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Une nouvelle invasion de criquets à craindre

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a averti d’une « menace grave et imminente due à la présence d’un nombre croissant d’essaims de criquets pèlerins » à Madagascar ; selon l’organisme, une « aide d’urgence Odoit être immédiatement apportéed pour prévenir une catastrophe humanitaire ».

L’avertissement a été lancé lors d’une réunion sur l’Aide d’urgence à la lutte antiacridienne qui s’est tenue à Antananarivo, la capitale, le 8 septembre, quelques jours après la publication, par l’USAID, de l’édition d’août de son rapport de situation d’urgence sur les Invasions transfrontalières de ravageurs (ETOP) ; rapport qui présentait des prévisions s’étendant jusqu’à la mi-octobre et dont les auteurs exprimaient des préoccupations semblables.

« Une reproduction massive risque d’être observée … Dans cette éventualité, Madagascar connaîtra une des invasions de criquets les plus graves observées ces dernières années, et devra mener des interventions de contrôle à grande échelle jusqu’à la mi-2011 », peut-on lire dans l’ETOP.

Faire face à la menace d’une invasion de criquets coûtera environ 14,5 millions de dollars ; à ce jour, 4,7 millions de dollars ont été accordés par le Fonds central d'intervention d'urgence (CERF) des Nations Unies et 490 000 par le Programme d’urgence pour la coopération technique de la FAO.

Annie Monard, responsable des invasions de criquets aux bureaux de la FAO, à Rome, se rendra à Madagascar ces prochains jours ; Mme Monard a déclaré à IRIN que les indicateurs étaient « particulièrement inquiétants », les criquets étant « si nombreux » qu’ils avaient pu « s’échapper de leur zone habituelle » [dans le sud-ouest de Madagascar] et que des essaims avaient été observés le long du littoral est et dans l’ensemble de la région centre-ouest.

Madagascar a subi des invasions de criquets pendant quatre ans, jusqu’en 2000 ; cette année-là, seul l’extrême nord de la quatrième île du monde avait été épargné par le criquet pèlerin malgache (Locusta migratoria capito), et même la côte est, habituellement jugée trop humide, avait été touchée.

Cet insecte peut se reproduire presque tous les deux mois, et consomme environ l’équivalent de son propre poids en végétation (environ deux grammes) chaque jour. Mme Monard a raconté qu’en 1998, alors qu’elle se déplaçait en hélicoptère, elle avait aperçu un essaim recouvrant une zone d’environ 30 kilomètres sur 70. « C’était comme un énorme nuage qui se déplaçait sur toute la plaine ».

Inaperçue

La prolifération des criquets est passée inaperçue pendant les précédentes saisons des pluies (d’octobre à avril), les capacités du Centre national antiacridien (CNA), organisme public, étant affaiblies par la situation sociopolitique du pays, selon un document publié par la FAO, et intitulé Aide d'urgence à la lutte antiacridienne à Madagascar.

Madagascar est en effet embourbé dans une crise politique depuis le 17 mars 2009 ; l’aide internationale a été réduite à l’aide humanitaire d’urgence (et ce uniquement si celle-ci est justifiable) depuis le transfert de pouvoir « illégal » à l’issue duquel le président Marc Ravalomanana a cédé la place au chef de l’opposition Andry Rajoelina.

« Les essaims dont la présence a été signalée récemment hors de leur zone d’infestation indiquent une prolifération importante. Les expériences passées ont montré qu’une invasion pouvait évoluer »
Le climat actuel, sec et frais, n’est pas propice à la reproduction, mais avec les premières pluies et dès que la température commence à grimper, les insectes se reproduisent rapidement. A mesure que la densité de population augmente, les insectes connaissent des changements comportementaux et physiques : de solitaires, ils deviennent grégaires, et forment des essaims qui dévastent les cultures (chaque million de criquets consomment une tonne de vivres).

« Les essaims dont la présence a été signalée récemment hors de leur zone d’infestation indiquent une prolifération importante. Les expériences passées ont montré qu’une invasion pouvait évoluer si la population acridienne n’était pas contrôlée à ce stade. L’invasion qui s’ensuivrait se poursuivrait pendant de nombreuses années, en ayant des conséquences dévastatrices sur la sécurité alimentaire », peut-on lire dans le document publié par la FAO sur l’aide d’urgence.

« Les essaims de criquets qui ne se sont pas encore développés vont se développer et commencer à se reproduire au début de la prochaine saison des pluies, et des concentrations de jeunes criquets aptères (bandes larvaires) se développeront entre octobre et décembre 2010. Ces bandes attaqueront principalement les régions est de la zone d’infestation, qui recevront les premières précipitations. Toutefois, elles frapperont également le centre-ouest, déjà envahi par les essaims ».

Cette année, selon Mme Monard, des enquêtes et des préparations ont été effectuées depuis le mois de juillet en vue de lancer, à l’approche des premières pluies, une campagne de pulvérisation de « trois familles de pesticides », pour contrôler la prolifération des insectes.

Trois familles de pesticides

Les pesticides conventionnels protègeront les cultures menacées, les régulateurs de croissance des insectes contrôleront les bandes larvaires (criquets aptères), et des pesticides biologiques seront appliqués dans les zones écologiquement sensibles, notamment les « réserves naturelles, les parcs nationaux et les régions peuplées », selon le document publié par la FAO.

Environ 500 000 hectares seront pulvérisés au moment où les populations acridiennes seront les plus vulnérables, c’est-à-dire « lorsque les criquets, pas encore ailés et moins mobiles, marcheront et seront particulièrement sensibles aux pesticides », a commenté Mme Monard.

Toutefois, l’équipement doit être préacheminé à l’approche des pluies : les routes menant à bon nombre de zones menacées par les criquets pourraient devenir impraticables pendant la saison des pluies, selon la FAO.

« Les criquets font planer une menace immédiate sur les moyens de subsistance des communautés rurales, déjà précaires en particulier dans le Grand Sud [de Madagascar] », notait la FAO dans son rapport d’août sur la lutte antiacridienne. Environ 70 pour cent des quelque 20 millions d’habitants que compte Madagascar vivent en deçà du seuil de pauvreté, et 50 pour cent des enfants âgés de moins de cinq ans souffrent de malnutrition dans le pays.

Selon les prévisions, pas moins de 52 communes de la région devraient être touchées par l’insécurité alimentaire d’ici à la fin de l’année 2010, et 10 d’entre elles (qui comptent environ 100 000 habitants) seraient touchées par une insécurité alimentaire grave, d’après une évaluation réalisée par le Programme alimentaire mondial en juillet 2010. Toutes les communes touchées par l’insécurité alimentaire sont menacées par les essaims de criquets.

Selon le CNA, plus de 460 000 ménages ruraux, soit 2,3 millions de personnes, seraient touchés par les invasions de criquets, et les pertes de récoltes potentielles pourraient représenter un manque à gagner d’au moins 135 millions de dollars.

go/he/nh/np

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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