Kaboul est le seul endroit où Hedayatullha, 35 ans, peut se faire traiter pour sa dépendance à l’héroïne. Un ami, ex-toxicomane, qui s’était fait soigner au Centre de réhabilitation de Nejat à Kaboul (NRC), lui a indiqué que c’était l’un des rares centres susceptibles de l’aider à s’en sortir.
« Il [son ami] m’a conseillé de venir ici [à Kaboul] pour me débarrasser de ma dépendance à l’héroïne », a dit Hedayatullha.
Ayant quitté la province d’Urozgan, où vivent sa femme et ses cinq enfants, il a pris la direction du nord, vers Kaboul. Après quatre jours de voyage, il est enfin arrivé à destination. ka
Hedayatullha, qui consomme de l’héroïne et du haschisch depuis plus de 13 ans, a demandé aux autorités de l’hôpital de le soigner, mais celles-ci lui ont fait savoir que l’établissement manquait de lits.
« Nous n’avons que 10 lits et le nombre de toxicomanes devant être hospitalisés est très élevé », a déploré Tariq Suliman, le directeur du NRC.
Près de 24 toxicomanes se rendent chaque jour dans ce petit centre de réhabilitation pour y suivre un traitement gratuit et obtenir une aide.
Le rapport des Nations Unies sur la drogue
Dans l’édition 2007 de son Rapport mondial sur la drogue 2007, publiée le 26 juin, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) note qu’un peu partout on observe des changements « importants et positifs » au niveau de la lutte contre la production et la consommation de stupéfiants.
« Des données récentes indiquent que la progression de la toxicomanie s’est calmée », a noté le rapport.
En Afghanistan, toutefois, c’est plutôt l’inverse qui se produit. Selon l’UNODC, le pays produit près de 92 pour cent de l’héroïne consommée dans le monde.
« La production d’opium en Afghanistan reste un problème majeur », a indiqué Antonio Maria Costa, directeur exécutif de l’UNODC, dans une déclaration le 26 juin.
Près d’un million de personnes – soit 3,7 pour cent de la population afghane estimée à 27 millions d’habitants – sont considérées comme étant toxicodépendantes à l’héroïne, l’opium ou le haschisch, selon l’UNODC.
D’après le ministère afghan de la Lutte contre les stupéfiants, il existe 36 centres de soins et de réhabilitation pour toxicomanes dans 22 des 34 provinces que compte le pays.
« Quatre-vingt pour cent des toxicomanes vivent dans les zones rurales où il n’existe pratiquement pas de centres de désintoxication pour personnes toxicodépendantes », a affirmé Christina Gynna Oguz, représentante de l’UNODC en Afghanistan, au cours d’une conférence de presse le 25 juin.
Le ministère afghan de la Santé publique et les Nations Unies font désormais fait appel aux donateurs pour financer un projet pilote : la prise en charge des toxicomanes au sein du système de santé primaire du pays, ce qui pourrait leur permettre d’accéder aux services de réhabilitation dans les hôpitaux de province.
Des femmes et enfants toxicomanes
Le rapport de l’UNODC a également révélé qu’en Afghanistan, les femmes représentaient 2,1 pour cent de la population toxicodépendante.
Dans les zones rurales où l’accès aux services de santé primaire est limité, les femmes utilisent l’opium produit localement pour calmer les douleurs, combattre l’insomnie ou pour endormir leurs enfants.
« Les tisseuses de tapis ou les femmes travaillant à domicile ont tendance à donner de l’opium à leurs enfants pour les faire dormir, ce qui leur permet de travailler sans être dérangées », a expliqué à IRIN Lotfullah Lotfi, un agent de la lutte contre les stupéfiants basé dans la province nord de Balkh.
Toujours selon le rapport, au moins 60 000 enfants afghans sont toxicodépendants et les femmes toxicomanes ont plus de difficultés que les hommes à accéder aux traitements.
En effet, en raison de leurs coutumes très conservatrices, les hommes interdisent à leurs femmes de se faire soigner à l’extérieur pour leur dépendance à la drogue.
« Nous envoyons notre personnel féminin pour traiter les femmes et les jeunes filles toxicomanes chez elles », a déclaré M. Suliman du NRC. Mais pour des raisons de sécurité, cette stratégie n’est pas applicable à celles qui vivent dans des régions instables.
Dans son message commémorant la journée internationale contre l’abus et le trafic illicite de la drogue, le 26 juin, Ban Ki-moon, le Secrétaire général des Nations Unies, a appelé les Etats membres à intensifier leurs efforts afin de réduire l’offre dans le monde.
« La lutte contre la toxicomanie est un effort collectif qui nécessite de la détermination politique et des ressources suffisantes, surtout pour le financement de structures de traitement plus nombreuses et plus efficaces », a déclaré le Secrétaire général.
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