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Des ONG israéliennes demandent la libération de réfugiés soudanais

Plusieurs ONG israéliennes sont en train de mener campagne pour obtenir la libération de 120 réfugiés soudanais arrêtés et détenus dans les prisons israéliennes pour être entrés illégalement en Israël.

Ces réfugiés ont fui le Soudan, puis l’Egypte, et font partie d’un groupe de 320 Soudanais (des jeunes pour la plupart) qui ont marché pendant une semaine dans le désert et sont entrés en territoire israélien en traversant sa frontière poreuse de 200 kilomètres. Le désert était jonché de corps de personnes qui n’avaient pas survécu à cet épuisant voyage.

Une fois en Israël, la plupart des rescapés ont été emprisonnés, mais des ONG comme Israeli Hotline for Migrant Workers (service israélien d’assistance aux travailleurs immigrés) sont parvenues à en faire libérer 200 qui ont été intégrés dans des kibbutzim et moshavim – exploitations collectives israéliennes- où ils travaillent actuellement. Des groupes de femmes et d’enfants sont hébergés dans des pavillons, près de la ville portuaire de Haïfa (Nord).

« Pourquoi avons-nous été jetés en prison ? Pourtant, nous sommes des réfugiés, nous pensions qu’Israël était une démocratie et que ce pays ne pourrait jamais nous emprisonner pour avoir fui le génocide dans notre pays. Nous sommes de plus en plus désespérés », a déclaré un prisonnier soudanais qui a requis l’anonymat.

La porte-parole du ministère israélien de l’Intérieur, Sabine Haddad, a affirmé que le gouvernement faisait de son mieux pour trouver une solution à ce problème.

Toutefois, ces Soudanais ne bénéficient pas encore du statut de réfugié, car depuis 1948 l’Etat d’Israël considère le Soudan comme un pays ennemi.

Selon l’ONG Hotline, Israël viole l’article 44 du protocole additionnel de la Convention de Genève, initié en 1951 par ce même pays après qu’on ait découvert que des réfugiés juifs allemands avaient été emprisonnés aux Etats-Unis pendant la seconde guerre mondiale parce qu’ils étaient citoyens d’un pays ennemi.

Un scandale révoltant

« Cette affaire est révoltante. Israël est en train de faire exactement la même chose à ces personnes ayant fui le génocide au Soudan », a affirmé Sigal Rosen, la porte-parole de Hotline.

Les Soudanais ont commencé à traverser la frontière israélo-égyptienne après la sanglante répression du Mustafa Mahmud Park, au Caire, en 2005, où l’intervention de la police égyptienne avait fait 27 morts et de nombreux blessés parmi les manifestants.

Le voyage peut durer entre deux jours (pour ceux qui peuvent se payer les services de guides bédouins) ou une semaine (pour ceux qui tentent la traversée par leurs propres moyens). Pour échapper aux patrouilles de l’armée égyptienne, les réfugiés ont traversé à pied et en pleine nuit la frontière israélo-égyptienne.

« Si les soldats égyptiens m’avaient capturé, ils m’auraient tué », a confié Bitian, un jeune réfugié qui a passé 10 mois dans la prison de Ketziot, dans le désert du Néguev.

Les multiples coupures et autres contusions constatées sur les pieds des réfugiés témoignent de la longueur de ce périple, ont fait remarquer certains travailleurs humanitaires, personnels pénitentiaires et membres d’associations de bénévoles. Ces réfugiés arrivent dans le Sud d’Israël en ayant pour unique bagage les habits qu’ils portent sur le dos. Beaucoup d’entre eux souffrent également de déshydratation.

« Si vous voulez traverser la frontière avec votre famille, il vous faut payer plusieurs centaines de dollars aux Bédouins. Beaucoup n’ont pu à aller au bout voyage et leurs corps ont été abandonnés dans le désert », a souligné un autre réfugié du Sud Soudan qui a souhaité garder l’anonymat.

La plupart des réfugiés ont des parents au Soudan, certains dans des camps au Darfour, et ils craignent que le gouvernement ne commette des exactions à l’encontre de ceux-ci, s’ils révélaient leur identité.

En prison avec des criminels israéliens

Quelque 46 Soudanais sont détenus dans une aile de la maison d’arrêt en compagnie d’autres criminels israéliens incarcérés dans la prison de Ketziot, dans le désert du Néguev. De nombreux Palestiniens y sont également détenus pour des raisons de sécurité.

Auparavant, ils avaient été placés sous des tentes et la prison représente pour eux une réelle amélioration par rapport à leurs conditions de vie passées.

Ils bénéficient de soins médicaux et de services sociaux. Ceux qui désirent travailler sont payés environ 30 dollars américains le mois, une somme qu’ils utilisent pour leurs appels téléphoniques ou pour acheter des produits à la cantine de la prison.

Dans les kibbutzim et les moshavim, les Soudanais jouissent d’une plus grande liberté, mais ils ne doivent pas s’aventurer seuls hors des Kibboutz.

« On vit dans de bonnes conditions, ils font en sorte que l’on se sente chez nous, mais je regrette ma liberté. J’aurais souhaité qu’ils nous laissent sortir seuls du Kibboutz », a confié un réfugié travaillant dans le Kibboutz de Yotvata, et dont toute la famille a péri au Soudan.

Les associations Hotline et the Clinic for Refugees Rights de l’Université de Tel-Aviv ont introduit un recours auprès de la Cour Suprême israélienne, arguant que la détention de réfugiés dans des cellules en compagnie de criminels était interdite par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), et que leur détention n’était pas justifiée, étant donné que ces réfugiés ne peuvent pas être renvoyés en Egypte ni au Soudan.

Mercredi dernier, la Cour Suprême a demandé à l’Etat de lui fournir, dans un délai de 45 jours, les raisons de l’incarcération de ces réfugiés.

« Toutes les parties concernées, y compris les ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères, ainsi que la police de l’immigration, essaient de trouver une solution à ce problème spécifique », a indiqué Sabine Haddad, la porte-parole du ministère israélien de l’Intérieur.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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