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Un premier camp ferme ses portes, au bonheur des déplacés

Les résidents d’un camp de déplacés du nord de l’Ouganda ont chanté et poussé des youyous lors d’une cérémonie organisée pour marquer la fermeture officielle du camp et le retour dans leurs villages d’une majorité des 18 000 personnes qui y vivaient, à présent que les perspectives de paix semblent plus prometteuses.

« Je déclare la fermeture du camp, pour Dieu et pour mon pays », a proclamé Musa Ecweru, le ministre d’Etat chargé de la gestion des risques de catastrophes, des secours et les réfugiés, annonçant ainsi officiellement la fermeture, le 11 septembre, du Camp du chemin de fer d’Atwal, situé dans le nouveau district d’Oyam, environ 330 kilomètres au nord de Kampala, la capitale.

Les cases de chaume en forme de champignon qui composent le camp sont en démolition. La plupart de leurs occupants les ont abandonnées pour retourner dans leurs anciennes demeures, qu’ils avaient quittées pour échapper au conflit sanglant, qui a opposé pendant 20 ans le gouvernement ougandais aux rebelles de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA).

Si la majorité des résidents sont retournés dans leurs villages, certains rechignent encore à repartir, de crainte que le calme apparent ne dure pas.

« Si la paix se maintient jusqu’à l’année prochaine, je retournerai [chez moi], mais aujourd’hui, j’ai peur que les rebelles puissent revenir facilement car les pourparlers de Juba n’ont pas encore abouti », a confié Charles Ayo, 50 ans, qui est arrivé au camp en 2004, après avoir fui pour échapper à une attaque du LRA au cours de laquelle son fils a été tué.

« Nous allons [au village] pour cultiver, puis nous revenons. Je reste ici parce que cela me permet également de trouver du travail temporaire pour gagner un peu d’argent et pouvoir m’acheter ce dont j’ai besoin. Je vais rester ici jusqu’à la fin de l’année », a indiqué M. Ayo.

D’autres encore n’ont pas de maison qui les attend. La plupart sont des personnes âgés ou des enfants qui ont perdu leur famille au cours du conflit ou souffrent de maladies chroniques.

« La décision de partir est volontaire, dès lors ceux qui restent continueront à utiliser les installations [du camp] jusqu’à ce qu’une solution puisse être trouvée », a expliqué Charles Okello Macodwogo, le président du conseil du district d’Oyam. Environ trois pour cent des résidents ne sont pas encore retournés dans leurs villages.

En 2005, dans les régions d’Acholi, de Lango, du Nil occidental et de Teso, dans le nord de l’Ouganda, le nombre des camps de déplacés a été porté à 242 ; dans l’ensemble, ces camps comptaient environ 1,8 million d’habitants. Aujourd’hui, toutefois, les déplacés retournent dans leurs régions d’origine à mesure que la situation de sécurité s’améliore grâce à l’intensification des opérations militaires menées contre la LRA, et à l’engagement des pourparlers de paix.

A la fin du mois de juin 2007, on estimait que 916 000 personnes vivaient encore dans des camps, essentiellement dans la sous-région d’Acholi, tandis que 539 000 autres étaient retournées dans leurs villages. Quelque 381 000 personnes se sont également installées dans de nouveaux camps de transition proches de leurs villages, selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Période difficile

Malgré tout, les rapatriés se retrouvent confrontés à des difficultés considérables.

« Les gens sont désemparés. Il n’y a ni eau ni système d’assainissement dans les villages. Nous allons devoir faire tout notre possible pour donner à ces gens les moyens de retrouver leur dignité », a expliqué Catherine Amal, agente administrative principale du district d’Oyam.


Photo: Manoocher Deghati/IRIN
La plupart des déplacés du camp d'Atwal sont retournés dans leurs villages et se sont lancés dans des activités agricoles
Les anciens résidents ont également adressé un mémorandum aux autorités pour les informer qu’ils se heurtaient à d’autres difficultés : délabrement des routes, insuffisance des accessoires de maison, dégradation de l’environnement due à la chute d’arbres, centres de santé et centres de conseil et de dépistage du VIH/SIDA insuffisants.

« Nous avons besoin de charrues à bœufs et de semences à haut rendement pour que la région redevienne productive », ont déclaré les rapatriés, dans leur mémorandum.

Des pluies torrentielles ont également inondé les propriétés agricoles et détruit les cultures ; dès lors, les rapatriés se sont trouvés eux aussi largement dépendants de l’aide alimentaire.

« Ces gens sont très forts. Ils ont presque tout perdu, mais ils ont refusé de perdre espoir. Ils ont besoin de notre aide pour retrouver leur dignité », a noté M. Ecweru. La réhabilitation du nord de l’Ouganda sera un « long périple », a-t-il ajouté.

Selon Stefano Severe, le représentant du HCR en Ouganda, les camps en voie d’abandon sont une représentation de « notre triste passé. Ce n’est pas parce que [les déplacés] sont retournés chez eux que tout va bien. Nous devons être là pour les soutenir et les accompagner, une fois qu’ils sont de retour », a-t-il affirmé.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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