Lundi encore, de nouveaux barrages routiers étaient dressés et les affrontements avec les forces de sécurité se poursuivaient.
Selon les correspondants d’IRIN à Conakry, des manifestants s’en sont également pris aux automobilistes et aux passants. Des magasins ont été pillés et plusieurs domiciles ont été cambriolés dans les banlieues.
Les récents affrontements sont survenus dès le premier jour de la reprise de la grève générale décrétée après la nomination par le Président Conté d’un nouveau Premier ministre issu du cercle de ses proches collaborateurs, un choix contraire aux engagements qu’il avait pris de nommer un chef de gouvernement de large consensus. Lors de la précédente grève, suspendue le 29 janvier, 59 personnes ont été tuées par balles au cours des 18 jours de manifestations qui ont secoué toutes les villes du pays.
Lundi, le siège de Liberté FM, une des deux radios indépendantes du pays, a été saccagé par des soldats en bérets rouges, se présentant comme des membres de la garde présidentielle. La station a cessé d’émettre en milieu de matinée.
Puis, vers midi, des coups de feu ont été entendus dans la principale caserne de l’armée, à Conakry. Les soldats réclamaient le paiement de leurs salaires ainsi que des promotions, ont confié de hauts responsables de l’armée. La mutinerie a rapidement été circonscrite, après la promulgation par le Président Lansana Conté d’un décret accordant un grade supérieur à chaque soldat.
Au cours des émeutes de ce weekend, les maisons d’au moins deux ministres du gouvernement ont été mises à sac, ainsi que les bureaux et domiciles des responsables locaux des capitales régionales de Nzérékoré (sud-est) et de Labé (centre). Dans la capitale régionale de Kankan (est) qui, comme Conakry, a été le théâtre des plus grandes manifestations et scènes de violence au cours du mois en janvier, les manifestants ont affronté la police samedi et libéré les prisonniers de la prison municipale.
Cette forme de violence et d’anarchie est une première dans l’histoire récente de la Guinée. En effet, certains analystes de la région considéraient que ce pays était politiquement stable et que ses forces de sécurité étaient suffisamment répressives pour dissuader les Guinéens d’organiser des manifestations publiques.
Et contre toute attente, les leaders des puissantes centrales syndicales ont lancé en 2006 un mot d’ordre de grève pour protester contre l’inflation galopante et la dégradation du niveau de vie.
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