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Le conflit perturbe la vie des populations du nord

Ahsan Khan, 35 ans, a vécu à Peshawar presque toute sa vie. Il n’avait jamais imaginé qu’il envisagerait un jour de partir ; mais ce jour est arrivé. En raison des hostilités actuelles entre les militants et les forces du gouvernement, ce jeune homme d’affaires, sa femme et ses deux jeunes enfants envisagent sérieusement de quitter la capitale de la Province de la Frontière du Nord-Ouest (PFNO).

« Il y a vraiment trop d’incertitudes. Aujourd’hui, nous avons vraiment peur que des militants extrémistes puissent un jour arriver à Peshawar », a déclaré Ahsan Khan à IRIN.

Depuis une semaine, les soldats de l’armée pakistanaise se battent contre les militants dans l’agence de Khyber, une zone reculée, située immédiatement à l’ouest de la région de Peshawar et dans les Régions tribales administrées au plan fédéral (FATA) du Pakistan.

L’opération a été lancée après que certains eurent exprimé leurs craintes à l’idée que des militants puissent tenter de prendre le contrôle de Peshawar et de faire respecter leur conception pure et dure de l’Islam.

Ces craintes ont été attisées par un incident, survenu le mois dernier, lorsque des militants non-identifiés ont capturé 16 chrétiens dans un quartier résidentiel de la ville, pour les mettre en garde contre « l’immoralité ». Les chrétiens ont été libérés sans heurt mais leur enlèvement a d’autant plus semé la panique dans la ville.

« Cela nous fait très peur à tous. Je ne veux pas que ma femme, qui est une travailleuse active, soit intimidée ou forcée de mettre le voile. Et à l’avenir, je ne veux pas que mes enfants grandissent dans un tel environnement », a expliqué Ahsan Khan.

Les efforts déployés pour tenter de négocier un accord avec les militants dans plusieurs régions de la PFNO ont échoué. Le conflit a donc repris et il est probable que des milliers de personnes continuent d’éprouver ce sentiment d’incertitude dans les mois à venir, ce qui aura des conséquences néfastes sur l’éducation et la sécurité, et risque de provoquer de nouveaux déplacements, certaines familles cherchant à se reloger dans des régions plus sûres, selon les habitants de la région.

Les opérations militaires ont été lancées pour apaiser les craintes des personnes comme M. Khan, mais les habitants de la région s’inquiètent désormais à l’idée que les militants puissent réagir, par la suite, en lançant de violentes représailles.

Jusqu’ici, au moins une vingtaine de personnes ont trouvé la mort au cours de ces affrontements, beaucoup d’autres ont été blessées et les observateurs pensent que ces échauffourées risquent de se poursuivre pendant un certain temps.

Des dizaines de milliers de personnes touchées

Déjà, les affrontements qui ont eu lieu dans au moins trois des sept agences des FATA, limitrophes de l’Afghanistan dans l’ouest et de la PFNO dans l’est, ont semé la panique et provoqué le déplacement de centaines, peut-être de milliers de personnes, selon les organisations non-gouvernementales (ONG).

On ne dispose néanmoins d’aucune statistique exacte, car bon nombre d’habitants vont s’installer dans d’autres régions pour de brèves périodes, rentrent chez eux puis fuient de nouveau en cycle continu. La Commission indépendante de défense des droits humains du Pakistan estime toutefois que des dizaines de milliers de personnes ont été touchées.

Des cas de civils blessés au cours d’affrontements, femmes et enfants compris, ont été signalés dans deux agences des FATA, à Kurram et au Sud-Waziristan, qui se trouve près de 200 kilomètres au sud de Peshawar, ainsi qu’à Swat, une région de la PFNO.

« Beaucoup de gens sont partis s’installer ailleurs. Certains habitants du Waziristan sont partis pour de bon parce que ces affrontements perturbent les affaires et l’éducation, etc. », a indiqué à IRIN Kamran Arif, un défenseur des droits humains de Peshawar, ajoutant que les affrontements avaient détruit le secteur fruitier autrefois florissant du Waziristan, qui assurait un moyen de subsistance à bon nombre d’habitants.

« L’économie de la région a été anéantie », a-t-il affirmé.

Un avis que partage de nombreuses familles. Abida Hassan, 30 ans, s’est installée à Peshawar après avoir quitté Mingora à Swat, à environ 150 kilomètres au nord-est de Peshawar, avec ses trois filles.

Bien que Mingora, le principal centre urbain de Swat, n’ait pas été directement touché par les affrontements, les batailles ont fait rage aux environs pendant les derniers mois de l’année 2007 et la ville a été touchée par plusieurs attentats-suicides et autres attaques terroristes.

Conséquences sur la santé et l’éducation

« Nous avions récemment envisagé de rentrer parce que la paix était revenue depuis plusieurs semaines. Mais maintenant que les affrontements ont repris, nous allons tout simplement nous installer à Peshawar et inscrire les filles à l’école ici. Mon mari fera régulièrement la navette [entre ici et là-bas] parce qu’il gère une petite boutique de marchandises diverses à Mingora », a expliqué Abida, ajoutant que la fermeture, par des militants, des écoles pour filles à Swat avait pesé dans leur décision de déménager. « Je veux que mes filles soient bien instruites ».

À Swat, les autorités de la province, élues en février de cette année, avaient tenté de conclure un accord de paix avec les militants, mais leurs efforts se sont soldés par un échec il y a quelques semaines, et les hostilités ont repris.

De nombreux civils ont été touchés par les affrontements qui continuent de faire rage dans la région, selon les autorités. Il est toutefois difficile de déterminer le nombre des victimes, l’accès des médias et des observateurs neutres aux zones tribales étant extrêmement limité.

Dans les zones tribales, l’accès aux soins de santé est également limité et les hostilités n’ont fait qu’aggraver ce problème.

« Mon neveu de 10 ans, qui vit à Parachinar, une ville de l’agence de Kurram [à 140 kilomètres au sud-ouest de Peshawar], était très malade, le mois dernier : il avait l’appendicite. Mais à cause des affrontements, la région était quasi assiégée et ils n’ont pas pu l’emmener à l’hôpital pendant presque deux jours », a raconté Abida.

Le journal The Daily Times a également rapporté le cas de deux enfants décédés pour n’avoir pas pu recevoir de soins médicaux, en raison des affrontements violents qui faisaient rage dans le tehsil (zone administrative) de Bara, dans l’agence de Khyber.

kh/at/ed/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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