Détenu dans une prison israélienne, où il sert une peine de réclusion à perpétuité, Ahmed Tamimi attend de subir une greffe du rein. Il y a quatre ans, son neveu Amin s’était présenté comme donneur, mais les autorités israéliennes ont refusé de financer l’opération.
Selon Alex Adler, médecin-chef des services pénitentiaires israéliens (IPS) il n’est pas question de financer cette opération parce que M. Tamimi n’en a pas besoin urgemment.
« Je veux insister sur le fait que les prisonniers bénéficient de tous les traitements médicaux appropriés lorsque la situation est urgente ou qu’il y a risque de mort d’homme », a-t-il dit.
M. Tamimi, 46 ans, a été emprisonné en 1993 pour le meurtre d’un colon israélien de la rive ouest. Il traîne également un passé cruel, deux de ses frères, ainsi que le père et la sœur de sa femme, ont été tués par l’armée israélienne.
Son cas a suscité une controverse en Israël où un juge et un membre de la Knesset, le parlement israélien, se sont opposés à ce que l’Etat paie les 90 000 dollars nécessaires à l’opération, parce que M. Tamimi a été condamné pour le meurtre d’un Israélien.
Après tout, les 10 000 prisonniers palestiniens détenus en Israël ne sont pas plus marginalisés que d’autres lorsqu’il s’agit de soins médicaux. En effet, tous les prisonniers, quelque soit leur origine, n’ont droit qu’à des soins médicaux de piètre qualité, a déploré l’association Médecins israéliens pour la défense des droits de l’homme (PHR).
« Une population carcérale abandonnée »
« En général, les détenus sont une population abandonnée. Le cas le plus pathétique est celui des travailleurs migrants qui ne peuvent pas communiquer avec le personnel pénitentiaire », a indiqué Anat Litvin, responsable à PHR du service qui s’occupe des prisonniers. « Ensuite, il y a celui des prisonniers palestiniens et israéliens. Dans le cas de M. Tamimi, l’IPS fuit ses responsabilités face à une opération aussi onéreuse ».
Il a été annoncé à la famille de M. Tamimi que l’opération de ce dernier coûterait 90 000 dollars à ses parents ou à l’Autorité palestinienne, bien que d’après la législation israélienne, tous les prisonniers bénéficient d’une couverture médicale quelle que soit leur origine.
La PHR a intenté un procès devant le tribunal civil du district de Tel-Aviv chargé des procès en appel des prisonniers et, en décembre 2005, la juge Noga Ohad a prononcé son verdict.
« Peut-on, sur le petit budget destiné à venir en aide aux populations, fiancer l’opération d’une personne venue chez nous pour nous assassiner ? », s'est interrogée la juge, avant de débouter M. Tamimi.
« Il est impensable qu’on puisse établir un lien entre le motif de l’emprisonnement d’un détenu et les services médicaux auxquels il peut prétendre en prison », a déclaré Mme Litvin.
La Cour suprême a annulé la décision de la juge Ohad, et M. Tamimi a, l’été dernier, été orienté vers l’hôpital Beilinson, près de Tel-Aviv ou il effectuera les examens permettant de s’assurer que son neveu Amin est un donneur compatible.
Des militants palestiniens de la bande de Gaza détiennent eux-aussi un prisonnier israélien dont on a peu d’information sur l’état de santé. Selon ses ravisseurs, il serait en bonne santé et aurait reçu le mois dernier de nouvelles paires de lunettes envoyées par sa famille.
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