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Nouvelle catastrophe pour les communautés malgaches

Une grande partie du territoire malgache souffrait déjà de la sécheresse quand la saison cyclonique la plus dévastatrice de ces dernières années s’est abattue sur cette île de l’Océan indien, amenant les organisations humanitaires et le gouvernement à devoir lutter pour aider les communautés à survivre sans nourriture, sans écoles et sans hôpitaux.

Madagascar a été confrontée à une série de désastres - cyclones, tempêtes tropicales, inondations sans précédent, et sécheresse chronique dans le sud – qui ont été particulièrement graves, sur une île pourtant prédisposée aux catastrophes naturelles.

« Madagascar a été frappée par sept systèmes cycloniques et de violentes averses, qui ont provoqué des inondations sur la quasi-totalité du territoire national. Le paroxysme a été atteint avec le cyclone Indlala, qui s’est abattu le 15 mars : les rafales de vent et les averses ont endommagé les routes et les ponts, et provoqué des glissements de terrain, limitant ainsi l’accès à de nombreuses communautés », a expliqué Krystyna Bednarska, du Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM).

A la fin du mois de mars, les effets conjugués de ces désastres avaient laissé près d’un demi-million de personnes dans le besoin. Le cyclone Indlala, qui s’est abattu sur le nord-est et le nord-ouest avec des vents atteignant jusqu’à 220 km/h, a notamment provoqué d’énormes dégâts et aurait également fait 88 morts.

« J’ai tout perdu et je ne sais pas quoi faire. Nos maisons ont été détruites et nous avons perdu tous nos biens. On a réussi à garder nos casseroles, mais tout le reste a été emporté par les eaux », a déploré Maronama, une veuve du village d’Ambolodibe Est (nord-est) qui, à 53 ans, doit s’occuper de ses cinq enfants et six petits-enfants.

Au début de l’année 2007, des pluies précoces et particulièrement violentes se sont abattues sur la plupart des régions de l’île, provoquant des inondations dans les zones situées aux alentours de Tananarive, la capitale, dans le nord-ouest, le nord-est et le sud-est, et détruisant un réseau routier déjà insuffisant et des dizaines de milliers d’hectares de riz, l’aliment de base sur l’île.

L’accès limité aux régions touchées entravant gravement l’acheminement des secours, le PAM a lancé une opération d’héliportage d’une durée de quatre semaines dans les districts d’Antsohihy et d’Ambanja (nord-ouest). La dernière livraison a été effectuée la semaine dernière.

Les secours d’urgence, à savoir 100 tonnes métriques de nourriture et divers produits non-alimentaires tels que des filtres à eau, des seaux, du savon, des tentes et des kits scolaires – ainsi que des denrées alimentaires telles que des biscuits énergétiques – fournis par le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), ont été livrés, par voie aérienne, à 20 000 habitants isolés.

« Une fois que le cyclone s’est déplacé, je me suis rendu dans tous les villages et j’ai fait la liste de tous les habitants touchés. Certaines communautés ont encore besoin d’aide, mais elles sont très isolées », a déclaré Paul-Bert Andralahy, adjoint au maire d’Ambolodibe Est.

La communauté de ce village éloigné, qui compte quelque 1 150 habitants, n’a pas vraiment été avertie, selon M. Andralahy.

« La plupart des gens ne savaient pas qu’un cyclone se préparait. Il y a une radio dans un village des alentours et les habitants ont entendu parler du cyclone. Ils sont venus nous prévenir, mais personne ne les a crus », a-t-t-il affirmé.

« Aujourd’hui, la vie est très difficile car nous n’avons pas assez de nourriture. Le village vit principalement de l’élevage de bétail et la crue a emporté beaucoup de nos bêtes [...] et les glissements de terrain et les inondations ont détruit les rizières », a ajouté M. Andralahy.

Selon Bruno Maes, représentant de l’Unicef à Madagascar, les enfants sont particulièrement exposés en période d’urgence. « L’eau potable se fait rare et les cas de diarrhée se multiplient ; de plus, avec les inondations, les moustiques qui pullulent augmentent le risque de contracter la malaria ». Quant au traumatisme subi par les enfants, il s’agit aussi d’une question préoccupante, et il est important qu’ils puissent retrouver une vie « normale » le plus rapidement possible, a poursuivi M. Maes.

Marie Floiere Julianna, 14 ans, continue pourtant de suivre ses cours au milieu des gravas qui formaient auparavant les murs de sa salle de classe. « J’arrive à peine à reconnaître mon village. Il n’y a plus rien, l’école entière a été détruite », a-t-elle déclaré.
Près de 150 000 enfants n’ont pas pu aller à l’école depuis que le cyclone s’est abattu sur la région. D’après le ministère malgache de l’Education, 136 écoles ont été entièrement détruites et 591 autres ont été partiellement démolies depuis décembre 2006.

« Reconstruire les écoles sera long et difficile, mais les communautés ont fait d’énormes progrès pour permettre aux enfants d’avoir accès à l’éducation : des classes se tiennent dans les églises et les salles des fêtes, les charpentiers des villages confectionnent des bancs et des pupitres, et les maçons transportent des matériaux de construction sur leur dos, mettant souvent plusieurs jours pour arriver à destination », selon l’Unicef.

Madagascar est un des pays les plus pauvres du monde. En 2006, il était classé 143e sur 177 à l’Indice de développement humain du Programme des Nations unies pour le développement. Sur l’île, l’insécurité alimentaire saisonnière est monnaie courante, la période de soudure intervenant entre décembre et avril, au moment de la saison cyclonique.

Le 11 mai, les bailleurs de fonds avaient fourni 50 pour cent des 19,5 millions de dollars sollicités lors de l’appel d’urgence des Nations unies pour les cyclones et les inondations à Madagascar. A cette occasion, les Nations unies avaient prévenu que « les ressources domestiques [avaient] été épuisées », en raison du nombre et de la gravité des crises auxquelles le gouvernement et les acteurs humanitaires avaient été confrontés.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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