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Un modèle en matière d’urgences médicales

En l’absence d’un système officiel d’intervention médicale d’urgence sur une majeure partie du territoire thaïlandais, où les accidents graves de la route sont fréquents, les blessés se trouvaient auparavant à la merci des passants, qui les jetaient brutalement dans leurs voitures, provoquant souvent des lésions supplémentaires, ou dérobaient leurs biens, les laissant pour morts.

Dans la province de Khon Kaen (nord-est), néanmoins, Witaya Chadbunchachai, directeur du centre de traitement des traumatismes et de soins critiques de l’hôpital de Khon Kaen, se tient devant une grande carte, indiquant du doigt 150 ambulances miniatures.

Chacune représente une unité d’intervention médicale d’urgence ; il s’agit sans doute là du système le plus important et le mieux formé d’intervention médicale préhospitalière en Thaïlande, et peut-être dans l’ensemble de la région.

« Nous disposons à présent de 43 stations médicales, dotées chacune d’une ambulance ou plus, avec, à leur bord, des techniciens médicaux urgentistes et des infirmiers spécialistes des cas d’urgence préhospitalière », a expliqué Witaya Chadbunchachai à IRIN.

Ceux-ci prodiguent des soins aux malades en phase critique, en cas d’urgence médicale ou de traumatismes ; en Thaïlande comme dans les pays voisins, les traumatismes les plus fréquents sont les horribles lésions provoquées par les accidents de la route, qui concernent généralement des motocyclistes.

« Dans les sous-districts, 99 stations supplémentaires existent où des ambulanciers se tiennent prêts à intervenir ; ils se rendent sur place, pour bon nombre, en camionnettes ou en pick-ups plutôt qu’à bord d’une ambulance », a-t-il expliqué.

Ces ambulanciers sont formés aux techniques de secourisme avancées, et notamment à pratiquer la réanimation cardio-respiratoire.

En tout, les équipes d’intervention assurent quelque 30 000 transports d’urgence par an ; il leur faut en moyenne 14 minutes pour se rendre sur les lieux de l’accident et 20 minutes pour se rendre à l’hôpital, selon les informations, dans l’ensemble de la province, qui couvre 10 886 kilomètres carrés.

Une campagne pour le port du casque

En 1989, l’hôpital de Khon Kaen a lancé un programme, soutenu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) puis par l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), en vue d’améliorer les compétences de son personnel dans le domaine du traitement des traumatismes, de recueillir des données et de surveiller les lésions, leurs schémas, les lieux et dates des accidents et les temps de transport.

Grâce à ce système, les responsables de l’hôpital sont notamment parvenus à une conclusion importante : si la plupart des cas sont des cas d’urgence médicale et non des cas de lésions traumatiques, environ 80 pour cent des lésions traumatiques sont provoquées par des accidents de motocyclettes et 90 pour cent des décès hospitaliers sont causés par ces lésions.

Cela a incité l’hôpital de Khon Kaen à lancer, en 1992, des campagnes de sensibilisation à la sécurité routière en faveur du port du casque et, finalement, à prendre l’initiative de plaider en faveur de l’adoption, en 1996, d’une législation nationale contraignant tous les motocyclistes à porter le casque.

Selon les statistiques hospitalières, cette législation a abouti à une diminution significative des blessures provoquées par les accidents de motocyclette.

Selon ces mêmes statistiques, toutefois, bon nombre de motocyclistes, notamment les jeunes et les conducteurs qui boivent, ne portent pas de casque la nuit, ce qui explique l’augmentation du taux de lésions graves et de décès.

En 2008, pour faire face à ce problème, la Banque mondiale soutient un programme de sécurité et de sensibilisation au « port du casque chez les jeunes », en collaboration avec l’hôpital.

Collecte de données

En 2003, le centre de traitement des traumatismes a été désigné par l’OMS comme centre de collaboration pour la prévention des lésions et la promotion de la sécurité.

Si ce projet comprend un programme de formation aux soins préhospitaliers, il est également axé sur la surveillance des lésions, l’épidémiologie et la collecte de données.

« La création d’une banque de données sur ces problèmes est une question importante pour l’OMS », a noté le docteur Chadbunchachai, « étant donné que la plupart des pays de la région n’ont pas de système de collecte de données statistiques et ne disposent pas d’informations suffisantes pour pouvoir déterminer l’ampleur véritable du problème des traumatismes ».

« En gros, nous sommes désormais considérés comme un modèle à la fois en matière de traitement hospitalier et préhospitalier des traumatismes, pour le pays et pour la région », s’est félicité le docteur Chadbunchachai.

Ces huit dernières années, grâce au soutien du gouvernement, de la JICA et de l’OMS, quelque 8 000 spécialistes de l’urgence médicale ont été formés et travaillent dans la province de Khon Kaen et dans l’ensemble de la Thaïlande.

« Nous avons également accueilli, avec l’aide du gouvernement, de l’OMS et de la JICA, de nombreuses délégations médicales venues de 11 pays voisins pour visiter notre centre de traitement des traumatismes et de soins critiques, et étudier notre système d’intervention d’urgence », a indiqué le docteur Chadbunchachai. En outre, l’hôpital dirige un centre de traitement centralisé des crises (OSCC).

« Grâce à [l’OSCC], nous sommes le premier hôpital de la région à apporter de l’aide aux enfants et aux femmes victimes de maltraitances, sexuelles ou domestiques […] Il y a 10 ans, ce type de services n’existait pas », a déclaré à IRIN Janyaporn Ratanakosol, chef du service.

L’OSCC comprend des psychologues et des conseillers, et apporte un soutien médical aux victimes ; si besoin, le centre assure également leur hébergement, et leur offre même les services d’un avocat.

Il mène également des programmes de proximité et de sensibilisation auprès des hôpitaux et des communautés des différentes régions de la province. Le centre reçoit plus de 300 cas par an, soit 2 407 depuis le début de ses activités.

bj/mw/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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