« La reprise du conflit dans le nord et l’est [du Sri Lanka] a de lourdes conséquences sur la reconstruction, notamment dans le district de Jaffna », selon un rapport compilé par l’agence principale chargée de la reconstruction après le tsunami, la Reconstruction and Development Agency (RADA), et l’Organisation internationale du travail (OIT).
Alors que les victimes qui se trouvent en dehors des zones de guerre ont un accès plus facile aux opportunités économiques, au logement et à d’autres initiatives menées dans le cadre de la reconstruction, plus de 70 pour cent des familles touchées par le tsunami à Jaffna gagnent moins de 2 000 roupies srilankaises (environ 20 dollars) par mois, selon l’étude.
Avec ce revenu, ils sont en deçà du seuil de pauvreté national, qui s’élevait à 2 240 roupies (environ 22 dollars) par mois en novembre 2006, date à laquelle l’étude a été menée.
« L’extension des zones de haute sécurité et la fermeture des routes qui permettaient d’acheminer les provisions ont eu une incidence sur les capacités de subsistance des familles de pêcheurs, ainsi que sur les industries et les services ; de plus, [ces mesures] constituent les facteurs dissuasifs majeurs de la relance et de la croissance économiques », a dit le rapport.
A partir de décembre 2005, la bataille séparatiste que mènent les Tigres de libération de l’Eelam Tamoul (TLET) depuis plus de trois décennies s’est intensifiée : troupes gouvernementales et rebelles sont en effet engagés dans un combat terrestre, maritime et aérien qui perdure.
Selon le rapport, un pourcentage considérable de rescapés du tsunami dans les autres régions touchées par le conflit, Mullaitivu, Trincomalee, Batticaloa et Ampara, gagnaient auparavant plus de 5 000 roupies (environ 50 dollars) par mois.
Toutefois, a averti Cynthia Caron, consultante de l’OIT qui a travaillé sur l’étude, il est possible que ces données aient considérablement changé depuis novembre et décembre 2006, date à laquelle les informations ont été obtenues, dans la mesure où l’escalade de la violence a entraîné un déplacement général de la population dans ces districts.
« Mullaitivu, par exemple, est sous le contrôle total des TLET, et ses habitants ont pu continuer à pêcher sans restrictions », a-t-elle déclaré. « Au moment de l’étude, Mullaitivu n’était pas sous les obus. Aujourd’hui, il est évident que les choses ont changé ».
Dans les districts orientaux de Batticaloa et Trincomalee, les attaques aux mortiers et les tirs d’artillerie des deux parties belligérantes ont perturbé l’agriculture pendant des mois et les restrictions imposées par les forces de sécurité ont empêché les pêcheurs de naviguer sur les eaux au large des côtes septentrionales et orientales.
Inflation et revenus accrus
Cependant, malgré ces déséquilibres régionaux, il ressort des données que dans l’ensemble, 90 pour cent des familles qui gagnaient un revenu avant le tsunami ont retrouvé de quoi assurer leur subsistance. Les 10 pour cent restants dépendent de revenus tirés de sources telles que les allocations de l’Etat et les envois de fonds de l’étranger.
En moyenne, les communautés touchées par le tsunami ont également des revenus accrus : 54 pour cent des familles déclarent qu’elles gagnent plus de 5 000 roupies par mois, alors qu’elles étaient environ 29 pour cent au moment de l’étude précédente, un an auparavant.
« Le recouvrement de revenus a été fort l’année dernière, avec une large amélioration des revenus mensuels, un nombre accru de femmes gagnant un revenu, et à peu près 80 pour cent des familles ayant retrouvé un logement permanent », lit-on dans le rapport.
Les données récentes montrent aussi que seuls huit pour cent des ménages gagnaient moins de 2 000 roupies par mois, comparés aux 26 pour cent de l’année d’avant, la plupart des membres de ce groupe de rescapés du tsunami vivant toujours dans des abris provisoires.
Cependant, malgré l’amélioration des niveaux de revenus, les gens ont le sentiment que la roupie ne permet plus de faire autant de dépenses qu’avant le tsunami, car ils ont été durement touchés par l’inflation et l’augmentation du coût de la vie.
« Leur pouvoir d’achat a baissé puisque les subventions ont été réduites plusieurs fois au cours de l’année 2006, pour des produits essentiels tels que le combustible et pour les denrées alimentaires comme le sucre et le riz », a noté le rapport.
Entre autres recommandations clés, la RADA et l’OIT ont préconisé de trouver des solutions permanentes pour les personnes qui vivent encore dans des camps et des sites provisoires, et que l’on crée des possibilités d’emplois pour les déplacés.
cj/bj/ail
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions