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La pauvreté jette les enfants palestiniens à la rue

Younis, huit ans, passe ses journées à se faufiler entre les voitures à une intersection très fréquentée de l’est de Jérusalem, proposant des jouets en peluche aux conducteurs pour gagner un peu d’argent et subvenir aux besoins de sa famille démunie.

« A la fin de la journée, je donne tout l’argent [que j’ai gagné] à mon père. Aucun de mes parents ne travaille. S’ils avaient un emploi, ils travailleraient à notre place. Les objets que je vends viennent de Ramallah – c’est mon père qui les achète », a raconté le jeune garçon, originaire d’Al Ram, une banlieue de Jérusalem aujourd’hui coupée de la ville par les blocs qui composent la barrière dressée par Israël en Cisjordanie.

Younis fait partie des milliers d’enfants palestiniens qui ne vont pas à l’école et mettent chaque jour leur vie en péril dans la rue. Ses frères et lui déclarent gagner chaque jour environ 150 shekels, soit 37 dollars, et sont les seuls salariés de leur famille.

« Le travail des enfants est très courant. Le taux de pauvreté chez les Palestiniens a triplé depuis 1999 ; il atteint aujourd’hui 70 pour cent. Cela a des conséquences sur les enfants. Ceux-ci doivent assumer le rôle de soutiens de famille pour permettre à leurs familles de survivre », a expliqué Monica Awad du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

Selon les résultats d’études menées par l’organisation non gouvernementale Defence for Children International - Palestine (DCI) et le Bureau central palestinien des statistiques, c’est la pauvreté qui pousse environ trois quarts des enfants des rues à travailler ; quant aux autres, ils invoquent des problèmes au sein du foyer, et notamment des violences.

Si la majorité des enfants travaillent en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, beaucoup d’autres travaillent également dans des zones situées du côté israélien de la barrière de Cisjordanie, qui empiète sur le territoire cisjordanien. Ils travaillent pour la plupart à Jérusalem ou dans les villages arabes du nord d’Israël.

Des milliers d’adultes cisjordaniens gagnaient auparavant leur vie en travaillant en Israël dans les secteurs de l’agriculture ou du bâtiment – mais aujourd’hui, ils ne sont plus autorisés à pénétrer sur le territoire israélien, en raison des restrictions plus sévères imposées depuis le début de la deuxième Intifada, en 2000.

Les enfants passent la barrière

Aujourd’hui, seuls leurs enfants sont en mesure d’exploiter l’économie florissante d’Israël. Contrairement à leurs parents, ils peuvent aisément traverser la barrière, car les enfants de moins de 14 ans n’ont pas besoin de permis pour passer les postes de contrôle.

« Les soldats ne me font jamais d’histoires », a expliqué Younis, qui passe par le poste de contrôle de Dahiya pour se rendre au carrefour de Pisgat Zeev.

« Au moins mille enfants se rendent en Israël chaque jour. Ils y sont envoyés par des adultes. Ils vont aussi dans des décharges pour ramasser des objets métalliques », a déclaré Shlomo Dror, le porte-parole du gouvernement israélien.

« Ils se placent à des intersections dangereuses, où le trafic est dense. Ils ont également un problème de déshydratation, puisqu’ils restent au soleil parfois pendant 10 ou 12 heures », a observé Mickey Rosenthal, le porte-parole des forces de police israéliennes ; et les autorités israéliennes ne peuvent pas faire grand chose pour les en empêcher, a-t-il ajouté.

Privés d’éducation

Ils sont également privés d’éducation. Plus de la moitié des enfants palestiniens qui travaillent et gagnent un salaire ne vont pas à l’école, selon les statistiques du BCPS.

Ahmed, neuf ans, est originaire d’Hébron. Il vend des briquets et des piles jusque tard dans la soirée aux Israéliens qui fréquentent les bars et les restaurants prospères de l’ouest de Jérusalem. Au début, le jeune garçon a affirmé qu’il allait à l’école le matin. Il a cependant avoué par la suite qu’il revenait rarement à Hébron et dormait dans les rues de Jérusalem. « On vend plus ici », s’est-il justifié.

Les enfants des rues peuvent également être victimes de harcèlement ou d’agressions au travail, selon DCI.

« La problème est de plus en plus grave. Je le vois de plus en plus à Jérusalem, et en Cisjordanie, c’est encore pire », a déclaré un commerçant palestinien dont la boutique, située dans l’est de Jérusalem, est fréquentée par ces jeunes colporteurs.

La plupart des enfants des rues travaillent comme vendeurs ou comme porteurs dans les villes les plus animées, mais d’autres travaillent aussi dans des carrières, un dur labeur, selon DCI. Un grand nombre d’entre eux viennent des camps de réfugiés désespérément pauvres de Cisjordanie.

Les réfugiés sont les Palestiniens les plus démunis, bien qu’ils aient le droit de recevoir les colis de nourriture des Nations Unies, et de bénéficier d’une éducation et de services de santé gratuits.

« Une génération d’enfants perdue »

Dans son rapport, DCI explique qu’il faut résoudre le problème de la pauvreté chez les Palestiniens si l’on veut éviter aux enfants de passer leurs jeunes années à travailler.

Mais la reprise économique ne semble pas à l’ordre du jour.

En plus de n’être plus autorisés à travailler en Israël, les Palestiniens sont encore appauvris par le boycott imposé à l’Autorité palestinienne par la communauté internationale, en vue de forcer celle-ci à reconnaître Israël et à renoncer à la violence.

De plus, compte tenu du réseau israélien de plus de 500 postes de contrôle et barrages routiers tenus par des soldats en Cisjordanie, il est quasi impossible pour les Palestiniens de se déplacer pour trouver du travail, selon certaines ONG.

Quant à la barrière de Cisjordanie, dressée par Israël, elle empêche également de nombreux paysans d’accéder à leurs terres. Pour Israël, cette barrière est toutefois indispensable pour empêcher les kamikazes de cibler les civils israéliens.

« Ce que nous avons là, c’est une génération d’enfants perdue. Les enfants palestiniens n’ont pas des vies normales. Nous devons faire en sorte qu’ils retrouvent une vie normale en leur offrant des journées de divertissement et des services de base », a noté Mme Awad, de l’UNICEF.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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