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L’urbanisation, à l’origine de la multiplication des accidents de la route

En raison d’un développement rapide et d’une urbanisation en plein essor, le nombre des victimes de la route a été multiplié par deux au cours des cinq dernières années, passant à 4,2 décès par jour, en 2007, selon un rapport publié par le gouvernement.

Ce nombre était encore plus élevé (4,8 décès par jour) au cours des deux premiers mois de l’année 2008.

Parmi les Etats-membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE ou ASEAN, en anglais), le Cambodge affiche l’un des taux les plus élevés de mortalité routière (la deuxième cause de décès après le VIH/SIDA). Les accidents de la route ont fait 1 545 morts en 2007, contre environ 6 900 décès liés au sida, la même année, selon les statistiques publiées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le pays jouit d’un taux de croissance moyen de 11 pour cent depuis 2005, d’après la Banque mondiale, ce qui encourage une augmentation des migrations vers Phnom Penh, la capitale. Les habitants des régions rurales ont néanmoins peu de connaissances en matière de sécurité routière.

« Aujourd’hui, à Phnom Penh, on constate une forte diversité de circulation : il y a plus de piétons, de voitures, de motos, de camions, tout ce que vous voulez, dans la rue », a expliqué Ryan Duly, conseiller en sécurité routière pour Handicap international Belgique, une organisation non-gouvernementale (ONG) qui sensibilise le public et la police à la sécurité routière. « À cause de cela, les rues sont beaucoup plus dangereuses ».

La plupart des accidents mortels ont lieu lorsque des motocyclettes entrent en collision avec des camions. Selon le rapport, près de la moitié des victimes de la route sont des fermiers ou des manœuvres.

« La plupart des personnes touchées sont des jeunes gens qui exercent une activité économique et doivent prendre leur véhicule pour se rendre à leur travail », a déclaré M. Duly.

IRIN n’a pas pu contacter les représentants du ministère des Transports et des Travaux publics pour recueillir leurs commentaires.

Développement des transports

Au Cambodge, le développement immobilier, en plein essor, n’a pas complètement outrepassé la capacité des routes. Certains organismes d’aide, tels que l’Agence internationale de coopération du Japon (JICA) et l’Agence américaine d’aide au développement international (USAID), financent les travaux de modernisation ô combien nécessaires des réseaux routiers cambodgiens.


Photo: Geoffrey Cain/IRIN
Certains organismes soutiennent le gouvernement cambodgien en finançant les travaux de modernisation des réseaux routiers
Mais même la modernisation des routes crée d’autres problèmes, a dit M. Duly. « Aujourd’hui, il y a des routes revêtues et plus larges juste à la périphérie de la ville, et les gens vont encore plus vite », a-t-il déclaré à IRIN. « Les excès de vitesse sont à l’origine de la moitié des décès ».

Environ les trois quarts des victimes de la route ont eu leur accident sur des routes revêtues, et 60 pour cent, sur de larges autoroutes provinciales ou nationales, selon l’OMS.

Pour réduire le nombre de victimes, a estimé M. Duly, il faut sensibiliser la population à la sécurité routière et encourager la police à faire respecter le code de la route.

Il est également prioritaire de veiller à ce que le ministère des Travaux publics et des Transports ait les moyens de recueillir des informations sur la circulation et de les analyser. Handicap International a donné à la police plus de 100 détecteurs GPS et outils de collecte de données pour améliorer la cartographie des tendances en matière d’accidents.

« Il est très important qu’ils disposent de ces outils pour pouvoir analyser les accidents », a indiqué Sem Panhavuth, responsable des données sur la sécurité routière à Handicap International. « Jusqu’ici, ils n’ont pas vraiment pu déterminer où les accidents avaient lieu ni à quels endroits il pourrait y en avoir ».

Mauvaise mise en application du code de la route

En outre, les officiers de police cambodgiens violent régulièrement le code de la route en faveur des élites du gouvernement et du monde des affaires, affirment les automobilistes.

« Chaque fois qu’il y a un accident de moto ou de voiture, la personne qui a le plus de pouvoir s’en sort », a indiqué Sok Chesda, chauffeur de mototaxi à Phnom Penh. « Généralement, quand un riche nous rentre dedans, même si c’est lui qui est en tort, on n’appelle même pas la police et on s’en va ».

Lorsqu’un accident de la route provoque des dommages physiques ou des dégâts matériels au véhicule, les deux parties se mettent d’accord sur le montant des indemnités et sur la personne qui devrait payer ces indemnités –généralement la partie qui a le moins de relations au sein des autorités publiques, selon un groupe de chauffeurs de taxi.

La police de Phnom Penh intervient néanmoins le moins possible pour faire appliquer le code de la route. Au lieu de faire respecter les lois essentielles qui interdisent les excès de vitesse et la conduite en état d’ébriété ou qui rendent obligatoire le port du casque, les policiers se focalisent sur des règlements « plus faciles », relatifs entre autres aux rétroviseurs ou aux plaques d’immatriculation, a déclaré M. Duly.

« C’est bien qu’ils fassent appliquer ce type de lois aussi, mais nous les exhortons vraiment à reconnaître combien il est important d’intercepter les personnes en excès de vitesse et en état d’ébriété ».

Pourtant, d’après M. Chesda, « si un policier m’arrête pour excès de vitesse ou autre, je lui donne 2 000 riels [0,50 dollar] et je repars ».

gc/ds/mw/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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