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Les risques d’intoxication se dissipent, mais les craintes des Ivoiriens persistent

Alors que l’odeur nauséabonde des déchets toxiques déversés à Abidjan le mois dernier commence à se dissiper et que la principale menace d’intoxication et de maladie s’estompe, les habitants, mal informés sur la nature et les dangers des résidus toxiques, continuent d’affluer vers les services de consultations des hôpitaux de la capitale économique.

Selon les informations recueillies par le groupe des Nations unies sur l’évaluation des désastres et la coordination (UNDAC) et par une équipe d’experts dépêchée par la France, 400 tonnes de résidus de raffinage de produits pétroliers ont été déchargées dans différents sites d’Abidjan (entre dix et quatorze endroits) les 19 et 20 août derniers.

L’UNDAC a indiqué que le site le plus sévèrement pollué était la décharge municipale d’Akouédo, où vivent et travaillent des centaines de personnes. Des déchets ont également été déversés le long des routes, dans un canal conduisant à un lac et dans divers terrains vagues.

Les Nations unies conseillent aux Ivoiriens de se tenir éloignés de tout endroit ou point d’eau contaminé par ces déchets, de ne manger ni animaux ni poissons trouvés à proximité des sites identifiés.

Bien que des émanations chimiques persistent au niveau des zones polluées et causent des irritations aux yeux et à la gorge des personnes qui les inhalent, les derniers échantillons et analyses de l’air effectués près des différents sites n’ont révélé qu’une présence infime de molécules toxiques, ont déclaré les experts de l’UNDAC.

« Aujourd’hui, il est peu probable qu’une personne s’intoxique en inhalant ces émanations puisque cela fait plusieurs semaines que les déchets ont été déversés. Aucun niveau élevé de molécules toxiques n’a été enregistré dans l’air prélevé à proximité des déchets », a précisé l’UNDAC.

De toute évidence, les résidus contenaient des molécules toxiques. En conséquence, si un individu avait directement été en contact avec ces substances volatiles ou en avaient inhalées le jour qui a suivi le déchargement des déchets, celui-ci aurait contracté une grave maladie, ont expliqué les experts du groupe onusien.

Des milliers d’Ivoiriens ne sont rendus dans les hôpitaux de la ville, se plaignant de difficultés respiratoires, de maux d’estomac, de nausées et de vomissements.

Selon les chiffres avancés mardi par le ministère de la Santé, les centres hospitaliers d’Abidjan ont soigné gratuitement quelque 9 000 patients. De nouveaux rapports ont indiqué que jusqu’à 16 000 personnes se sont rendues en consultation dans les hôpitaux de la ville.

Cependant, concernant les personnes vivant près des sites pollués, le personnel médical s’est dit incapable d’indiquer le nombre de fois qu’elles sont revenues en consultation pour avoir ressenti les mêmes symptômes.

Par ailleurs, il n’est pas possible de déterminer la proportion de gens qui, profitant de la gratuité des consultations, se sont rendus à l’hôpital pour se faire soigner d’autres pathologies que celles liées aux déchets toxiques.

Si certains rapports font également part du déversement de résidus toxiques dans la lacune Ebrié, l’UNDAC n’est pas en mesure de confirmer ces informations. De même, elle ne peut affirmer que la présence de poissons morts dans la lagune est liée aux déchets toxiques.

L’agence onusienne a toutefois reconnu qu’il y avait un risque potentiel de contamination pour la population si elle mangeait des légumes et des poissons qui se trouvaient dans une zone polluée, en raison de la présence de molécules toxiques dans les eaux de surface et dans les nappes phréatiques. Cependant, aucun cas de contamination n’a été prouvé.

Le rapport rédigé par l’équipe d’experts français a indiqué qu’à Abidjan, les nappes phréatiques n’avaient pas été polluées en raison de leur profondeur.

A l’heure actuelle, le service des eaux contrôlent la qualité de l’eau trois fois par jour et n’ont signalé aucune anomalie.
Même si selon les rapports scientifiques il n’y a plus de raisons de craindre des cas mortels de contamination au sein de la population, Abidjan n’est pas encore débarrassée des déchets toxiques. Seuls quelques sites identifiés ont été isolés.

Des spécialistes de la pollution ont expliqué à IRIN qu’il fallait désormais transférer les résidus vers des bassins hermétiques.

« Le temps qu’il faut pour que le réseau de distribution d’eau potable soit contaminé dépend de la profondeur des nappes phréatiques. Cela peut prendre beaucoup de temps car le polluant doit s’infiltrer dans le sol », a expliqué Sabeha Ouki, professeur de gestion et contrôle de la pollution à l’Université de Suffolk au Royaume-Uni.

« Si les quantités [de déchets] sont importantes, le sol contaminé doit être transféré vers un endroit où il pourra être correctement traité », a-t-elle ajouté.

L’UNDAC partage le point de vue du professeur Sabeha Ouki et recommande que « le nettoyage des sites pollués débute le plus vite possible. « Un plan d’action pour le chargement, le transport, le stockage, l’analyse et le traitement des déchets ainsi que pour le contrôle de la qualité de l’air et la mise en place d’autres mesures de sécurité doit être intégré aux opérations de nettoyage ».

Ce scandale sanitaire a pris une tournure politique et, la semaine dernière, l’affaire des déchets a contraint le gouvernement ivoirien à la démission.

Après avoir été reconduit dans ses fonctions, le Premier ministre Charles Konan Banny devrait annoncer le nouveau gouvernement d’ici la fin de la semaine.

Cependant, les principaux partis de l’opposition ont signalé qu’ils n’intègreraient pas le nouveau gouvernement tant que les responsables n’étaient pas arrêtés.

Les autorités ivoiriennes ont arrêté sept personnes impliquées dans l’affaire des déchets toxiques, dont trois qui travaillaient aux services des douanes et un haut responsable du ministère des Transports.

Selon la presse, le cargo grec à l’origine de la crise travaillait pour un groupe néerlandais de trading spécialisé dans le marché de l’énergie et des métaux de base. La compagnie avait apparemment chargé une société ivoirienne de se débarrasser de ces déchets.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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