Les forces de maintien de la paix déployées par l’Union Africaine (UA) à Mogadiscio, la capitale de Somalie, n’hésiteront pas à riposter si elles sont attaquées par les rebelles qui ont ouvert le feu mardi près de l’aéroport de la ville, a prévenu Assane Ba, le porte-parole de la Mission de l’Union Africaine en Somalie (AMISOM).
« Ces attaques peuvent nous amener à revoir notre [stratégie], mais pour l’instant, le plan de déploiement des troupes n’est pas remis en question », a déclaré M. Ba, depuis le siège de l’UA à Addis Abeba, la capitale éthiopienne. Quelque « 350 hommes de troupes de l’armée ougandaise sont arrivés mardi et nous en attendons d’autres dans les prochains jours ».
Notant au passage que les attaques au mortier perpétrées mardi à l’aéroport de Mogadiscio étaient peut-être destinées à amener l’UA à revoir sa stratégie de déploiement, M. Ba a indiqué que les opérations se poursuivraient, conformément aux dispositions arrêtées avec les pays contributeurs de troupes.
L’Ouganda enverra 1 600 hommes en Somalie, un pays qui n’était plus gouverné depuis au moins 15 ans. Selon M. Ba, le Burundi a promis d'envoyer 1 500 à 1 600 soldats, le Nigeria 850, le Ghana 350 et le Malawi n’a pas précisé les effectifs de son contingent.
L’Algérie assure le transport des troupes ougandaises et les Etats-Unis fournissent une aide financière et logistique à l’Ouganda. La France, pour sa part, fournira une aide aux Burundais.
Des combats ont éclaté mardi à Mogadiscio lorsque plusieurs obus de mortier ont touché l’aéroport, peu après l’arrivée des troupes ougandaises. Ces combats ont opposé des assaillants non identifiés aux troupes gouvernementales somaliennes, appuyées par les forces éthiopiennes.
« Huit obus de mortier sont tombés sur l’aéroport pendant l’accueil du premier contingent des troupes ougandaises », a confié à IRIN un journaliste de la presse locale, sous le couvert de l’anonymat.
« Vers 13 heures [10 h GMT], des échanges de tirs ont eu lieu dans le quartier de Shirkole [sud de Mogadiscio] entre des hommes armés et les troupes éthiopiennes, lorsque celles-ci ont tenté d’étendre leur zone de contrôle. Ces échanges de tirs ont été très intenses et se sont poursuivis jusqu’à 17 heures », a-t-il ajouté.
Toujours selon le journaliste, ces escarmouches ont fait au moins six morts et plus de 20 autres blessées. Toutefois, des sources médicales ont fait savoir que le nombre de morts pourrait être bien plus élevé car beaucoup de victimes sont enterrées à la sauvette et ces décès ne sont pas enregistrés dans les hôpitaux.
Par ailleurs, d’autres sources médicales ont affirmé que la plupart des victimes civiles se sont retrouvées prises au piège entre deux feux.
Selon Hassan Muhammad, un habitant de Shirkole, la situation mercredi était encore tendue, et « beaucoup d’habitants de ce quartier ont quitté leur maison depuis la veille. On ne sait pas se qui peut se passer d’une minute à l’autre », a-t-il déploré.
De plus en plus de personnes quittent la ville pour échapper aux tirs de mortier et d’artillerie échangés quotidiennement entre les forces gouvernementales et les insurgés. Selon des associations de la société civile, 3 000 à 5 000 familles [18 000 à 30 000 personnes] ont quitté Mogadiscio depuis le mois de janvier.
« Le plan de déploiement est différent de celui du Darfour [la région ouest du Soudan, où l’UA dispose de 7 000 soldats de maintien de la paix] », a indiqué M. Ba. « L’UA a fixé les lignes directrices du plan de déploiement et a signé des accords avec les pays contributeurs de troupes pour qu’ils versent un salaire mensuel de 500 dollars à chaque soldat. Mais les pays sont responsables de leurs propres structures de commandement et de la phase opérationnelle du déploiement ».
A propos du mandat des forces de maintien de la paix en Somalie, M. Ba a expliqué que la mission des troupes de l’UA est d’aider les Somaliens à renouer le dialoguer et de renforcer le pouvoir du gouvernement de transition.
« Si la nouvelle dynamique engagée permet de renforcer le pouvoir du gouvernement fédéral de transition, alors nous devons aider les Somaliens. Notre action s’inscrira dans le cadre d’une assistance à un Etat », a-t-il souligné.
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