1. Accueil
  2. West Africa
  3. Sierra Leone

Une incursion militaire turque provoquerait une crise humanitaire

Toute opération militaire d’envergure destinée à poursuivre dans le nord de l’Irak les rebelles kurdes de Turquie entraînerait une crise humanitaire, a prévenu le Comité International de la Croix-Rouge (CICR), le 17 octobre.

« Tout conflit militaire dans la région provoquera une crise humanitaire car les bombardements et les incursions des troupes feront des morts ou des déplacés parmi la population civile », a indiqué Flamerz Mohammed, porte-parole du CICR dans le nord de l’Irak.

« Les bombardements effectués ces derniers jours par l’artillerie turque […] ont été concentrés uniquement sur des montagnes abandonnées et n’ont pas atteint les villages frontaliers, mais nous observons et évaluons la situation aux frontières », a souligné M. Mohammed.

« Tous nos entrepôts de la région sont remplis de vivres, de médicaments et de matériels humanitaires d’urgence, et si la situation se détériore, nous pourrons nous rabattre sur les autres entrepôts que nous possédons dans les pays voisins », a-t-il ajouté.

Le 17 octobre, le Parlement turc a approuvé à une écrasante majorité le principe d’une incursion militaire dans le nord de l’Irak, où les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) sont très actifs dans la région autonome irakienne du Kurdistan.

Quelques heures avant le vote, le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, avait appelé son homologue turc pour l’informer que son gouvernement était déterminé à mettre fin aux « activités terroristes » du PKK sur le territoire irakien, a révélé son cabinet.

D’idéologie marxiste-léniniste, les rebelles kurdes du PKK se battent depuis 1984 pour l’autonomie de la région du sud-est de la Turquie, peuplée majoritairement de Kurdes. Selon le gouvernement turc, le conflit, qui a atteint son pic au milieu des années 1990, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts ; des milliers de villages ont été affectés et des centaines de milliers de Kurdes ont afflué vers les villes d’autres régions de la Turquie.

Des villageois inquiets

Pour le CICR, bien qu’il n’y ait pas eu d’importants déplacements de population dans les villages kurdes installés le long de la frontière, l’éventualité d’une incursion de l’armée turque inquiète les familles.

« Les villageois sont inquiets et paniqués parce qu’ils n’ont aucune idée de ce qui se passera dans les prochains jours », a expliqué M. Mohammed du CICR.

Il y a deux mois, Mustafa Haji Ahmed avait perdu six têtes de bétail dans les pâturages des montagnes proches de la frontière, lorsque des obus étaient tombés près de l’endroit où son troupeau était en train de paître. « Depuis, je ne suis plus retourné dans les montagnes, nos bêtes sont privées de ces riches pâturages et cette situation nous affecte beaucoup », a déploré M. Ahmed, berger de 51 ans et père de cinq enfants.

Il y a quelques années, M. Ahmed faisait partie des 200 personnes du village de Nazdori, à 25 kilomètres de la frontière turque, qui avaient dû fuir leur maison pour des zones plus sûres, en raison des bombardements.

« Aujourd’hui encore, une menace pèse sur nous, mais cette-fois ci la situation pourrait être plus difficile avec l’arrivée de l’hiver », a-t-il ajouté.

Ce qui inquiète le plus Tahseen Barwari, une autre habitante du village de Nazdori, c’est que les opérations militaires pourraient empêcher les enfants d’aller à l’école.

« J’ai peur que mes enfants ne puissent pas continuer à aller à l’école, parce que la dernière fois près de 20 obus ont touché notre village et [nous] avons été obligés à partir en laissant tout derrière nous » a expliqué Mme Tahseen, 47 ans et mère de sept enfants.

Des craintes ravivées

Les menaces des autorités turques ont ravivé les craintes d’une flambée de la violence chez bien des familles arabes irakiennes venues se réfugier dans le Kurdistan pour échapper à la violence qui touche certaines villes d’Irak.

Comme d’autres ressortissants irakiens, Khalid Nisaif al-Jibouri, 39 ans et père de trois enfants, a abandonné sa maison à Bagdad il y a quelques mois pour vivre dans un appartement de deux pièces au Kurdistan.

« Le cycle incessant de la violence à Bagdad m’a contraint à partir pour m’installer dans cette région paisible ; mais les informations qui nous parviennent nous font craindre à nouveau quelque chose que nous avions presque oublié, l’insécurité », a déploré al-Jibouri, qui vit à Dahouk, une localité située à l’extrême nord de l’Irak.

Le 16 octobre, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a fait part de ses inquiétudes quant à l’éventualité d’une incursion de l’armée turque, et a indiqué qu’elle pouvait aggraver la situation des réfugiés.

« C’est une région [nord de l’Irak] où l’on retrouve aussi des Irakiens venus du sud et du centre de l’Irak pour être en sécurité, et nous espérons vivement que la sécurité relative qui prévaut au Kurdistan ne sera pas affectée », a souhaité M. Antonio Guterres.

yb/sm/ar/cb/ads/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join