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Les familles de Libanais détenus en Syrie interpellent les Nations Unies et le gouvernement

Les activistes libanais exhortent les Nations Unies et le gouvernement libanais à accroître la pression sur Damas pour que le régime syrien divulgue les dernières informations concernant les quelque 600 Libanais détenus dans les prisons syriennes depuis les années 1970.

Alors que les familles des détenus manifestent pour la troisième année consécutive devant le siège des Nations Unies, à Beyrouth, les activistes demandent aux Nations Unies que l’affaire des détenus portés disparus soit prise en compte lors de la mise en oeuvre d’une série de résolutions du Conseil de sécurité, qui exige de la part de la Syrie le respect de la souveraineté du Liban.

« Depuis l’assassinat de [l’ancien Premier ministre] Rafik Hariri, les Nations Unies enquêtent sur l’ensemble des meurtres perpétrés au Liban. En conséquence, une enquête internationale indépendante devrait être menée sur les cas des prisonniers disparus », a déclaré Ghazi Aad, le président de l’organisation non gouvernementale Solide (Soutien aux Libanais détenus en exil).

« Les autorités libanaises ne sont pas en mesure de régler ce problème, tout comme elles ne sont pas parvenues à honorer les engagements pris auprès des citoyens », a-t-il poursuivi.

Au cours des 15 années de guerre civile qui ont ravagé le pays, quelque 17 000 personnes ont été portées disparues. La Syrie est intervenue au Liban en 1976, un an après le début de la guerre, et le pays du cèdre a été de facto dirigé par les forces syriennes en 1990, à la fin de la guerre.

Depuis le retrait des forces de Damas du Liban, conformément à la résolution 1559 adoptée par les Nations Unies en avril 2005, 643 prisonniers auraient été incarcérés dans des prisons syriennes, selon l’ONG Solide.

Ghazi Aad et d’autres activistes poussent les Nations Unies à reconnaître que l’application de la résolution 1559 - qui exige le retrait de toutes les forces étrangères du Liban - par la Syrie demeurera incomplète tant que Damas ne fournira pas des renseignements sur les prisonniers libanais portés disparus et qu’elle est supposée détenir.

Par le passé, les gouvernements libanais, sous mainmise syrienne, niaient l’existence de prisonniers libanais en Syrie. En 1995, Beyrouth a promulgué une loi stipulant que toute personne disparue pendant la guerre civile était officiellement morte.

En outre, la Syrie a également nié, à plusieurs occasions, détenir des ressortissants libanais dans ses prisons. Cependant, en 2000, des détenus libanais ont été libérés, après avoir été enlevés au Liban et passé plusieurs années en prison.

« Dépêchez-vous »

Sur la dernière photographie que Violette Nassif a de son fils Johnny, ce dernier est vêtu d’un t-shirt sur lequel est écrit « Dépêchez-vous ».

Cette image hante Mme Nassif depuis 17 ans, lorsque le jeune caporal de l’armée libanaise a été enlevé puis emprisonné à Damas, avec quelque 150 autres soldats, après la victoire syrienne sur l’armée libanaise en 1990.

Des larmes coulent sur le visage de Violette Nassif lorsqu’elle se souvient des années d’efforts vains pour, dans un premier temps, retrouver son fils qui aurait maintenant 34 ans s’il était toujours en vie, puis essayer de le ramener au Liban.

« Après la disparition de Johnny, en 1990, j’ai cherché son corps pendant des semaines, à la morgue, dans les hôpitaux et dans les prisons. Puis, des amis en Syrie m’ont annoncé qu’il avait été transféré à Damas », a confié Mme Nassif, alors qu’elle se trouvait à l’extérieur des bâtiments des Nations Unies à Beyrouth.

En novembre 1990, un mois après la disparition de son fils, Violette Nassif a reçu un télégramme de la part d’un officier de l’armée libanaise annonçant que Johnny et cinq autre Libanais n’étaient pas morts, mais emprisonnés en Syrie.

Quatre ans plus tard, Mme Nassif est finalement parvenue à rendre visite à son fils, incarcéré dans la prison centrale de Damas. Elle l’a revu deux ans plus tard, pour la dernière fois. Puis, en 2001, un ancien détenu libanais a déclaré à Violette Nassif avoir été dans la même prison que Johnny et lui a annoncé que son fils était encore en vie.

Portée par l’espoir de revoir un jour son fils, Violette Nassif manifeste devant le siège des Nations Unies, attendant des informations qui ne viennent jamais.

« Le gouvernement nous a abandonnés, en conséquence, une enquête indépendante internationale doit être menée. Cela fait maintenant deux années que nous manifestons. S’attendent-ils à nous voir mourir aussi? Pourquoi ne recherchent-ils pas leurs soldats portés disparus? », a-t-elle déploré.

Les responsables syriens ont annoncé qu’ils mèneraient leur propre enquête afin de retrouver les quelque 800 Syriens disparus au Liban.

« Les crimes commis par le Liban sur les citoyens syriens ont été pour la plupart motivés par la haine politique, dans le but de diviser le Liban en de petits états dévoués aux gouvernements d’Israël », a dit, l’année dernière, le député Faysal Kalthoum, porte-parole du Comité National pour les Syriens disparus au Liban, au quotidien syrien Tishrine.

Ghassan Moukheiber, député libanais et président de la Commission parlementaire des droits de l’homme, a déclaré la semaine dernière que la commission étudierait tous les dossiers des Libanais disparus en Syrie, en Israël et en Libye.

« Il est grand temps que nous nous penchions sur cette question humanitaire et morale afin de dévoiler la vérité sur ceux qui sont toujours en vie et sur ceux qui ne le sont plus », a-t-il conclu.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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