Il y a vingt ans, le Bénin faisait partie des pays d’Afrique de l’Ouest les plus touchés par la maladie de Robles, un mal endémique. Aujourd’hui, cette maladie, qui provoque une cécité et une irritation chronique de la peau, et serait responsable d’un ralentissement de la croissance économique chez les populations qu’elle affecte, a presque été totalement éradiquée.
« Nous avons considérablement diminué la fréquence de l’épidémie », a déclaré Laurent Assogba, directeur de service au ministère béninois de la Santé.
Les travailleurs de la santé citent le pays en exemple de ce qui peut être accompli avec des financements soutenus et une volonté politique.
Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Bénin, ainsi que les autres pays d’Afrique de l’Ouest où la maladie de Robles a été éradiquée, sont une « réussite sans cesse démontrée » et un exemple de la « valeur de la synergie » nécessaire à l’efficacité des programmes de contrôle des maladies.
Lorsqu’en 1994, les organisations internationales et le gouvernement ont mené au Bénin une première étude de la maladie de Robles, également connue sous le terme médical d’onchocercose, ils ont découvert qu’entre 25 et 98 pour cent des habitants en étaient atteints.
Quelque 51 communautés sur les 77 que compte le pays vivaient dans une zone de 81 000 kilomètres carrés où la maladie était considérée comme « endémique », selon l’étude.
Aujourd’hui, le taux d’infection le plus élevé dans tout le pays est de trois pour cent, et dans la plupart des régions, il s’élève à un pour cent ou moins, selon le ministère de la Santé.
L’onchocercose est une maladie transmise à l’homme par le moustique et causée par un parasite du nom d’Onchocerca volvulus, lui-même véhiculé par diverses espèces de simulies (mouches noires). On lui donne souvent le nom de « cécité des rivières », car les mouches noires pullulent dans les zones fertiles situées au bord de l’eau.
Malgré les progrès accomplis au Bénin, l’onchocercose reste une des principales causes de cécité dans bien d’autres pays d’Afrique, où elle rend les communautés improductives.
Cette maladie peut être endiguée soit par l’éradication de la mouche noire, soit par l’administration régulière de doses d’ivermectine, un médicament qui soulage également les démangeaisons cutanées graves, sans pour autant pouvoir rendre la vue aux patients.?
Selon Albert Sinatoko, coordinateur du programme national de lutte contre les maladies contagieuses au Bénin, ce n’est qu’après la mise en circulation de l’ivermectine en 1988 que le nombre de personnes infectées a commencé à diminuer.
« Nous avons découvert que l’administration d’ivermectine par voie orale une ou deux fois par an réduisait le niveau d’infection dans le sang de 99 pour cent », a-t-il expliqué.
Depuis 1996, des programmes de traitement communautaires à base d’ivermectine sont menés par le Programme africain de contrôle de l’onchocercose (APOC) dans bon nombre d’autres pays d’Afrique, essentiellement en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale.
Des médicaments sont distribués par les membres des communautés, formés et soutenus par les organisations internationales, les gouvernements et les bailleurs de fonds.
Selon les estimations de la Banque mondiale, l’éradication de la cécité des rivières a déjà permis de prévenir 600 000 cas de cécité, et de rendre 25 millions d’hectares de terres habitables, là où la maladie était autrefois endémique.
Toutefois, selon l’organisation non-gouvernementale (ONG) SightSavers International, 300 000 personnes dans le monde ont définitivement perdu la vue à cause de cette maladie, qui touche encore 18 millions de personnes. Sur ces dernières, 99 pour cent vivent en Afrique.
Et 125 millions d’autres sont exposées à « un risque » d’infection, d’après l’ONG.
gc/nr/dh/nh/vj
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions