1. Accueil
  2. Middle East and North Africa

Le point sur les droits des travailleurs domestiques

L’Organisation internationale du travail (OIT) des Nations Unies est favorable à l’élaboration d’une législation du travail visant à offrir aux travailleurs domestiques étrangers du Moyen-Orient une protection juridique.

À la suite d’un atelier organisé à Beyrouth, au Liban, au début du mois de novembre 2010, les syndicats arabes ont adopté une déclaration de principe soutenant notamment le droit à un salaire décent et à une représentation syndicale pour les travailleurs domestiques étrangers.

 « C’était une étape importante », a dit à IRIN Simel Esim, experte des questions de genre au bureau de l’OIT à Beyrouth. « Des règlements, des décrets et des contrats type existent, mais il faut mettre en place une législation du travail spécifique qui étend la protection juridique aux travailleurs domestiques d’une manière systématique et globale ».

Mme Esim a indiqué que le nombre croissant de travailleurs domestiques étrangers et les récentes affaires de maltraitance – très médiatisées – qui ont conduit certains gouvernements à interdire à leurs citoyens de chercher un travail au Moyen-Orient avaient attiré l’attention sur cette question.

« Le phénomène [des travailleurs domestiques étrangers] a pris de l’ampleur ces dernières années, car les réseaux familiaux font appel à des travailleurs pour occuper des emplois dans le domaine social, comme l’assistance aux personnes âgées, aux personnes handicapées et aux enfants », a dit Mme Esim. « Mais étant donné que le travail domestique s’accomplit à l’intérieur du foyer, il passe largement inaperçu ou est considéré comme une affaire privée ».

En 2009, le ministère du Travail libanais a élaboré un contrat type qui prévoit, entre autres, des journées de travail de 10 heures maximum et le droit à six jours de congés annuels. En mars 2010, la Syrie a introduit une loi qui stipule que seules les agences d’emploi enregistrées auprès du gouvernement sont habilitées à recruter. La Jordanie est le seul pays à disposer d’une législation du travail globale qui s’étend aux travailleurs domestiques étrangers.

En dehors des actions régionales, une Convention proposée par l’OIT et qui prévoit de couvrir les travailleurs domestiques du monde entier doit être débattue en juin 2011.

Le recours au travail domestique est répandu partout dans le monde, mais plus particulièrement au Moyen-Orient où, selon les estimations de l’OIT, 22 millions de travailleurs domestiques étrangers sont employés, dont un tiers sont des femmes. Les travailleurs domestiques étrangers sont généralement originaires des pays d’Afrique et d’Asie, comme l’Indonésie, les Philippines, le Sri Lanka, le Bangladesh et l’Éthiopie.

Maltraitances diverses

Selon un rapport de Human Rights Watch (HRW) publié en avril 2010, les travailleurs domestiques étrangers présents dans la région sont victimes de mauvais traitements divers. Nombre d’entre eux connaissent de mauvaises conditions de travail. Ils doivent notamment demander à l’employeur la permission de quitter la maison ; ont peu de jours de congés ; se font confisquer leur passeport ; et, dans certains cas, subissent des maltraitances physiques et morales. Le rapport mentionne également un accès limité à la justice.

Selon les experts, la première question à aborder devrait être celle du système de recrutement –la kafala – dans le cadre duquel la famille qui emploie un travailleur le parraine.

« Dans le cadre du système actuel, le travailleur dépend totalement de l’employeur, ce qui augmente sa vulnérabilité face aux abus en matière de travail », a dit Mme Esim. « Les dispositions concernant le logement et la nourriture des travailleurs domestiques peuvent rendre difficile la surveillance de ce qui se passe sur le lieu de travail, c’est-à-dire le foyer de l’employeur ».

Le soutien en faveur des droits des travailleurs domestiques est faible, et le fait que de nombreux travailleurs viennent de l’étranger pose un défi supplémentaire, car ceux-ci disposent rarement d’un organe représentatif national et ne maîtrisent pas complètement la langue du pays d’accueil.

« Aujourd’hui, le recours au travail temporaire et précaire devient plus fréquent, et les femmes et les travailleurs migrants sont particulièrement touchés », a dit Özen Eren, experte du travail à l’université américaine Texas Tech. « À l’heure de la mondialisation, on note souvent un manque de volonté politique pour aborder ces problèmes ».

L’OIT travaille également en collaboration avec les gouvernements sur d’autres initiatives, notamment un document de sensibilisation, des services d’appel pour les travailleurs domestiques étrangers, des logements collectifs qui offriraient aux travailleurs domestiques une alternative au logement chez l’employeur et des organismes gouvernementaux qui s’occuperaient du recrutement à la place des agences privées ».

« Les gouvernements, les syndicats et d’autres organisations de la société civile dans les pays d’origine et d’accueil doivent s’engager davantage », a dit Mme Esim.

« Les agences d’emploi privées profitent des travailleurs qui viennent dans la région pour s’occuper des besoins sociaux des foyers d’ici. Ces… besoins devraient être pris en compte dans les politiques et programmes sociaux des gouvernements des pays plutôt que d’être laissés au soin des foyers privés ».

sb/he – gd/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join