L’offensive de l’armée turque menée actuellement en territoire irakien contre les rebelles séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a contraint au moins 12 familles à fuir et a détruit quatre ponts, a annoncé la Société du Croissant-Rouge irakien (SCRI), le 24 février.
« Nous n’avons construit aucun camp pour l’instant puisque toutes ces familles [de déplacés] se sont retrouvées chez des parents, mais nous suivons de très près la situation sur le terrain. Les populations civiles ont peur parce qu’elles ne savent pas jusqu’où l’offensive de l’armée turque la mènera en Irak », a expliqué à IRIN le docteur Saad Haqi, responsable de la SCRI.
« Nos équipes sont prêtes à faire face à tout déplacement de population massif pouvant résulter de cette incursion et nous sommes prêts à mettre en place des opérations humanitaires dans n’importe quelle région. Nous pouvons venir en aide à 2 000 familles dans chaque province irakienne », a ajouté M. Haqi.
Le SCRI a créé une cellule opérationnelle dans le nord de l’Irak pour mener des investigations et produire des rapports sur tous les dégâts causés aux biens et aux infrastructures.
« Les bombardements ont été concentrés sur huit villages, mais aucune victime n’a été signalée car les habitants s’étaient enfuis avant l’incursion de l’armée turque », a indiqué Nawzad Wahab Abdullah, directeur des opérations de la SCRI à Arbil, ajoutant que la destruction d’un des quatre ponts empêchait les villageois d’accéder à leurs champs.
« Nous coordonnons nos opérations avec le ministère de la Santé et d’autres partenaires pour faire en sorte qu’ils nous fournissent des médicaments, de la nourriture et des produits non alimentaires, si nécessaire », a-t-il souligné.
Première offensive turque officielle
Située à environ 350 kilomètres au nord de Bagdad, la capitale, Arbil est une des trois provinces semi-autonomes dirigées par le gouvernement régional du Kurdistan.
Depuis le 21 février, les forces armées turques mènent plusieurs offensives terrestres en territoire irakien, des attaques appuyées par des avions de chasse, des hélicoptères et l’artillerie, et visant à bombarder les repaires secrets des rebelles kurdes du PKK dans les régions isolées et montagneuses du Kurdistan.
Cette incursion est la première offensive terrestre confirmée de l’armée turque en Irak depuis l’invasion du pays par les troupes de la coalition menée par les Etats-Unis, qui a conduit à la chute de feu l’ancien président irakien Saddam Hussein, en 2003.
Le gouvernement irakien a condamné l’offensive du 23 février. « Nous sommes conscients des menaces auxquelles la Turquie fait face, mais ce ne sont pas les opérations militaires qui résoudront le problème du PKK », a indiqué Ali el Dabbagh, porte-parole du gouvernement, lors d’une conférence de presse.
Le PKK se bat pour l’autonomie de la région sud-est de la Turquie, majoritairement peuplée de Kurdes. Ce mouvement séparatiste a mené des opérations contre des cibles gouvernementales à partir de bases situées dans la région kurde du nord de l’Irak. Ce conflit, qui a commencé en 1984, a déjà fait pas moins de 40 000 morts, selon les médias.
Avec la recrudescence des combats en décembre 2007, au moins 700 familles ont dû fuir les villages de la région frontalière, a affirmé la SCRI. Près de la moitié d’entre elles sont rentrées en janvier, constatant à leur arrivée les dégâts causés aux infrastructures et aux habitations.
Cette nouvelle vague de déplacés vient s’ajouter aux quelque 2,4 millions de déplacés internes irakiens.
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