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Lancement des opérations de dépollution des décharges publiques d'Abidjan

Equipés d’une combinaison de protection et de masque, des experts internationaux ont commencé à nettoyer les déchets toxiques déversés dans des décharges publiques d’Abidjan, la capitale économique, et alors que le mandat du Président tire à sa fin, ce scandale écologique exacerbe encore plus les tensions dans la capitale.

Sept personnes sont mortes des suites de l’intoxication liée directement aux émanations de ces déchets toxiques, bien qu’aucune autopsie n’ait été pratiquée pour confirmer la cause des décès.

Selon les services d’urgence des hôpitaux, plus de 44 000 personnes sont venues en consultation dans les hôpitaux et les cliniques. Toutefois, il n’a pas été possible de distinguer les patients souffrant de pathologies directement liées aux déchets toxiques de ceux qui, profitant de la gratuité des soins, sont venus se faire soigner pour une toute autre maladie.

A en croire les autorités sanitaires, soixante-six personnes ont été soumises à d’autres examens médicaux.

Les conditions de vie en Côte d’Ivoire se sont détériorées depuis le déclenchement de la guerre civile en septembre 2002, un conflit qui a entraîné une scission du pays entre le nord, occupé par la rébellion et le sud, contrôlé par les troupes gouvernementales. En outre, le plan de paix élaboré par les Nations unies est de nouveau dans l’impasse alors que le mandat du Président Laurent Gbagbo expire fin octobre et qu’à ce jour, aucune solution politique n’a été trouvée pour assurer la continuité de l’Etat après cette période.

L’équipe de dépollution de la société française Séché a commencé à pomper la boue noire des déchets toxiques déversés dans la principale décharge publique d’Abidjan qui, de tous les sites répertoriés dans la capitale – une dizaine au moins - fait partie des sites les plus pollués.

Les opérations de dépollution devraient durer plusieurs semaines, ont indiqué les autorités locales.

« C’est une opération dangereuse », a tenu à souligner Henri Petitgand, porte-parole du groupe Séché. « Les gens ne devraient pas s’approcher des sites sans porter des combinaisons de protection ».

Les déchets toxiques sont arrivés le mois dernier au port d’Abidjan dans un navire affrété par la Trafigura Beheer, une société néerlandaise, puis une entreprise ivoirienne a assuré le déchargement et l’élimination de ces déchets. Selon un rapport des Nations unies, ces déchets contiennent de l’hydrogène sulfuré, un produit qui peut être mortel s’il est inhalé en grande quantité.

Le scandale de déchets toxiques est un problème de plus dans un contexte politique ivoirien déjà très complexe. Très en colère, des jeunes Abidjanais ont molesté le ministre des Transports et mis le feu au domicile du Directeur général du port d’Abidjan. Selon eux, tous deux sont impliqués dans cette affaire.

Près de deux semaines après que l’affaire des déchets toxiques ait été rendue publique, le Premier ministre a présenté sa démission au Président Gbagbo qui l’a reconduit dans ses fonctions. Samedi dernier, un nouveau gouvernement a été formé et pratiquement tous les ministres du précédent cabinet ont été reconduits, à l’exception des ministres des Transports et de l’Environnement.

Quant au ministère de l’Intérieur, il est désormais divisé en deux entités, la Sécurité et l’administration territoriale, et deux nouveaux secrétaires d’Etat ont été nommés aux portefeuilles des Droits de l’homme et de la Bonne gouvernance.

Pour le Premier ministre Charles Konan Banny, le ministre des Transports a été limogé parce qu’il aurait délivré les autorisations – ou parce que celles-ci auraient été délivrées par des services placés sous sa responsabilité et « liés à cette affaire ».

Quant au ministre de l’Environnement, il a été désapprouvé par son parti, a indiqué M. Banny.

Il n’est pas impossible que des pots-de-vin aient été versés pour rendre possible le déversement des déchets toxiques dans les décharges publiques, a souligné le Premier ministre.

« Je ne pense pas que ces opérations aient pu avoir lieu sans que de l’argent ait été distribué. Il y a probablement un corrupteur et un corrompu », a-t-il ajouté.

Le gouvernement a ouvert une enquête pour faire la lumière sur le scandale des déchets toxiques et de hauts responsables ont été suspendus dont le Directeur général du port d’Abidjan et le Directeur des douanes.

Les déchets ont été découverts par des habitants qui commençaient à se plaindre d’odeurs nauséabondes et de problèmes de santé persistants, de vomissements, de difficultés respiratoires et de maux de tête.

« La peur est grande et c’est normal. La population a de bonnes raisons d’être en colère car des gens souffrent », a indiqué M. Banny. « Mais ils ne devraient pas être trop inquiets parce que nous connaissons maintenant la nature des déchets et que nous avons pris les mesures appropriées pour leur venir en aide ».

Les substances toxiques sont pompées dans des fûts qui seront ensuite stockés dans des conteneurs sécurisés avant d’être envoyés en Europe pour y être détruits. Des pays donateurs fournissent une aide financière à la Côte d’Ivoire pour payer les opérations de dépollution mais, a indiqué M. Banny, les responsables à l’origine de ces déversements illicites devront rembourser le coût de ces opérations.

« La convention de Bâle stipule que les pollueurs doivent être les payeurs », a-t-il prévenu.

Signée en 1989, la convention de Bâle a pour objectif de contrôler les mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et de protéger les pays pauvres afin qu’ils ne soient pas des déversoirs pour ces déchets. Elle stipule notamment que le pays à l’origine de déversements illicites de déchets dangereux doit payer les frais afférant à leur élimination.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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