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L'affaire des déchets toxiques contraint le gouvernement à la démission

Le Président Laurent Gbagbo a accepté la démission sans précédant du gouvernement ivoirien, alors que l’affaire des déchets toxiques déversés à Abidjan, la capitale économique, continuent de susciter la colère de la population et de faire des milliers de malades.

Après avoir reconduit Charles Konan Banny dans ses fonctions de Premier ministre, le Président Gbagbo l’a chargé de former un nouveau gouvernement.

« Il faut comprendre que rien n’est au dessus de la santé des Ivoiriens. Il faut qu’on comprenne qu’on ne peut pas tuer les Ivoiriens comme ça. La mort a été semée de façon volontaire ou involontaire. La justice fera la part des choses », déclarait Gbagbo après le conseil des ministres extraordinaire de mercredi dernier à Yamoussoukro.

Les déchets toxiques déversés dans différents quartiers sont des résidus de produits pétroliers déchargés le mois dernier d’un cargo dans le port d’Abidjan. Ce scandale sanitaire vient s’ajouter à la situation politique déjà tendue, après l’échec de la réunion de Yamoussoukro organisée par le Premier ministre pour sortir le processus de paix de l’impasse.

Mercredi et jeudi, des centaines de personnes ont protesté contre la présence de déchets toxiques à Abidjan en dressant des barrages routiers et en brandissant des affriches accusant le gouvernement de négligence.

Hubert Oulay, porte-parole du Président, a annoncé mercredi la distribution d’eau potable à la population, le renforcement de la sécurité aux sites pollués et la gratuité des soins médicaux pour les personnes intoxiquées.

Des centaines de personnes se sont rendues dans les hôpitaux d’Abidjan après avoir inhalé des émanations de gaz toxiques. Selon le ministère de la Santé, 5 personnes seraient mortes et plus de 5 000 seraient intoxiquées.

Pour rassurer la population, les autorités ont commencé à localiser les sites de décharge des déchets toxiques. Neuf sites auraient été identifiés jusqu’à présent, dont certaines bouches d’égout.

A en croire les organisations humanitaires, la Côte d’Ivoire a lancé un appel à la communauté internationale pour obtenir une aide financière de 13,5 millions de dollars américains afin de faire face à la situation. Les agences des Nations unies et les ambassades occidentales ont indiqué qu’elles souhaitaient auparavant inspecter les sites pollués avant de prendre des engagements. Plusieurs équipes des Nations unies et de l’Organisations mondiale de la Santé (OMS) se sont déjà rendues sur ces sites et la France a dépêché sur place une équipe d’experts.

« La communauté humanitaire est prête à intervenir dès les résultats des expertises connus. Pour l’instant rien n’a été fait et nous n’avons aucune information sur les besoins en médicaments par exemple », a indiqué un acteur humanitaire.

Selon Trafigura Beheer B.V, un groupe néerlandais de trading spécialisé dans le marché de l’énergie et des métaux de base, une société ivoirienne a été chargée il y a deux semaines de vidanger les déchets toxiques et de la gestion des résidus d’hydrocarbures.

En juillet, les Pays-Bas ont refusé d’accepter les déchets qui contenaient de l’hydrogène sulfurisé et du mercaptan, en raison de la toxicité de ces composés chimiques et du coût de la gestion de ces déchets, comme le rapportent des medias européens.

Un rapport du Centre anti-pollution ivoirien (CIAPOL) expliquait que l’hydrogène sulfurisé est « une substance toxique qui peut provoquer une mort immédiate lorsqu’elle est inhalée ».

« Nous ne connaissons pas encore l’ampleur de la catastrophe, mais ce que les hommes politiques savent, c’est qu’en terme de répercussions sur les populations, c’est très important », déclarait un diplomate occidental. « Il y a un véritable fossé qui est en train de se creuser entre les populations et les hommes politiques. Il y a un grand désarroi, les gens ne croient plus en rien, ils disent que personne ne va s’occuper d’eux ».

Et quant à l’avenir politique de la Côte d’Ivoire, nul ne sait pour l’instant qui dirigera le pays après le 31 octobre, date prévue pour les prochaines élections présidentielles. Selon certains représentants des Nations unies, tout porte à croire que le scrutin sera reporté.

La Côte d’Ivoire est divisée en deux depuis la tentative ratée de coup d’Etat en septembre 2002. Environ 10 000 Casques bleus des Nations unies et de la France surveillent la zone tampon entre le nord, détenu par les rebelles, et le sud, contrôlé par les forces progouvernementales. Le conflit a fait quelque 750 000 déplacés et trois millions de personnes vivent de l’aide humanitaire.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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