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Risque d'aggravation de la crise humanitaire - CICR

L'intensification du conflit armé en Afghanistan a accru les difficultés d'accès des agences humanitaires indépendantes aux populations vulnérables, créant du même coup une crise humanitaire complexe dans de très vastes régions de ce pays déjà
frappé par la pauvreté, a prévenu le Comité International de la Croix-Rouge (CICR).

« Nous constatons que de vastes régions du sud, du sud-est, de l'est, ainsi que de plus en plus de communautés de l'ouest du pays, sont confrontées à ce que nous considérons comme une situation d'urgence », a confié à IRIN Reto Stocker, responsable de la délégation du Comité International de la Croix-Rouge en Afghanistan, le 21 octobre à Kaboul, la capitale afghane.

Pour les populations civiles, cette « situation d'urgence » se traduit par une insécurité permanente, l'absence de services de base et une capacité limitée de l'Etat et des organisations humanitaires à apporter une solution rapide à ces problèmes, a poursuivi M. Stocker.

Six ans après la défaite du régime des Talibans face aux forces de la coalition menées par les Américains et l'engagement de la communauté internationale à reconstruire ce pays déchiré par la guerre, il est plus que jamais urgent qu'une organisation humanitaire neutre et indépendante intervienne pour aider des millions d'Afghans
vulnérables, ont indiqué les agences humanitaires.

Pour sa part, le CICR, dont l'aide va essentiellement aux populations civiles affectées par les conflits, a approuvé une augmentation de 30 pour cent de son budget pour l'Afghanistan en 2008, a révélé M. Stocker.

Actuellement, l'organisation consacre quelque 35 millions de dollars américains à la protection, l'aide humanitaire et l'assistance médicale dans les régions du pays affectées par la guerre, un budget qui sera porté à plus de 45 millions l'année prochaine.

Radicalisation des positions

L'annonce du CICR intervient à un moment où les Nations Unies reconnaissent également qu'il y a un changement « important » dans la nature des problèmes de sécurité en Afghanistan.

Contrairement aux précédentes guerres en Afghanistan, le conflit armé actuel a eu des conséquences bien plus négatives sur l'espace de l'action humanitaire indépendante.

En plus de 26 années de conflit armé dans ce pays, jamais les travailleurs humanitaires ne s'étaient sentis autant ciblés, menacés et limités dans leurs actions par les différents belligérants, ont relevé des agences humanitaires ayant une longue expérience de
l'Afghanistan.

Pour certains experts humanitaires, l'une des principales raisons de la réduction de l'espace de l'action humanitaire neutre et impartiale en Afghanistan est la radicalisation des positions des parties au conflit ; une frontière de plus en plus floue entre l'action militaire et humanitaire ; et la capacité d'adaptation limitée de certaines agences humanitaires face à un environnement sociopolitique en mutation.

Attaques contre les travailleurs humanitaires

Les violences imputables aux insurgés ont augmenté de 30 pour cent en 2007 et fait au moins 1 100 victimes parmi les civils, d'après le rapport de la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (UNAMA) publié le 21 septembre. 

Les actes d'intimidation et de violence à l'égard des acteurs humanitaires et partenaires au développement dans le pays sont également en hausse, pouvait-on lire dans le rapport. D'après le rapport, du 1er janvier au 6 août 2007, 41 convois d'aide humanitaire auraient été attaqués, 69 travailleurs humanitaires travaillant pour  différentes agences locales et internationales auraient été pris en otages (44 nationaux, 25 internationaux), et 41 humanitaires auraient été tués (34 nationaux, sept internationaux).

En conséquence, les Nations Unies considèrent qu'un tiers du territoire de l'Afghanistan est « inaccessible » et que près de la moitié du pays représente « des zones où les risques d'enlèvement sont sérieux », des facteurs qui accroissent la complexité et les difficultés d'accès des humanitaires aux populations vulnérables.

« Lorsque le CICR mène une opération humanitaire classique dans une zone de conflit, en milieu rural, nous procédons d'abord à une évaluation des besoins, ensuite à l'identification des populations bénéficiaires et à la distribution de l'aide, puis à une évaluation post-distribution », a expliqué M. Reto Stocker du CICR. « Mais compte
tenu des restrictions liées à l'insécurité, bon nombre de ces opérations ne peuvent être réalisées par notre personnel. Et même notre partenaire, la Société du Croissant-Rouge afghan, malgré son réseau communautaire de 20 000 bénévoles, rencontre des difficultés pour livrer des produits de première nécessité dans certaines régions ».

Des solutions ingénieuses pour livrer l'aide

Les agences humanitaires s'efforcent donc de « trouver des solutions ingénieuses » pour accéder aux populations vulnérables et remplir leurs obligations respectives, a souligné M. Stocker.


Photo: Akmal Dawi/IRIN
Les enfants et les femmes sont particulièrement vulnérables pendant les crises humanitaires
Le CICR, pour sa part, s'emploie à surmonter ces difficultés en ayant un dialogue apolitique constant avec tous les belligérants.

Et cette méthode a fait ses preuves en septembre parce qu'une campagne de vaccination contre la polio a pu être menée à bien dans les provinces instables du sud et du sud-est du pays, grâce à un dialogue direct avec les insurgés talibans ; ces derniers avaient alors accepté de soutenir la campagne de vaccination organisée conjointement par les Nations Unies et le ministère de la Santé publique, a indiqué le CICR.

Pour Mat Waldman d'Oxfam, toutefois, il est extrêmement important que les agences humanitaires ne dérogent pas aux principes humanitaires lorsqu'elles négocient avec les parties au conflit des voies d'accès et des cordons sécuritaires pour leurs opérations.

« Il est tout à fait normal que toutes les agences présentes ici cherchent à étendre leurs actions pour atteindre les personnes qui ont besoin d'aide. Mais le point important qu'il convient de souligner ici est que ces agences ne doivent pas transiger sur les principes de l'aide humanitaire que sont l'indépendance, l'impartialité, la neutralité et
l'humanisme », a conclu M. Waldman.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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