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Les autorités déçues par la position de l’Afrique du Sud à la veille d’une intervention militaire

Le gouvernement des Comores s’est dit « déçu » d’apprendre que le président sud-africain Thabo Mbeki s’opposait à toute solution militaire pour mettre fin à la crise qui oppose les autorités d’Anjouan à celles des deux autres îles comoriennes de l’archipel de l’Océan indien.

Cette crise couve depuis juin 2007, après la tenue des élections nationales. Invoquant des irrégularités et des actes d’intimidation lors de la campagne électorale, le gouvernement de l’Union et l’Union africaine (UA) avaient décidé de reporter les élections à Anjouan. Défiant le report du scrutin, Mohamed Bacar, président et homme fort de l’île, avait fait imprimer ses propres bulletins de vote et avait organisé des élections, qu’il avait par ailleurs largement remportées.

La crise électorale a paralysé le gouvernement de l’Union des Comores et fait resurgir toute l’instabilité politique qui a marqué l’histoire de ce pays depuis son indépendance de la France, en 1975 ; le petit archipel a en effet connu 19 coups d’Etat et tentatives de coup d’Etat.

Le système électoral complexe de l’archipel des Comores prévoit un gouvernement semi-autonome et un président pour chacune des îles - Anjouan, la Grande Comore et Mohéli – ainsi qu’une présidence tournante pour le gouvernement de l’Union des Comores.

Le 12 mars, M. Mbeki aurait déclaré à une agence de presse internationale que M. Bacar lui aurait adressé un courrier pour l’informer qu’il était prêt à organiser de nouvelles élections dès le mois de mai prochain.

« Je pense que c’est vraiment vers cette voie que nous devons aller. Je ne crois pas qu’on ait besoin de faire autre chose que cela », a déclaré M. Mbeki à l’agence de presse, à l’issue d’une visite officielle à l’île Maurice dans l’Océan indien.

En réponse aux observations de M. Mbeki, Abdourahime Said Bakar porte-parole du gouvernement de l’Union et ministre de l’Education, a déclaré à IRIN : « Nous sommes un peu déçus parce que l’UA a décidé qu’il n’y avait pas d’alternative à la solution militaire et que l’Afrique du Sud a choisi maintenant de revenir sur cette décision ».

La solution militaire est inévitable

Selon M. Bakar, la communauté internationale reconnaît unanimement que Mohamed Bacar est un rebelle : « Comment donc peut-on dire aujourd’hui qu’il est possible de s’asseoir et de dialoguer avec lui ? [...] Il y a quelques semaines, on lui avait offert une sortie honorable [au cours d’une réunion avec des négociateurs internationaux], mais il l’a refusée. Nous rétablirons l’autorité du gouvernement de l’Union dans l’île d’Anjouan et nous nous assiérons ensuite pour dialoguer après les élections ».

Quelque 3 000 personnes ont fui l’île depuis que Mohamed Bacar y a instauré sa « dictature », a-t-il affirmé, et selon certaines informations, des hommes et des femmes sur l’île seraient victimes de torture et de viols.

M. Bakar a par ailleurs indiqué qu’une vingtaine de gendarmes de M. Mohamed Bacar, formés par la France, avaient déserté pour rejoindre les forces gouvernementales de l’Union et leur avaient fourni de précieux renseignements.

Lors de la récente visite du correspondant d’IRIN sur l’île d’Anjouan, Mohamed Bacar lui avait déclaré : « La première fois [en 1997] que l’armée est intervenue, nous l’avons boutée hors de l’île. La deuxième fois [en mai 2007], elle a aussi été battue. Cela signifie que si elle tente d’intervenir une troisième fois, elle sera encore battue ».

Arrivé au pouvoir à la faveur du coup d’Etat de 2001, M. Bacar dirige un groupe de gendarmes bien armés qui compterait environ 500 hommes – un effectif comparable à celui des forces gouvernementales de l’Union – et de l’avis général, toute solution militaire nécessitera l’intervention de forces étrangères.

L’UA a approuvé le déploiement d’une force militaire pour renverser M. Bacar. Une force militaire panafricaine d’environ 2 000 hommes, composée de contingents des Comores, de la Tanzanie, du Soudan et du Sénégal, et bénéficiant du soutien logistique de la Libye, est actuellement regroupée à Mohéli, l’île la plus proche d’Anjouan, en prévision des offensives maritime et aérienne.

Les Etats-Unis ont également offert un soutien logistique et une assistance en matière de renseignements.

Quant à Opia Kumah, Coordinateur résident des Nations Unies aux Comores, il a indiqué à IRIN que les Nations Unies, qui interviennent dans le pays dans le cadre d’une mission de développement, avaient « renforcé » leurs opérations depuis février 2008.

Des experts du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) ont été dépêchés sur place pour faciliter les opérations humanitaires menées dans le sillage d’une action militaire, ainsi que des personnels du Programme alimentaire mondial (PAM), du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et de l’Organisation mondiale de la santé.

Pour M. Kumah, les agences des Nations Unies, qui se préparent à faire face à des déplacements internes et interinsulaires, ont prévu des tentes, des médicaments, ainsi que des provisions de nourriture, d’eau et de matériels sanitaires.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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