Le gouvernement soudanais n’a pas protégé les populations civiles du Darfour et a orchestré et commis des atrocités contre son peuple, a accusé la mission spéciale du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies sur la situation dans cette région du Soudan.
« La situation [au Darfour] est caractérisée par une violation massive et systématique des droits de l’homme et par de graves atteintes au droit humanitaire international », a dénoncé le rapport rédigé par une équipe du Conseil des droits de l’homme de l’ONU dirigée par Jody Williams, lauréat du prix Nobel de la paix.
« Le cas de violation des droits de l’homme le plus flagrant est la violente campagne de représailles orchestrée par le gouvernement du Soudan et ses milices Janjawid et qui a visé essentiellement les populations civiles », a noté le rapport, publié à l’ouverture de la session de trois semaines du Conseil des droits de l’homme.
Le rapport a dénoncé notamment les meurtres, tortures, viols en réunion, déplacements forcés et arrestations arbitraires commis par les forces gouvernementales et leurs supplétifs, épinglant également les forces rebelles, responsables elles aussi de graves atteintes aux droits de l’homme et au droit humanitaire.
« Toutes les parties au conflit doivent reconnaître que les principes en matière de droits de l’homme et de droit humanitaire doivent être respectés pendant un conflit armé interne et, qu’en aucun cas, la [confusion créée par] la guerre ne peut servir de prétexte pour justifier la violation de ces principes », a ajouté le rapport.
Selon la mission, qui a mené ses travaux du 5 février au 7 mars, toutes les initiatives de la communauté internationale, notamment celles prises par les Nations Unies et l’Union Africaine pour résoudre la crise du Darfour, ont été systématiquement contrecarrées par les autorités soudanaises ou se sont révélées inadaptées et inefficaces.
Les membres de la mission – qui se sont vus refuser le visa d’entrée au Soudan – ont dû s’appuyer sur les preuves fournies par des témoins vivant dans les pays voisins, notamment des réfugiés soudanais et des travailleurs humanitaires, pour élaborer leur rapport.
La mission a exigé une meilleure protection de la population civile, la poursuite des négociations pour trouver une solution pacifique au conflit, l’accroissement de l’aide humanitaire et l’indemnisation des victimes.
En cas de refus par les autorités soudanaises d’assurer la protection de la population civile du Darfour, le rapport a appelé la communauté internationale à prendre immédiatement ses responsabilités.
La mission a recommandé au gouvernement du Soudan de coopérer pleinement avec les Nations Unies et l’Union Africaine en vue d’autoriser le déploiement d’une force mixte de maintien de la paix au Darfour.
Elle a appelé également le gouvernement à lever les obstacles à la distribution de l’aide humanitaire et à respecter ses obligations vis-à-vis de la convention internationale des droits de l’homme et du droit humanitaire.
Le conflit du Darfour a éclaté en 2003 lorsque des groupes de rebelles ont pris les armes contre le gouvernement de Khartoum qu’ils accusaient alors de marginalisation et d’abandon économique de la population de la région.
Pour mâter ce mouvement insurrectionnel, les autorités soudanaises ont armé des milices arabes, les Janjawid, accusées à leur tour de mener des campagnes systématiques de meurtres, de viols et de pillages visant les populations non arabes du Darfour.
Le conflit du Darfour a fait près de deux millions de déplacés et débordé sur l’est du Tchad et le nord-est de la République centrafricaine.
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