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Multiplication des cas de mauvais traitements sur mineurs

Quand Tran Van De frappe ses petits-enfants, il dit qu’il le fait par amour. « Je sais que ça fait mal ; ça me fait mal à moi aussi », explique ce retraité de 68 ans, grand-père de quatre enfants. « Mais ça les aide à devenir de bons citoyens. C’est comme ça que j’ai appris quand j’étais enfant. Ce ne sont pas des maltraitances. J’aime mes petits-enfants. Comment pourrais-je les maltraiter ? ».

Dans bon nombre de pays, un parent qui frapperait son enfant ou le laisserait seul à la maison serait dénoncé aux autorités. Un travailleur social serait envoyé sur place pour enquêter. La police pourrait être mobilisée et une plainte pour mauvais traitements sur mineur pourrait même être déposée contre le parent.

Au Vietnam, un tel scénario ne pourrait pas se produire. Il n’existe pas dans ce pays de définition communément admise de la « maltraitance des enfants ». Il n’y a pas de travailleurs sociaux. Il n’y a pas de loi particulière contre les corrections physiques, selon Duong Tuyet Mien, professeur à l’université de droit d’Hanoi, ainsi que d’autres experts de ce domaine.

Au Vietnam, pour bien éduquer les enfants, il est traditionnellement d’usage de les discipliner en les frappant ou en les humiliant. Un bon enseignement passe également par cette pratique.

Il serait même irresponsable de ne pas avoir recours aux corrections physiques si un enfant ne se comporte pas correctement, selon des parents interrogés par IRIN et des responsables du ministère du Travail, des invalides et des affaires sociales (MTIA).

Rapport ministériel

La maltraitance des enfants n’en est pas moins un problème de plus en plus grave au Vietnam. Les enquêtes indiquent une multiplication du nombre de cas signalés.

Les statistiques communiquées par le MTIA le 22 août dans un rapport préliminaire publié uniquement en vietnamien montrent que la violence contre les enfants au sein des foyers a triplé entre 2005 et 2007. Les violences infligées aux enfants par les enseignants ont été multipliées par 13.

Selon une enquête menée dans cinq provinces par le Comité vietnamien pour la population, la famille et les enfants en 2006, 58,3 pour cent des enfants interrogés avaient déclaré qu’on les réprimandait par des jurons, des insultes ou des gifles.

Pour Pham Kieu Oanh, spécialiste de la protection de l’enfance au Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) à Hanoi, cette multiplication des cas de maltraitances est sans doute due en partie au fait qu’un plus grand nombre de cas sont déclarés aux autorités.

« Mais ces statistiques ne représentent que la partie émergée de l’iceberg », a dit Mme Oanh. « Ça ne reflète pas vraiment la réalité. Les statistiques seraient plus élevées si tous les cas étaient déclarés ».

« Si un adulte bat un enfant, personne ne le signale aux autorités concernées », a-t-elle ajouté. « Cela n’arriverait que si l’enfant était grièvement blessé. Là, la police interviendrait. Mais elle règlerait l’affaire en se contentant d’accuser le parent de trouble de l’ordre ou de tapage, plutôt que de maltraitances sur mineur ».

« Nous n’appliquons pas correctement les lois »

Bien entendu, il existe au Vietnam des lois sur les enfants, a dit Duong Tuyet Mien de l’université de droit d’Hanoi. Mais en ce qui concerne les enfants, « nous n’appliquons pas correctement les lois ».

« Gifler un enfant est contraire à la loi, mais personne ne le signale », explique M. Mien, « ce sont des gestes qui sont considérés comme normaux. Selon la loi, il faut que 11 pour cent du corps d’un individu soit couvert de blessures pour que l’affaire relève du pénal ».

Selon les experts, le problème découle en partie du fait que les Vietnamiens pensent généralement aux sévices sexuels lorsqu’on leur parle de maltraitances sur mineurs. Et ils pensent que seules les filles peuvent en être victimes.

« Un grand nombre de gens ne savent pas du tout que les garçons peuvent eux aussi être victimes de sévices sexuels », selon M. Mien. « Ils n’imaginent pas le type de sévices que cela peut représenter. Alors, ils ne pensent jamais que les garçons aient eux aussi besoin d’être protégés ».

Maltraiter les enfants n’est pas bien, a concédé Huynh Tien Thanh, homme d’affaires à Hanoi et père d’un garçon de neuf ans.

« Je ne frappe mon fils que pour lui apprendre à être un homme bien. Bien sûr, il y a des limites. On ne peut pas battre un enfant trop fort », a-t-il tempéré. « Il faut savoir où taper ».

Ce sont ces attitudes qui doivent changer au Vietnam, selon Mme Oanh de l’UNICEF. « Il est vraiment difficile de sensibiliser les populations. C’est la tradition », a-t-elle expliqué. Mais cette façon de penser doit évoluer, selon elle.

mao/bj/cb/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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