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Manifestations à Labé pour protester contre les coupures de courant

« Electricité pour tous ou pour personne ! » scandaient au début du mois des centaines de jeunes manifestants dans les rues de Labé, une ville du centre de la Guinée, alors qu’ils marchaient sur l’agence locale d’Electricité de Guinée (EDG) qu’ils ont finalement fermée après en avoir chassé le personnel.

Les manifestants se sont ensuite rendus au bureau du gouverneur de la région et lui ont remis les clés de l’agence, tout en l’invitant à trouver une solution au problème de l’électricité à Labé.

D’après certains témoignages, les manifestations du 10 octobre se sont déroulées dans le calme.

« Nous avons voulu simplement rencontrer les autorités pour leur faire part de nos doléances », a dit Thierno Souleymane Baldé, un jeune homme de 22 ans. « A Labé, il y avait de l’électricité dans certains quartiers mais pas dans d’autres, pour certaines familles mais pas pour d’autres. Tout cela était absurde ».

Depuis la manifestation, tout le monde est privé d’électricité.

Le problème des coupures d’électricité est désormais une constante à Labé, comme dans le reste de la Guinée, depuis plusieurs décennies. Selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), depuis 2006, seuls huit pour cent des 9,4 millions d’habitants que compte la Guinée ont accès à l’électricité.

Pourquoi donc manifester maintenant ?

« Depuis les dernières grèves [de janvier et de février 2007], les Guinéens ont le courage de dire ce qu’ils pensent », a confié à IRIN M. Baldé, à la terrasse du café Moromi, un lieu de rencontre bien connu de la jeunesse de Labé.

Au début de l’année 2007, la Guinée a été confrontée à une vague de manifestations citoyennes sans précédents, au cours desquelles des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour dénoncer leurs mauvaises conditions de vie. Ces manifestations, qui ont vu les forces de sécurité s’en prendre violemment à la population civile, ont paralysé le pays pendant plusieurs semaines.

Pour les Guinéens comme pour les observateurs étrangers, ces grèves nationales ont transformé les Guinéens et leur ont donné une idée du pouvoir de la rue.

« Après la grève, je dirais que ce qui est irréversible et que nous avons obtenu en Guinée dans ce changement, c’est l’éveil de la conscience du Guinéen », a affirmé Rabiatou Serah Diallo, secrétaire générale de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée et instigatrice des manifestations. « Ca, ce n’est pas négociable. C’est irréversible. Parce que, aujourd’hui, tout le peuple de Guinéen sait à quoi s’en tenir. Il sait qu’il faut réclamer ses droits. Et il sait qu’on ne nous fera pas de cadeau pour les obtenir ».

« Aujourd’hui, les Guinéens voient les autres peuples se soulever », a expliqué M. Baldé. « Depuis les grèves, les gens expriment toutes les frustrations qu’ils ont depuis longtemps ».

« Nous nous sommes rendus compte que nous étions trop en retard. Désormais nous devons parler, nous ne devons plus nous taire », a affirmé Alpha Ousmane Sacko, un tailleur de Labé.

« L’électricité est le moteur des activités ici » a ajouté M. Sacko. « S’il y avait de l’électricité, les gens travailleraient tout le temps ».

Mais selon M. Baldé, la vie s’arrête à Labé dès que la nuit tombe.

« Vers 19 heures, tout le monde cherche à rentrer à la maison. Cela signifie que tous ceux qui ont un commerce ou une boutique en ville ne peuvent pas travailler au-delà d’une certaine heure ».

Ces coupures d’électricité n’enchantent personne, et les jeunes pensent qu’il s’agit d’une situation provisoire, « en attendant qu’une solution définitive soit trouvée », a dit M. Baldé.

D’après les déclarations de certaines autorités gouvernementales, des transformateurs ont été envoyés en 2005 à Labé et à Mamou, la ville voisine, pour augmenter les capacités du réseau électrique, « mais ces équipements n’ont pas fonctionné à Labé ».

Plusieurs jeunes ont confirmé à IRIN que des équipements sont arrivés à Labé, mais ils ont accusé les autorités d’en avoir fait un mauvais usage ou d’avoir vendu certaines pièces.

Pour Ramatoulaye Diallo, mère de deux enfants et habitante de Labé, la plupart des gens ne ressentent pas les coupures d’électricité. « C’est une réalité à laquelle nous sommes déjà habitués ; la plupart d’entre nous vivons sans électricité tous les jours » a-t-elle affirmé. « Il n’est pas vrai de dire que tous les habitants de la ville sont privés d’électricité», a-t-elle ajouté.

« La vie est trop dure. On se bat pour que nos enfants et nos petits-enfants puissent vivre dans de meilleures conditions », a fait remarquer M. Baldé.

Et la jeunesse attend une réponse des autorités.

« Le gouverneur a promis d’aborder le problème avec les autorités gouvernementales à Conakry [la capitale]. Nous attendons sa réponse. Nous tenons à avoir une réponse, même si nous savons que ce problème ne peut pas se régler du jour au lendemain ».

Une semaine après les manifestations de Labé, le ministre de l’Energie et de l’hydraulique a abordé le problème pendant la réunion hebdomadaire du conseil de cabinet. D’après le communiqué final de la réunion, le conseil a entendu le directeur de la société d’électricité de Guinée (EDG) et recevra une délégation du gouvernorat de Labé, « afin de trouver une solution à ce problème qui représente une préoccupation majeure pour le gouvernement ».

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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