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Le changement de climat menace la survie des montagnards

Les communautés montagnardes du Tadjikistan, installées à 2 000 mètres au dessus du niveau de la mer, se plaignent des mauvaises récoltes, de l’accélération de la dégradation des sols et de la menace que représentent les glissements de terrains, conséquences du changement climatique.

Dans le village Panjkhok du district de Varzob, à 75 km au nord de Dushanbe, la capitale tajik, la saison hivernale est de plus en plus longue et le printemps se fait un peu plus attendre chaque année. L’hiver, qui jusqu’ici durait trois mois, s’étale maintenant d’octobre à avril. Une épaisse couche de neige bloque désormais les accès routiers près de cinq mois par an.

« Au cours des quatre dernières années, nous n’avons pas pu faire pousser de blé dans notre village. Le températures commencent à baisser avant la récolte du blé », a expliqué à IRIN Mamlakat, une habitante du village. « La saison agricole s’est raccourcie. Beaucoup de légumes que nous cultivions avant ne peuvent plus pousser dans notre village ».

L’agriculture et l’élevage sont les principales sources de revenu des habitants de Panjkhok. L’agriculture, qui produit 23 pour cent du PIB du Tadjikistan, est pourtant très vulnérable aux chocs et aux désastres climatiques, notamment les sécheresses, les inondations, les coulées de boue et la désertification.

Des données météorologiques enregistrées entre 1961 et 1990 indiquent que la température annuelle a baissé dans les montagnes du centre du Tadjikistan et augmenté dans les plaines. Les météorologues prévoient que l’Etat montagneux d’Asie centrale verra sa température moyenne annuelle augmenter de 1,8 à 2,9 degrés d’ici 2050.

Une augmentation des chutes de neige a été enregistrée dans la plupart des contreforts et des régions de basse altitude, alors qu’à altitude plus élevée elles ont diminué.

Il y a sept zones climatiques différentes au Tadjikistan, des zones subtropicales avec un gel permanent dans les montagnes, en passant par les étés doux dans les vallées. L’impact du changement de climat sera différent selon les régions du Tadjikistan, expliquent les spécialistes.

Des modèles de précipitation changeants

Le changement des modèles de précipitation laisse penser que les pluies seront plus « intermittentes et abondantes », ce qui pourrait accroître les risques d'inondation. Ce changement affectera également les pâturages, ce qui aura des conséquences sur l’élevage du bétail, selon l'Agence d'hydrométéorologie du Tadjikistan.

Le climat de la région de Panjkhok « devient similaire à celui du Caucase. Il y a du soleil tous les matins. L'après midi, le ciel se couvre et il pleut », a expliqué Sharofuddin Nurov, facilitateur pour le Projet d'adaptation au changement climatique de l’organisation CARE International.

« Les fortes pluies d'hier ont détruit le champ de pommes de terre que je venais de planter. Je dois tout replanter », a dit Habiba, un habitant de la région de Panjkhok.

Bakhtiyor Khalikov, superviseur du projet de CARE International, a noté que « les habitations en briques de terre son littéralement balayées par les fortes précipitations. Les maisons construites sur les pentes sont également menacées ».

Pour M. Nurov, « les pluies plus fréquentes ont un impact sur les populations locales. Elles sont également la cause de glissements de terrain et accélèrent la dégradation des sols, surtout maintenant que la plupart des arbres ont été abattus pour fournir du bois de chauffage ».

La dégradation des sols est déjà un problème majeur au Tadjikistan, avec près de 90 pour cent des terres arables sujettes à l'érosion et à la désertification à grande échelle dans les régions du sud et du centre du pays, selon l'Institut de recherche sur les sols du Tadjikistan.

« Auparavant, beaucoup de neige subsistait chaque année sur les sommets des montagnes, jusqu'aux chutes des neiges l'année suivante. Nous sommes en mai, mais si vous regardez les montagnes, il n'y a déjà plus de neige, elle a fondu très vite. Seize kilomètres de glacier ont déjà disparu sur le mont Hissar », a dit M. Nurov.

Cela risque de poser un problème, ont prévenu les experts. Les glaciers jouent un rôle important dans la vie sociale et économique du Tadjikistan : ils sont la première source d'eau potable, d'eau pour l'irrigation et font tourner les centrales qui produisent 80 pour cent de la production énergétique nationale.

« Selon nos prédictions, d'ici 2050, la superficie couverte par les glaciers aura diminué de 20 pour cent », a expliqué Ilhomjon Rabajov, directeur du département changement climatique de l'Agence d'hydrométéorologie.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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