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Plus d’un million de déplacés – Croissant-Rouge irakien

L’un des rêves du tailleur Ahmed Khaled al-Timimi était de confectionner un uniforme scolaire pour sa fille aînée, afin qu’elle puisse en être toute fière devant ses camarades de classe.

Malheureusement, son rêve a été brisé lorsque sa famille et lui ont été déplacés par les flambées de violence sectaire, de plus en plus nombreuses, qui mettent le pays à feu et à sang. M. Al-Timimi est aujourd’hui sans emploi et sa fille ne peut pas aller à l’école.

M. al-Timimi, un chiite de 39 ans, père de deux filles, se souvient du mot collé à la porte de son domicile, à Dora, une banlieue du sud de Bagdad, dominée par les sunnites. « Pars, sinon ta femme et tes filles seront décapitées ».

Selon un rapport publié par la Société du Croissant-Rouge irakien (SCRI), 142 260 familles – soit environ 1 037 615 personnes – ont été déplacées à l’intérieur de leur propre pays depuis le 22 février 2006, date à laquelle un sanctuaire chiite vénéré de Samarra, à 95 kilomètres au nord de Bagdad, a été bombardé, semble-t-il par un groupe d’extrémistes sunnites, selon les dires d’un grand nombre de personnes.

Les violences sectaires se sont considérablement intensifiées depuis lors.

« A l’heure actuelle, le nombre de personnes déplacées augmente à un rythme moyen de 80 000 à 100 000 par mois », peut-on lire dans le rapport de la SCRI, daté du 5 juillet et couvrant la période allant du mois de février 2006 au 30 juin 2007.

Selon la SCRI, la seule organisation de secours humanitaire sur le terrain, l’augmentation de près de 67 pour cent du nombre de familles déplacées depuis fin janvier « aggrave une situation déjà instable ».

« A la fin du mois de juin 2007, il y avait plus d’un million de [personnes déplacées], dont 37,5 pour cent étaient des enfants de moins de 12 ans ; 32,8 pour cent, des femmes, et 29,7 pour cent des hommes », selon le rapport de 25 pages.

Bagdad, la capitale, qui compte 41 969 familles de déplacés, se situe en tête des régions les plus peuplées de personnes ayant fui les violences. La province de Mossoul occupe la seconde position, avec 15 063 familles et la province de Salaheddin, à environ 200 kilomètres au nord de Bagdad, arrive troisième, avec 12 781 familles.

« Qu’ai-je fait dans ma vie pour perdre ma maison et mon emploi, et voir mon rêve de fonder une famille heureuse réduit à néant ? Qui devrait être tenu responsable de notre malheur ? », s’est interrogé M. al-Timimi, qui vit chez un membre de sa famille dans une petite maison du quartier chiite de Bagdad. 

Les déplacés confrontés à de graves difficultés 


Photo: UNHCR
Une carte montrant le nombre d'Irakiens qui ont fui les violences pour se réfugier dans les pays voisins, selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés
En plus de faire état d’évolutions dans la démographie du pays, le rapport du SCRI évoque également les difficultés rencontrées au quotidien par les familles déplacées.

M. al-Timimi, qui doit acheter des médicaments pour sa femme, cardiaque, et sa fille cadette, asthmatique, est aujourd’hui criblé de dettes.

« J’ai besoin d’au moins 250 000 dinars [environ 200 dollars] chaque mois pour leur assurer un traitement […] De temps en temps, je vends des cigarettes et des sodas dans la rue », a-t-il expliqué.

Selon le rapport du SCRI, « Le secteur éducatif a été affecté par le déplacement des familles dans divers gouvernorats, les écoles ayant constaté une augmentation considérable du nombre d’élèves par classe. Il y a également une pénurie de matériel éducatif et de fournitures scolaires ».

Les personnes déplacées ont également un accès restreint aux soins de santé. Cela a des conséquences graves, surtout pour les femmes et les enfants.

« Les femmes enceintes, les nourrissons et les enfants ne bénéficient pas des soins médicaux nécessaires, et les avortements illégaux sont devenus la norme », d’après le rapport.

De nombreuses personnes déplacées souffrent également de problèmes psychologiques et certaines d’entre elles cherchent refuge auprès des groupes armés.

« Ceux-ci [les groupes armés] représentent [en effet] à leurs yeux l’autorité véritable [...] Les viols, les gangs armés, les vols et la toxicomanie sont monnaie courante chez les personnes déplacées », peut-on lire dans le rapport.

Selon le SCRI, les nombreux Irakiens qui se trouvent en Syrie, en Jordanie, en Egypte, au Liban et en Iran sont confrontés à des difficultés financières, ainsi qu’à des problèmes de santé et de logement, et ne sont pas beaucoup aidés par les organisations humanitaires.

« Sans permis de travail et sans le sou, de nombreux Irakiens, souvent surqualifiés, qui ont fui à l’étranger acceptent des emplois peu rémunérés et non déclarés […] il s’agit, dans l’ensemble, d’un drame humain sans précédent dans l’histoire de l’Irak », conclut le rapport.

sm/ar/cb/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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