Sheela Nepali s’était mise à décompter le nombre de jours qui restait avant l’échéance du 22 novembre, date prévue pour la tenue de l’élection des membres de l’Assemblée constituante du Népal. Pour elle, cette élection représentait un espoir de renouveau.
« Nous aurions eu un sansad [membre du parlement, en népalais] originaire de notre région, qui partagerait nos graves problèmes de faim dus à la pénurie alimentaire et à l’extrême pauvreté qui sévissent dans mon village », a expliqué à IRIN Mme Nepali depuis Kolti, un village du district de Bajura, à quelque 700 kilomètres au nord-ouest de Katmandu, la capitale.
Les villages de Bajura comptent parmi les plus pauvres du pays, d’après les statistiques du gouvernement népalais, qui relèvent également que la plupart des 100 000 habitants du district vivent en dessous du seuil de pauvreté national.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies, l’insécurité alimentaire est le plus grave problème auquel le district est confronté, Bajura ayant été la localité la plus affectée par la sécheresse qui a sévi l’année dernière dans les régions de collines et de montages, a expliqué le PAM.
« Tous nos espoirs ont été anéantis par leur dispute politique. Une fois de plus, ils [politiciens] ont trahi le peuple » |
L’annonce des élections avait bien été accueillie par les habitants de Bajura qui pensaient qu’elles leur permettraient d’instaurer une gouvernance efficace dans leur région. Les instances gouvernementales locales pourraient ainsi obtenir des financements pour lancer des programmes de production agricole, améliorer les capacités de stockage des produits agricoles et les infrastructures des marchés, ont affirmé les villageois.
Crainte d’un nouveau conflit armé
Mais cet optimise a été battu en brèche avec la reprise des affrontements entre les différents groupes ethniques qui a contraint les autorités à reporter l’élection. En effet, le 5 octobre, le gouvernement annonçait le report sine die de l’élection des membres de l’Assemblée constituante car les sept partis nationaux représentés au sein du gouvernement n’étaient pas parvenus à trouver un accord avec les ex-rebelles maoïstes qui menaçaient de perturber les élections si leurs revendications n’étaient pas satisfaites.
Quelque 14 000 Népalais ont été tués et 200 000 autres ont été déplacés au cours des 1O années de conflit armé entre la rébellion maoïste et le gouvernement, un conflit a pris fin en novembre 2006 avec la signature d’un accord de paix entre les principaux belligérants.
« Tous nos espoirs ont été anéantis par leur dispute politique. Une fois de plus, ils [politiciens] ont trahi le peuple », a déploré Ganey Motara, un paysan de 60 ans qui a expliqué comment des enseignants locaux, formés par des agents électoraux venus de la capitale, avaient sensibilisé les villageois aux enjeux de l’élection et leur avaient appris à voter.
Photo: Naresh Newar/IRIN |
Ls districts népalais confrontés à l'insécurité alimentaire dépendent du PAM pour leur nourriture |
Kolti fait partie des douze villages de Bajura qui n’ont pas de routes praticables. Il faut près de huit jours pour se rendre au marché le plus proche, situé à 100 kilomètres au sud, dans le district d’Accham, selon les villageois locaux.
« Il semble que tout cela n’a été qu’une perte de temps et d’énergie », a renchéri Mme Giri.
Les élections reportées, les villageois locaux craignent que le pays ne plonge de nouveau dans la guerre. « Les rebelles maoïstes et les autres partis reprendront-ils les hostilités ? Le processus de paix est-il désormais terminé ? », s’est demandé Kesar Nath Yogi, un paysan de 72 ans.
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