n’ont pas d’électricité et beaucoup sont situés dans des environnements fragiles où le bois est rare voire complètement indisponible.

La zone autour du camp de Dzaleka au Malawi est tellement déboisée que les réfugiés sont souvent contraints de vendre une partie de leurs rations alimentaires pour acheter du bois ou du charbon, tandis que les femmes résidant au camp de Touloum, au Tchad, disent qu’elles passent quatre jours de la semaine à chercher du bois.

Technologies bénéfiques pour l’environnement

L’initiative du HCR de fournir des lampes à énergie solaire et des réchauds à faible consommation énergétique à 920 000 réfugiés en Afrique au cours des trois prochaines années pourrait répondre à de nombreux défis sécuritaires, environnementaux et éducatifs rencontrés par les réfugiés s’il est possible de convaincre les bailleurs de fonds de financer les 15 millions de dollars nécessaires.

« Il y a des voleurs qui profitent des ténèbres pour dérober aux gens leurs téléphones portables. Même quand il y a la pleine lune, il y a moins de crime »
L’initiative Light Years Ahead a déjà été conduite dans sept pays africains avec de bons résultats, selon Amare Egziabher, un haut coordinateur de l’environnement avec le HCR à Genève.

« Nous avons reçu des réactions très positives sur le terrain » a-t-il dit à IRIN. « Beaucoup pensent que cela diminue le taux de criminalité ainsi que les violences contre des femmes et des filles ».

L’initiative pourrait aussi baisser les taux d’abandon scolaire. Les enfants privés de lumière pour faire leurs devoirs le soir ont tendance à prendre du retard dans leurs études. Quant aux filles, elles manquent souvent l’école pour aider leurs mères à ramasser du bois.

À Dadaab, la phase d’essai du projet a déjà apporté des lanternes à énergie solaire à 140 écoliers préparant leurs examens ainsi que des lampadaires dans plusieurs endroits du camp de Hagadera reconnus par les résidents comme particulièrement risqués la nuit.

« Cela a eu un impact important sur la sécurité dans ces quelques endroits », a dit M. Venanzio. « Mais nous parlons d’un camp de plus de 120 000 réfugiés donc cela a couvert une petite partie ».

Chaque lanterne solaire coûte 39 dollars tandis qu’un lampadaire solaire permettant de sécuriser le voisinage pour un total de 300 réfugiés coûte 1 200 dollars.

« Jusqu’à présent, nous avons reçu quelques promesses de financement mais rien de concret encore », a déclaré M. Venanzio.

Economie d’énergie pour sauver l’environnement

Le réchaud à faible consommation énergétique privilégié par le HCR est appelé Save80 parce qu’il utilise jusqu’à 80 pour cent de bois en moins qu’un réchaud traditionnel, mais plusieurs ONG et agences travaillant à Dadaab distribuent différents types de réchauds économes en énergie. Jusqu’à présent, elles ont pu en fournir à environ 48 pour cent des réfugiés, mais comme le pétrole a été considéré trop cher et l’éthanol n’est disponible qu’en trop petite quantité, tous les réchauds distribués utilisent toujours du bois.

« Nous avons besoin de quelque chose de plus durable », a reconnu M. Venanzio. « Il y a une importante dégradation environnementale dans un rayon de 10 km autour des camps et le gouvernement kenyan insiste pour que nous trouvions une alternative viable [au bois] prochainement ».

Augmenter la production locale d’éthanol à partir de la canne à sucre est une option. Une autre serait de trouver des entrepreneurs prêts à produire en quantités suffisantes des briquettes combustibles à partir de dérivés d’enveloppes de café ou de riz.

En attendant, le programme de gestion de l’environnement du HCR distribue gratuitement des jeunes arbres aux réfugiés et aux communautés d’accueil dans le but de reboiser la zone. « Mais l’environnement est très sec ici, ce qui rend la survie des arbres un peu difficile. » a dit M. Venanzio.

Les campagnes de sensibilisation, qui ont pour objectif d’apprendre aux réfugiés à utiliser du bois de chauffe de façon plus économique, à recycler les déchets et à cultiver des légumes en utilisant les eaux usées, ont également pour but d’atténuer l’impact des camps sur l’environnement local, mais M. Venanzio a dit que le programme connaissait des difficultés à cause du financement insuffisant. « Les programmes concernant l’environnement obtiennent un très petit budget en comparaison avec d’autres secteurs considérés comme vitaux, tels que l’eau, la nourriture et la santé. » a-t-il expliqué.

Des bailleurs de fonds privés, y compris des églises et des sociétés, ont donné 1,4 million de dollars pour l’initiative Light Years Ahead en 2011, mais « nous avons encore un long chemin à parcourir. » a admis M. Egziabher. « La demande est tellement élevée ».

ks/cb-fc/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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