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La mort du vice-président de la LRA devrait avoir des incidences sur les pourparlers de paix

La disparition présumée de Vincent Otti, commandant en second de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), devrait avoir des incidences sur les pourparlers de paix entre le mouvement rebelle et le gouvernement ougandais, dont la reprise est prévue cette semaine dans le Sud Soudan, selon les observateurs locaux.

M. Otti aurait été tué en octobre 2007, sur ordre de Joseph Kony, le commandant en chef de la LRA, qui l’aurait accusé d’insubordination et de subversion. Ce décès, qui avait donné lieu à des conjectures, a été confirmé le 22 janvier par Riek Machar, vice-président du Sud Soudan et médiateur en chef dans le cadre des pourparlers de paix.

« Vincent Otti était un personnage clé dans les négociations », a expliqué Paddy Ankunda, porte-parole de l’armée ougandaise. « Il était le principal soutien du plan visant à résoudre le conflit par des moyens pacifiques. Maintenant qu’il est mort, il pourrait y a avoir quelques incertitudes, mais nous continuerons à leur [la LRA] accorder le bénéfice du doute, puisque M. Kony a demandé à sa nouvelle équipe de négociation de reprendre les pourparlers le 28 janvier », a expliqué à IRIN M. Ankunda.

De l’avis d’un membre de la délégation qui représente le gouvernement aux pourparlers, la mort de M. Otti va compliquer les négociations.

« Nous avions établi une relation avec M. Otti au cours des deux dernières années, ce qui n’a pas été le cas avec M. Kony, son patron. Sa disparition laisse un grand vide dans les rangs de la LRA », a expliqué Okello Oryem, vice-ministre des Affaires étrangères.

M. Otti en était récemment venu à être considéré comme le maître à penser de la LRA, accusée par bon nombre d’avoir commis des atrocités envers les populations civiles du nord de l’Ouganda pendant les deux décennies de rébellion. M. Otti était un des rares dirigeants de la LRA à parler à la presse et à s’adresser au public dans le cadre d’émissions de radio où les auditeurs peuvent intervenir en direct.

D’après le capitaine Chris Magezi, porte-parole de la délégation gouvernementale, le meurtre de M. Otti « compromet dans une certaine mesure toute confiance en M. Kony et peut, pour une raison ou pour une autre, saper les négociations lorsqu’elles reprendront. Nous espérons qu’ils [les rebelles de la LRA] continueront de soutenir le processus [de paix] et [qu’ils le mèneront] à sa conclusion logique ».

«Il n’y a rien qui puisse potentiellement saper les pourparlers de paix. Ces négociations sont menées sur des bases aussi solides qu’un rocher du Nil »
David Matsanga, le nouveau chef des négociateurs de la LRA, s’est toutefois dit déterminé à voir les négociations se poursuivre.

«Il n’y a rien qui puisse potentiellement saper les pourparlers de paix. Ces négociations sont menées sur des bases aussi solides qu’un rocher du Nil », a déclaré sur les ondes de radio VOA - Voix de l'Amérique - M. Matsanga, que M. Kony a nommé début janvier en remplacement de Martin Ojul, qu’il accuse de s’être enrichi grâce aux pourparlers de paix.

« Je voudrais assurer aux populations du nord de l’Ouganda, à la nation entière et à la communauté internationale dans son ensemble que ces pourparlers de paix n’échoueront pas. Nous avons été confrontés à quelques difficultés, à la CPI [la Cour pénale internationale, qui a inculpé M. Kony ainsi que d’autres chefs de la LRA] et à d’autres problèmes, et nous savons que ces obstacles sont toujours présents. Mais nous sommes déterminés à mener à bien le processus de paix et nous voulons dire clairement aux populations ougandaises que nous ne les décevrons pas. Nous parviendrons au bout du compte à un accord de paix, elles n’ont pas à s’en faire », a affirmé M. Matsanga.

« Tout a été mis sur la table ; nous avons déjà abordé le premier ordre du jour, nous avons épuisé les deuxième et troisième, et nous allons à présent aborder le quatrième, qui concerne le cessez-le-feu, ainsi que le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), qui fait l’objet du cinquième ordre du jour », a-t-il ajouté.

Monseigneur Mathew Odongo, vicaire général de l’archidiocèse de l’église catholique romaine à Gulu, a expliqué à IRIN que la disparition de M. Otti avait suscité des inquiétudes chez les populations victimes des exactions de la rébellion.

« Nous espérons seulement qu’ils [les rebelles] pourront [prendre part] aux pourparlers de paix. La population veut que cette guerre cesse », a-t-il affirmé.

Monseigneur Odongo a également indiqué qu’il avait récemment écouté M. Kony confirmer la mort de M. Otti à la radio, et qu’il avait senti que le chef de la LRA semblait engagé en faveur des pourparlers de paix. « Pourtant, quand on entend ce qu’il fait, on peut en conclure qu’il n’est pas sérieux. Mais, nous restons optimistes ».

Lutte de pouvoir

« Nous considérons cela [le décès de M. Otti] comme une lutte de pouvoir au sein de la LRA et nous ne pouvons pas dire qui, de M. Otti ou de M. Kony, a été le meilleur. La structure de la LRA semble intacte : en effet, tout le monde craignait que l’équipe des négociateurs de la rébellion ne puisse pas se rendre en consultation auprès des [responsables] de la LRA et en revenir vivants, mais ils l’ont fait dernièrement. Nous découvrons peut-être là la vraie complexité de la LRA », a dit Norbert Mao, président du conseil régional de Gulu, qui a également pris part aux négociations pour le rétablissement de la paix dans le nord de l’Ouganda.

La composition de la délégation de la LRA aux pourparlers de paix devrait changer. M. Kony a limogé quelques membres de la précédente délégation, dont le négociateur en chef, Martin Ojul, et a accusé certains d’entre eux d’avoir perçu de l’argent du gouvernement.

M. Mao a toutefois indiqué qu’il pensait que ces changements pouvaient être la conséquence de la disparition de M. Otti, M. Kony cherchant à reprendre en main l’équipe des négociateurs.

L’armée ougandaise, pour sa part, s’est dite plutôt pessimiste à propos des pourparlers, car les forces rebelles ne se sont pas encore regroupées à Ri-Kwangba dans l’Etat d’Equatoria Ouest, au Sud Soudan, comme le prévoyait l’accord de cessez-le-feu signé en 2006.

« Ce qui est inquiétant, c’est qu’à ce jour, ils [les rebelles] ne se sont pas regroupés à Ri-Kwangba et qu’ils sont éparpillés à Garamba [République démocratique du Congo], ce qui laisse planer un doute sur tout le processus de paix », a affirmé M. Ankunda.

Le gouvernement ougandais et la LRA ont signé en juin 2006 un accord sur la responsabilité et la réconciliation ; cet accord définit en principe une série de mécanismes juridiques locaux et nationaux, qui seront utilisés pour réparer les injustices commises par l’Etat et la rébellion.

Les pourparlers de paix ont été suspendus depuis le mois de juillet, mais certaines actions en faveur du rétablissement de la paix, comme les consultations de la LRA avec les communautés victimes de la guerre, ont progressé.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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