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Le projet pétrolier viole les principes fondamentaux des droits de l'homme - Amnesty International

Le projet pétrolier entre le Tchad et le Cameroun bafoue les garanties fondamentales des droits de l’homme, plaçant les intérêts financiers au-dessus de ceux des populations locales qui vivent le long des 650 kilomètres d’oléoduc, a déclaré mercredi Amnistie Internationale.

Les gouvernements du Tchad et du Cameroun ont signé un accord avec les compagnies pétrolières qui pourrait contraindre ces Etats à payer de lourdes indemnités en cas d’interruption de l’exploitation de l’oléoduc ou d’intervention des autorités pour faire respecter les droits de l’homme, a expliqué Amnesty.

« La protection des droits et les besoins des personnes ne peuvent pas être laissés au bon vouloir des compagnies pétrolières », a déclaré au téléphone Sarah Green, la porte-parole d’Amnesty International au Royaume-Uni, depuis le siège social du groupe à Londres.

Le document « Contracting out of human right : The Chad-Cameroon pipeline project (Violation des droits de l’homme : le projet d’oléoduc entre le Tchad et le Cameroun) » a également souligné que le Tchad et le Cameroun violent les droits de l’homme depuis des décennies.

Amnesty International a fait valoir le cas de pêcheurs camerounais dont le mode de vie a été perturbé durant la construction de l’oléoduc, et souligné que dans de telles circonstances, les citoyens devraient être en mesure de demander l’intervention de leurs gouvernements. Dans ce cas précis, les autorités camerounaises se sont opposées à l’initiative des pêcheurs, a affirmé Mme Green.

L’un des principaux obstacles est que, puisque les contrats courent sur une période de 70 ans, les traités sur les droits de l’homme que le gouvernement signera au cours des prochaines années ne pourront pas systématiquement être appliqués, a ajouté Mme Green.

Amnesty lance donc un appel aux investisseurs pour qu’ils amendent certaines dispositions des accords d’exploitation afin d’y inclure des garanties explicites sur le respect des droits de l’homme.

Selon Amnesty, ce même type d’accord nuisible entre les états et les investisseurs est à la base de centaines de projets à travers le monde. Amnesty exhorte la Banque mondiale, qui a apporté un soutien déterminant dans la finalisation du projet d’oléoduc entre le Tchad et le Cameroun, à rejeter désormais les projets basés sur ce type de contrat.

L’oléoduc, qui va de Doba, dans le sud du Tchad, à la ville portuaire de Kribi, dans le sud-ouest du Cameroun, est dirigé par un consortium d’entreprises chapeauté par les compagnies américaines ExxonMobile et Chevron, et par Petronas, une compagnie pétrolière appartenant à l’Etat malaisien.
Aucune de ces compagnies pétrolières n’a voulu faire de commentaires, mercredi.

Le rapport d’Amnesty International a été publié peu après la grève du syndicat des travailleurs et les marches de protestation organisées à travers le Tchad.

Le 5 septembre, l’Union des syndicats du Tchad (UST) avait décrété un arrêt du travail et présenté une liste de 28 doléances au premier ministre, dont plusieurs d’entre elles faisaient référence à de présumées injustices liées au projet de l’oléoduc.

Haroun Kahagair, un membre de l’UST a affirmé que tout se passait comme si les compagnies pétrolières dirigeaient le pays.

« Le gouvernement doit assumer ses responsabilités [vis à vis du public] », a dit M. Kahagair lors d’un entretien téléphonique, depuis la capitale, N’djamena. « Nous sommes toujours dans une république, après tout ; nous ne vivons pas en territoire occupé ».

L’UST évoquera ses doléances au sujet des compagnies pétrolières lorsqu’elle rencontrera les représentants du gouvernement le 8 septembre.

« Si aucun changement n’est constaté, nous devrons appeler à des grèves de plus en plus longues », a-t-il dit. « Nous voulons la paix, mais il est impossible d’avoir la paix s’il n’y a pas de justice ».

Lancé officiellement en 2003, le projet Tchad-Cameroun, d’un coût de 3,7 milliards de dollars américains, avait été présenté comme une nouvelle entreprise qui se distinguerait du modèle des pays producteurs de pétrole où l’élite s’enrichit alors que les pauvres sont abandonnés à leur triste sort.

Des mesures strictes visant à lutter contre la corruption et à réduire la pauvreté devaient garantir que l’argent du pétrole tchadien serait spécialement consacré à la santé, à l’éducation, et à d’autres infrastructures essentielles.

Sur les 177 pays recensés en 2005 dans l’indice de développement humain des Nations unies, le Tchad occupait le 173ème rang et le Cameroun le 148ème.

Les associations de défense des droits de l’homme des deux pays expriment chacune leurs propres préoccupations au sujet du projet de l’oléoduc. Une coalition d’organisations non gouvernementales du Tchad et du Cameroun envisage d’envoyer une pétition à la Banque Mondiale le mois prochain pour apporter des changements dans les termes du projet afin de garantir que l’argent du pétrole contribue à améliorer de la vie des citoyens.

Urbain Moyombaye préside une association de citoyens affectés par le projet pétrolier dans le sud du Tchad.

« Nous pensions que le gouvernement tchadien investirait dans la construction de nouvelles écoles, de routes et d’hôpitaux, dans l’électrification et les télécommunications ; qu’il veillerait au développement de l’agriculture, comme cela avait été convenu lors de l’élaboration du projet de l’oléoduc », a-t-il dit.

Non seulement le pays ne voit aucun de ces avantages, a-t-il ajouté, mais en plus la liberté des personnes est réprimée.

« Il y a de l’insécurité, et la démocratie continue de régresser. Nous ne pouvons pas circuler à partir de 18 heures sous peine d’être accusés de saboter l’oléoduc ».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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