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Un pas vers la liberté de la presse et la reprise de la coopération avec l’UE.

Un journaliste de l’opposition a été nommé à la tête de l’organe de régulation des médias au Togo, conformément à l’engagement des autorités togolaises d’instaurer une presse plus libre pour œuvrer à la reprise de la coopération avec l’Union Européenne suspendue il y a plus de 10 ans.

Mais Philippe Evegno, le directeur de publication de l’hebdomadaire indépendant “Le Point” et le nouveau président de la Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication (HAAC) sait que la tâche qui l’attend est ardue.

« Je suis à la fois satisfait et inquiet », a t-il déclaré à IRIN, après avoir été élu vendredi par ses pairs de la nouvelle HAAC remaniée. « Satisfait pour le choix qui a été porté sur ma personne et inquiet quand j’imagine l’ampleur de la tâche qui nous attend ».

Evegno, qui est considéré comme proche de l’opposition, a passé un mois en prison en 2004 pour avoir prétendument diffusé de « fausses nouvelles » et « troublé l’ordre public ». Il a maintenant la tâche dantesque de soustraire les médias togolais à la domination du gouvernement et de les mettre au service du dialogue et de la démocratie.

C’est l’un des 22 engagements pris l’année dernière par le Togo pour pouvoir accéder à l’aide européenne dont ce petit pays d’Afrique de l’ouest a grand besoin. L’Europe a suspendu la plus importante partie de l’aide qu’elle fournissait au Togo en 1993, en raison de préoccupations concernant les droits de l’homme et la démocratie.

L’application de la feuille de route a été lente et inégale, ce qui a fait penser que le gouvernement rechigner à permettre des médias libres et indépendants.

« J’espère qu’on le laissera travailler sans aucune pression comme cela a été le cas avec le précédent », a confié à IRIN le journaliste radio Wencesla Avikutu.

L’ancien patron de la HAAC, Georges Combevi Agbodjan, avait été largement critiqué par les journalistes et les figures de l’opposition pour ses actes de répression contre les médias dans les jours et mois d’agitation qui ont suivi la mort du président Gnassingbé Eyadema, le 5 Février.

Radio France Internationale avait été fermée, les stations de radio locales avaient du arrêter la diffusion de leurs émissions de libre antenne et les signaux des téléphones portables avaient été bloqués au moment où Faure Gnassingbé, le fils du président défunt, se déclarait président.

Mais de violentes manifestations et de fortes pressions internationales avaient obligé Gnassingbé à mettre un terme à cette prise de pouvoir inconstitutionnelle, à se retirer et à autoriser la tenue d’élections présidentielles.

Il a remporté les élections d’avril malgré des allégations de fraude et de violences politiques qui ont fait fuir 40 000 personnes hors du pays et causé la mort de 400 ou 500 personnes selon un rapport de l’ONU publié la semaine dernière.

Tandis que les violences politiques ne semblent plus d’actualité, des incidents comme le passage à tabac la semaine dernière d’un journaliste de l’opposition ont fait naître des inquiétudes quant aux progrès effectués par le Togo sur les réformes promises.

« Il y a eu beaucoup de reculs à partir du 5 février et sur deux points essentiels des 22 engagements, notamment le déficit démocratique et puis le dialogue politique », a expliqué un représentant européen qui a souhaité garder l’anonymat.

Et l’optimisme des Européens concernant la nomination d’Evegno reste mitigé, a-t-il ajouté, car huit des membres de la HAAC sont des partisans du président.

Bien qu’elle ait émis des réserves, l’UE a annoncé au mois d’août qu’elle était prête à partiellement financer les élections parlementaires que Gnassingbé a promis de tenir le plus tôt possible.

Mais la liberté dont Evegno bénéficiera au sein de la HAAC déterminera l’équité de ces élections.

Le nouveau chef des médias est à la fois réaliste et optimiste sur ce sujet.

« J’espère que mes collègues et moi-même serons libres de faire notre travail », a-t-il déclaré à IRIN. « Et j’ai la conviction que nous le serons réellement ».


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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