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Des réfugiés contraints au retour par manque d’argent

Désespérés et sans le sou, Ziad Qahtan Naeem et sa famille ont décidé de retourner vivre dans leur maison à Bagdad, une ville ravagée par la guerre, une décision qu’ils assimilent à une « condamnation à mort ».

Cette famille chiite de six membres avait fui il y a deux ans le quartier de Mansour, un quartier peuplé majoritairement de Sunnites, à l’ouest de Bagdad, et s’était réfugiée en Syrie où vivent déjà plus d’un million d’Irakiens.

Comme de plus de plus d’Irakiens réfugiés en Syrie, Ziad Qahtan Naeem et sa famille ont choisi de quitter leur terre d’accueil non pas parce qu’ils ont confiance en l’avenir de l’Irak, mais parce qu’ils n’ont plus d’argent.

Pour d’autres réfugiés, le choix du retour s’explique par le fait que les conditions de séjour en Syrie sont rendues plus difficiles par les autorités du pays, puisque la plupart des Irakiens ne peuvent pas travailler légalement en Syrie et qu’il leur faut survivre grâce à leurs économies et à la générosité de parents.

« Revivre à Bagdad signifie presque signer votre condamnation à mort », a affirmé M. Naeem, qui a pu vivre en Syrie avec ses trois fils, sa femme et sa mère grâce à l’argent de la vente de son petit supermarché, des bijoux en or de sa femme et de quelques biens personnels.

« A tout moment, vous ou un membre de votre famille pouvez devenir une statistique dans le fichier de la police », a poursuivi ce père de famille de 46 ans qui a dépensé 30 000 dollars en Syrie.

Plus de 46 000 retours enregistrés en octobre

Selon le gouvernement irakien, de plus en plus d’Irakiens retournent dans leurs pays, plus de 46 000 retours ayant été enregistrés en octobre.

D’après le porte-parole du gouvernement, le général de brigade Qassim al-Moussawi, rien qu’au mois d’octobre, 46 030 retours d’Irakiens refugiés dans les pays voisins ont été enregistrés. Pour M. al-Moussawi, ces retours massifs s’expliquent par « l’amélioration de la situation sécuritaire dans le pays ».

« Le nombre d’opérations terroristes a considérablement baissé dans la plupart des quartiers de la capitale, grâce au travail remarquable des forces armées », a expliqué M. al-Moussawi au cours d’une conférence de presse organisée le 7 novembre dans la zone verte, une enclave hautement sécurisée de la capitale irakienne. Toutefois, il n’a fourni aucun chiffre sur le nombre de retours enregistré avant le mois d’octobre.

La publication de ces chiffres coïncide avec la décision de certains pays voisins de l’Irak, en particulier la Syrie et la Jordanie, de renforcer les contrôles à leurs frontières.

Impasse en Syrie et en Jordanie

La Syrie abrite au moins 1,2 million de réfugiés irakiens et la Jordanie environ 750 000. Les deux pays s’efforcent de fournir des services de base aux nouveaux arrivants irakiens et exigent des visas d’entrée. Mais les Irakiens affirment que la plupart des demandes de visas ont été rejetées.

Bon nombre d’Irakiens vivent dans une impasse ; ils n’ont pas le droit de travailler et ont dépensé tout l’argent qu’ils ont pu faire sortir d’Irak.

Ceux qui sont entrés en Syrie ou en Jordanie avant l’application des nouvelles mesures doivent quitter le pays à l’expiration de leur visa de trois mois s’ils n’ont pas été officiellement reconnus comme réfugiés par le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), une procédure qui peut prendre plusieurs mois.

Mu’taz Ali Safwan, un ingénieur en construction mécanique de 36 ans qui vivait à Amman, la capitale jordanienne, est retourné en Irak parce qu’il « en avait assez de toutes les humiliations qu’il subissait en tant qu’étranger ». Avant de quitter l’Irak, il y a un an, M. Safwan était fonctionnaire au ministère de l’Industrie. A Amman, il travaillait comme coiffeur.


Photo: J.Wreford/UNHCR
Jeunes réfugiés irakiens jouant au football dans un quartier de Damas. Selon les autorités irakiennes, rien qu’au mois d’octobre, 46 030 retours d’Irakiens refugiés dans les pays voisins ont été enregistrés
« Je sais que je m’expose à un danger en choisissant de rentrer, mais je ne pouvais plus supporter cette situation ; j’avais dépensé toutes mes économies, je ne pouvais pas avoir une résidence officielle et j’étais contraint de vivre comme un fugitif, dans la crainte d’être pris par les autorités », a poursuivi M. Safwan.

Selon le HCR, deux millions d’Irakiens ont fui leur pays. Quelque 54 000 Irakiens vivent en Iran, 40 000 au Liban, 10 000 en Turquie et 200 000 dans les différents pays du Golfe ; l’Egypte en a accueilli 100 000.

L’année dernière, le gouvernement américain a admis 1 608 réfugiés irakiens sur son territoire. La Suède en a accueilli plus de 18 000 depuis 2006, le plus grand nombre d’admissions d’Irakiens en Europe, mais actuellement les autorités suédoises envisagent elles aussi de durcir les conditions de demande d’asile.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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