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Le taux d’abandon à l’école primaire atteint 47 pour cent

Shahed Mia, 17 ans, fouille les poubelles dans les rues bondées de Dhaka, la capitale du Bangladesh. Il sait écrire son nom en bengali et en anglais et peut compter, mais n’a jamais appris ni à lire ni à écrire.

« Je suis allé à l’école de notre village pendant trois ans. Mais notre père nous a abandonnés. Ma mère et moi sommes donc partis de chez nous pour aller à Dhaka. Ici, je n’ai pas le temps d’aller à l’école : si j’y vais, je meurs de faim », a-t-il expliqué.

Ratna Begun, 14 ans, du village de Damai situé dans la zone de Kahalu, dans le district de Bogra (nord-ouest du pays), est allée à la Buroil Government High School durant quatre ans, mais elle n’y vas plus.

« J’avais 12 ans et mon père ne voulait pas me laisser sortir de la maison à mon âge. Je n’ai pas aimé aller à l’école, on aurait dit un taudis : les portes et les fenêtres étaient cassées et les bancs aussi. Les instituteurs n’assuraient pas leurs cours régulièrement. Il n’y avait pas de toilettes séparées. Finalement, vu les conditions, je n’y suis plus allée », a-t-elle ajouté.

Le taux de déscolarisation au Bangladesh - qui a une population de 150 millions d’habitants – a toujours était élevé, mais de nouvelles études semblent montrer que ce nombre est en augmentation.

Selon une étude conduite par 10 organisations non gouvernementales (ONG), avec l’appui du Fonds du Commonwealth pour l’éducation, le taux de déscolarisation serait passé de 33 pour cent en 2002 à 47 pour cent en 2007. De plus, les inscriptions des jeunes enfants dans la tranche d’âge des six à 10 ans qui atteignaient, en 2002, 97 pour cent ne sont plus que de 93 pour cent en 2007.

Cette tendance à la baisse est notée alors que le gouvernement a initié des réformes dans l’enseignement primaire, dans le cadre du second programme de développement de l’enseignement primaire (PEDP-II), un ambitieux projet de sept milliards de dollars financé par le gouvernement à hauteur de 63,9 pour cent et par les agences de développement à hauteur de 36,1 pour cent. Le cycle de ce programme, commencé en 2003, devrait s’achever en 2009.


Photo: David Swanson/IRIN
Quelque 16,5 millions d'enfants vont à l'école primaire au Bangladesh aujourd'hui
Selon l’Agence américaine pour le développement international, un des partenaires de ce programme PEDP, le taux de déscolarisation au sein de l’école primaire reste anormalement élevé, surtout pour les enfants qui vivent dans la pauvreté et dans des familles issues de minorités.

De grands programmes, peu de résultats

Muhammad M.H. Bhuiyan, ministre de l’Education et de l’enseignement supérieur, reconnaît qu’un enfant complète en moyenne ce cycle du primaire qui dure cinq ans en 6,6 années.

« Parmi ceux qui terminent effectivement l’école primaire, la plupart d’entre eux ne remplissent pas le minimum national de compétences requis », a souligné Dinar Kamal, un enseignant remplaçant à l’école primaire publique de Mirzapur, située dans le district du sud-est de Feni.

Il y a au Bangladesh 16,5 millions d’enfants qui suivent les cours dans 80 395 écoles primaires publiques dans lesquelles sont employés 320 000 enseignants ; de nombreux établissements secondaires ne bénéficient que de services primaires.

Il existe aussi plus de 20 000 écoles primaires ‘informelles’ dirigées par des ONG, et des écoles privées qui suivent les enfants jusqu’à la fin du troisième degré.

Plus de 65 pour cent des écoles primaires sont sous la tutelle directe du gouvernement, alors que le reste des écoles primaires ‘non-gouvernementale’ sont soutenues et reçoivent des subventions de la part des autorités gouvernementales.

« Les inscriptions au niveau du primaire augmentent, mais la qualité de l’enseignement fait défaut. Ceci est dû à un manque d’instituteurs qualifiés, du peu d’équipement scolaire dont nous disposons en termes de nombre d’écoles, de classes, de bibliothèques ou encore de terrains de jeu : le résultat est que le niveau d’enseignement est très bas dans les écoles primaires », a affirmé Mohammad Badal Miah, un professeur remplaçant au Teacher’s Training College de Mymensingh, dans le nord de Dhaka.

Même si le gouvernement a augmenté les fonds alloués à l’éducation, la dépense par élève reste encore trop faible.


Photo: David Swanson/IRIN
Il y a plus de 20 000 écoles primaires informelles dans le pays
« Les instituteurs ne sont pas bien formés et ils ne sont pas bien payés. Les méthodes et le matériel que nous utilisons sont en général en dessous des standards nécessaires, plus spécialement dans les écoles publiques gouvernementales. Les conditions de ces écoles sont un frein à un bon apprentissage », a indiqué M. Miah.

Quelles sont les perspectives ?

Les derniers plans gouvernementaux incluent la création de classes préparatoires dans 80 pour cent des écoles primaires gouvernementales d’ici à 2015 afin que le développement de l’enfant reçoive l’attention requise.

Avec l’assistance du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le gouvernement produit et distribue gratuitement des livres et des kits d’éducation aux élèves des écoles primaires.

« Le Bangladesh a fait d’énormes progrès concernant l’éducation primaire durant ces dernières années. Ceci a été le résultat de l’introduction de la scolarité primaire obligatoire dès 1992 qui été accompagnée d’autres mesures innovantes au niveau de l’accès à l’éducation », a affirmé à IRIN Ohidur Rashid, chef de projet pour l’éducation primaire auprès de l’UNICEF.

Sous le PEDP-II, deux classes supplémentaires ont été construites dans 7 392 écoles, des toilettes dans 7 168 écoles ainsi que des puits dans 7 168 écoles – mais il reste encore beaucoup à faire.

Le rapport de l’ONG affirme que six pour cent du produit intérieur brut (PIB) devraient être alloués à l’éducation primaire, alors que la Banque mondiale n’en préconise que quatre. Actuellement, le Bangladesh dépense 2,4 pour cent de son PIB pour l’éducation – le taux le plus bas de l’Asie du Sud.

Pendant ce temps, le gouvernement et les représentants des bailleurs de fonds ont commencé à faire une évaluation intermédiaire de l’avancée du PEDP-II.

sa/ds/mw/sm/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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