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Les affrontements intercommunautaires font plus de 5 000 déplacés dans le sud

Les affrontements intercommunautaires qui ont eu lieu la semaine dernière entre Pahades et Madhesis ont fait plus de 5 000 déplacés dans le sud-est du Népal, selon un rapport publié le 24 septembre par le Human Rights Treaty Monitoring Coordination Committee (HRTMCC), un forum tripartite d’organisations de défense des droits humains.

L’incident, qui s’est produit dans le district de Kapilavastu, peuplé majoritairement de Madhesis et situé à quelque 285 kilomètres au sud-est de Katmandou, est l’un des plus graves affrontements intercommunautaires qu’ait connu la région de Teraï, selon les associations locales de défense des droits humains.

Les Madhesis sont originaires du Teraï, une région de plaines, située dans le sud et le sud-est du Népal, et devenue le grenier et le centre industriel du pays. Les Pahades, pour leur part, sont originaires d’une région de collines et ont migré vers le Teraï à la recherche d’emplois. Les tensions interethniques sont fréquentes depuis que de très nombreux Pahades se sont installés au Teraï, dans les années 1960, mais le récent incident est le premier affrontement entre les membres de ces deux communautés.

A en croire les associations de défense des droits humains, les actes de violence se sont intensifiés depuis le 16 septembre, lorsqu’un responsable local de la communauté madhesi a été assassiné par des assaillants non identifiés.

Accusant les Pahades d’être responsables de cet assassinat, des Madhesis ont incendié et pillé leurs maisons et leurs boutiques, ont expliqué les associations.

Selon le HRTMCC, qui a dépêché une mission à Kapilavastu, 18 personnes – des Pahades, pour la plupart – auraient été tuées et des dizaines d’autres blessées ; Environ 50 personnes auraient également été portées disparues et quelque 500 maisons incendiées.

Le gouvernement critiqué

Les populations civiles et les défenseurs des droits humains de la région ont manifesté leur colère devant l’absence de réaction des autorités népalaises, qui n’ont apporté aucune assistance aux centaines de familles déplacées qui manquent de nourriture et d’abris adéquats.

« La situation des familles s’est aggravée et le gouvernement ne leur est pas venu en aide », a expliqué à IRIN, Subodh Pyakhurel, membre d’une association de défense des droits humains.

Selon lui, la police n’a pas ouvert d’enquête pour recueillir des informations précises concernant les maisons détruites et les familles déplacées.

« Le gouvernement devrait immédiatement commencer à réhabiliter les déplacés et demander aux autorités locales de faire preuve de vigilance pour éviter qu’il y ait d’autres victimes », a affirmé Kundan Aryal, membre d’une association de défense des droits humains.

Les victimes

« Nous attendons chaque jour que les autorités gouvernementales et les responsables locaux viennent aider les familles déplacées, mais où sont-ils ? », s’est demandé Rajendra Bikram Shahi, un habitant de Shivagadi, un village du district de Kapilavastu où des milliers de déplacés ont trouvé refuge après avoir fui leurs villages - Pathardehiya, Manpur, Aulaha, Chauha, Sisampari, Bisanpur Farlan, Katuwa, Tharuli et Khuruhuriya.

Les familles déplacées ont expliqué comment elles avaient réussi à échapper à la mort, contrairement à leurs parents qui ont été massacrés par les Madhesis.

« Près de 60 Madhesis nous ont attaqués et ont incendié notre maison ; nous n’avons même pas pu sauver nos biens et notre argent. Ils ont tué les membres de ma famille », a dit Bhuma Thapa, qui a affirmé avoir perdu trois membres de sa famille au cours de cette attaque.

D’après un rapport du HRTMCC, sur les 5 000 personnes déplacées, près de 4 300 Pahades ont été installés dans des écoles, des camps militaires ou des terrains vagues.


Photo: INSEC
De nombreux membres de la communauté madhesi ont aussi souffert des attaques de groupes pahades
Des Madhesis se réfugient en Inde

Néanmoins, d’après certains défenseurs des droits humains, de nombreuses familles madhesis - musulmanes, pour la plupart - ont aussi été déplacées au cours d’attaques perpétrées par des Pahades qui voulaient venger les membres de leur communauté tués la semaine dernière. Des centaines de familles madhesis ont ainsi fui en Inde par crainte de nouvelles représailles.

« Malgré le couvre-feu en vigueur à Kapilavastu, l’harmonie entre les communautés est compromise. Les affrontements entre les [deux] communautés n’ont pas cessé, même actuellement », note le rapport.

Entre-temps, les autorités népalaises ont indiqué qu’elles prendraient des mesures disciplinaires à l’encontre des responsables de la sécurité, qui n’ont pas su prévenir les affrontements entre les deux communautés et les déplacements qu’ils ont provoqués.

« Le gouvernement regrette cet incident. Nous allons fournir immédiatement une assistance humanitaire et une indemnisation aux familles déplacées et nous les aiderons à retourner dans leur village. C’est notre première priorité », a déclaré Krishna Prasad Sitaula, le ministre népalais de l’Intérieur, qui a rejeté les allégations selon lesquelles le gouvernement était resté insensible à la situation.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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