Une crise sanitaire se profile dans le sud de la région orientale du Tchad, où près de 100 000 déplacés mal nourris vivent dans la promiscuité, avec un nombre limité de latrines – parfois une seule pour 250 personnes.
« La saison des pluies approche. Nous sommes engagés dans une véritable course contre le temps et il nous faut construire suffisamment de latrines pour éviter tout risque d’épidémie », a déclaré mercredi dernier Daniel Augstburger, responsable des secours d'urgence au Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).
Sur les 12 sites d’hébergement, celui de Habile, proche de la ville de Koukou, présente les conditions sanitaires les plus déplorables, avec seulement 100 latrines pour 25 000 déplacés.
« Nous avons besoin de 700 latrines de plus pour respecter les normes sanitaires qui prévoient une latrine pour 30 personnes ; sinon, il faudra s’attendre à une épidémie. Le problème est essentiellement d’ordre financier. Nous comptons encore sur la générosité des donateurs », a dit M. Augstburger.
Une épidémie de dysenterie s’est déjà déclarée sur le site de Habile et une épidémie d’hépatite E a été signalée dans deux autres camps.
Bien que la situation sanitaire soit moins désastreuse sur certains sites, elle reste toutefois globalement insatisfaisante.
Pour Médecins sans frontières (MSF), les conditions sanitaires sur le site de Dogdore, près de la frontière avec le Soudan, constituent la principale préoccupation.
« Tous les autres problèmes ont été résolus », a affirmé Chantal Gamba, coordinatrice médicale de MSF-Tchad. « Mais avec l’approche de la saison des pluies, nous craignons que les mauvaises conditions hygiéniques et sanitaires ne provoquent des cas de choléra et d’autres épidémies ».
En cas d’épidémie, expliquent certains agents de santé, les services sanitaires de nombreux sites risquent d’être débordés.
A Goz Beida, une étude récente de MSF a révélé que 19,5 pour cent de la population souffrait de malnutrition aiguë ou modérée, ce qui la rendait plus vulnérable aux maladies.
Des travailleurs humanitaires ont également identifié des poches de malnutrition dans d’autres sites, notamment à Ade où MSF vient d’ouvrir un centre nutritionnel thérapeutique.
« Les centres nutritionnels des ONG ont réalisé des évaluations en s’appuyant sur d’autres méthodes, mais il nous faut encore déterminer les causes de la malnutrition afin de savoir si elle est due à un manque de nourriture, aux mauvaises habitudes alimentaires ou aux maladies hydriques qui diminuent les éléments nutritifs des aliments consommés par les déplacés », a expliqué M. Augstburger.
Seules trois ONG disposent de dispensaires pour les déplacés, un sur chaque grand site.
Le seul hôpital disponible pour les 100 000 déplacés de la région se trouve à Goz Beida et ne compte que deux médecins. Dans beaucoup de sites, plus petits, les services de santé sont inexistants.
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