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La violence et l’insécurité ne se limitent pas uniquement à l'est

Le meurtre d’un employé d’une agence humanitaire des Nations Unies le 6 décembre, dans le sud du Tchad, à 500 kilomètres environ des fronts de l’est où ont eu lieu de violents combats entre l’armée et les rebelles, est bien la preuve que l’insécurité touche aussi d’autres régions du pays.

« Bien sûr, les civils et les travailleurs humanitaires sont victimes des attaques dans l’est, ce n’est là qu’une conséquence directe et indirecte des affrontements, mais toutes sortes de groupes armés sévissent dans les autres régions du pays et les actes de banditisme sont courants », a expliqué à IRIN un responsable international de la sécurité présent au Tchad.

Avec près de 90 pour cent des effectifs des forces armées tchadiennes engagés actuellement sur différents fronts de l’est, les groupes armés actifs dans les autres régions peuvent pratiquement faire ce qu’ils veulent, a-t-il ajouté.

« Nous avons aussi appris que des combattants du front fuyaient vers d’autres régions et cela ne peut que contribuer à accentuer le climat général d’insécurité ».

La criminalité est aussi en hausse à N'Djamena, la capitale, où de nombreux rapports font état de gangs de jeunes gens qui traînent dans les rues et s’attaquent au hasard aux passants.

Le mois dernier, des éléments d’un groupe armé non identifié ont arrêté le véhicule d’une organisation non-gouvernementale qui circulait sur une artère principale.

« Ils ont réquisitionné le véhicule 4x4 en plein jour et on ne l’a jamais plus retrouvé », a expliqué un autre responsable de la sécurité.

Embuscades

A l’intérieur du pays, les attaques de groupes armés non identifiés sont fréquentes. Ces groupes tendent souvent des embuscades aux véhicules et s’en prennent à la population locale. Et à en croire les autorités, elles ne savent souvent pas s’il s’agit de bandits, de rebelles, de miliciens, de déserteurs de l’armée ou même de soldats en permission.

« Nous savons que certains agresseurs sont au service de responsables politiques locaux de la région et agissent en toute impunité », a confié à IRIN Duezoumbe Daniel Passalet, responsable de l’ONG tchadienne Droits de l’homme sans frontières.

Et ces agresseurs sont particulièrement actifs dans l’est, près des zones où les rebelles et l’armée tchadienne s’affrontent ; mais ils sont également signalés dans le sud, où des entreprises internationales disposent d’installations pétrolières et où les Nations Unies ont ouvert des camps pour les quelque 43 000 réfugiés de la République centrafricaine (RCA) voisine.

D’autres agressions ont lieu dans le nord-ouest du pays, autour du Lac Tchad, où le trafic de carburant provenant du Nigeria est très développé.

« Les trafiquants sont souvent armés et dangereux et commettent fréquemment des actes de banditisme », a indiqué un responsable de la sécurité.


Photo: WFP
Les convois humanitaires qui sillonnent le Tchad sont souvent attaqués par des groupes armés
Et le banditisme se développe aussi dans la région désertique du Borkou-Ennedi-Tibesti, appelée BET, dans le nord du pays. Selon les organisations humanitaires, les convois de camions d’aide alimentaire provenant de Libye sont souvent attaqués.

La présence de mines terrestres non explosées constitue une autre menace pour la population, en particulier dans le nord, la plupart de ces mines ayant été posées au milieu des années 1980, pendant la guerre entre le Tchad et la Libye. Selon une étude sur l’incidence des mines terrestres au Tchad, les mines continuent de tuer des centaines personnes dans la région.

Rebelles

Plusieurs groupes rebelles ont des bases disséminées à travers le pays. Certains groupes du nord et de l’ouest pourraient avoir des liens avec les mouvements rebelles de l’est du Tchad. Le Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT), l’un des plus anciens mouvements d’opposition armée, est majoritairement composé de membres de l’ethnie Toubou, une population essentiellement nomade implantée dans l’extrême nord du Tchad, dans la région du Tibesti.

En 2002, le MDJT avait signé officiellement un accord de paix avec le gouvernement et des centaines de combattants toubous avaient alors rejoint l’armée, mais bien d’autres avaient refusé d’y être intégrés.

Certains rebelles du MDJT basés dans l’extrême nord ont été accusés d’être les auteurs du récent enlèvement d’un missionnaire américain installé dans le Tibesti, ce que démentent d’autres sources qui affirment que l’identité des ravisseurs reste inconnue à ce jour.

Dans l’ouest, autour du Lac Tchad, des petits groupes armés attaquent périodiquement les positions des troupes gouvernementales. Selon M. Passalet de l’ONG Droits de l’homme sans frontières, la récente attaque relatée dans la presse locale s’est produite en juin, mais aucune indication n’a été donnée sur la localité où elle a eu lieu.

Toujours selon M. Passalet, il existe encore dans le sud quelques éléments des groupes armés qui avaient combattu, voilà quelques décennies, le gouvernement tchadien.

« Il y a de temps à autre quelques attaques mineures », a-t-il ajouté. « Cette année, un petit groupe a pris le contrôle d’une région rurale et pendant une courte période ils ont installé un sous-préfet pour administrer la commune ».

D’après l’un des responsables de la sécurité, ces groupes ne constituent pas une force importante pour le moment.

« Je ne pense pas également qu’ils aient des liens avec les rebelles de l’est, même s’il est possible que certains d’entre eux fassent partie des [bandits armés] qui sévissent dans la région » a-t-il affirmé.

Mais pour ce responsable de la sécurité, la situation sécuritaire du pays est fluide et complexe.

« Personne ne peut affirmer avoir une image réelle de la situation » a-t-il ajouté. « Tout peut arriver à tout moment, et n’importe où ».

L’employé des Nations Unies tué la semaine dernière était un chauffeur du Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) basé au bureau de terrain du HCR à Danamadji, a indiqué un porte-parole de l’agence onusienne. « Les circonstances de ce meurtre ne sont toujours pas éclaircies », a-t-il affirmé.

dh/np/nr/ads/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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