Plusieurs centaines d’habitants de la province de Saada (Nord Yémen) ont dû fuir une deuxième fois pour échapper aux nouveaux affrontements qui opposent les forces gouvernementales aux partisans du chef rebelle chiite Abdel-Malik al-Houthi, selon les témoignages de certains habitants.
Malgré l’accord de paix signé en juin 2007 entre les deux parties, après la médiation du gouvernement du Qatar, les combats ont repris, fin décembre 2007.
Le district de Haidan (province de Saada), bastion présumé des chefs de la rébellion, est au cœur des combats actuels, qui ont déjà fait des dizaines de morts et bien davantage de blessés dans les deux camps, selon les habitants de Saada.
Au cours d’entretiens téléphoniques avec IRIN, des habitants ont expliqué que plusieurs centaines de personnes avaient fui leurs domiciles et leurs fermes pour se réfugier dans des localités voisines, notamment dans la ville de Saada, capitale de la province du même nom. Toujours selon leurs témoignages, les forces gouvernementales ont eu recours à l’artillerie lourde.
Abou Akram, partisan de M. al-Houthi, a expliqué à IRIN que des avions de l’armée avaient bombardé la région ces deux derniers jours, après le siège imposé par les troupes au sol.
« L’armée a attaqué la région aux missiles et à l’artillerie, détruisant des dizaines d’habitations et de fermes », a-t-il affirmé.
Aggravation des conditions de vie à Saada
M. Akram a indiqué qu’il ne savait pas combien de personnes avaient été tuées ou blessées au cours des attaques, mais que les conditions de vie des civils se dégradaient rapidement.
Photo: United Nations |
Carte du Yémen. La province de Saada est représentée en rose |
Toujours selon M. Akram, la récente série d’affrontements a commencé après la célébration, par les musulmans chiites, de l’Aïd el-Ghadir (le 27 décembre, en 2007), une commémoration du jour où, selon eux, le Prophète Mahomet a désigné comme son successeur son cousin et gendre Ali Ibn Abi Taleb.
« Les responsables de la sécurité ont tenté de nous empêcher de célébrer cet évènement, ce qui a déclenché les affrontements », a-t-il raconté.
Selon les partisans de M. al-Houthi, bon nombre de personnes ont été arrêtées par les forces de sécurité gouvernementales qui ne reconnaissent pas ce jour comme un jour férié pour les musulmans.
A Saada, les autorités ont refusé de commenter la situation, expliquant qu’elles n’étaient pas autorisées à parler à la presse.
Etat d’urgence
Selon les habitants de Saada, le gouvernement yéménite a décrété l’état d’urgence dans la région et imposé un couvre-feu de 20 heures à 5 heures.
Les combats entre les forces gouvernementales et les rebelles chiites ont éclaté pour la première fois en 2004 et se sont intensifiés au début de l’année 2007 lorsqu’un groupe de partisans de M. al-Houthi a lancé un ultimatum aux membres de la communauté juive de Saada, les exhortant à quitter le pays sous 10 jours.
Le 14 janvier, le chef rebelle du mouvement al-Houthi a prévenu que le gouvernement allait mener une nouvelle guerre, qu’il a décrite dans un communiqué comme la « cinquième guerre contre les habitants de Saada ». « Cette guerre aura des conséquences néfastes sur le pays, tant aux niveaux militaire et économique que social », a-t-il affirmé.
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