Le mini sommet d’Abuja a mis en présence Gnassingbé, Gilchrist Olympio, le leader du principal parti d’opposition en exil et d’autres figures-clé de l’opposition dans la capitale Abuja, à l’invitation du président nigérian Olusegun Obasanjo. Cinq autres chefs d’état africains ont également pris part à la rencontre.
Obasanjo, qui préside également l’Union africaine, a demandé aux deux parties d’honorer l’engagement pris au lendemain du scrutin présidentiel du 24 avril, de former un gouvernement d’union nationale quel que soit l’identité du vainqueur.
Mais les chefs de l’opposition ont refusé de reconnaître la victoire de Gnassingbé dans une élection qui, selon eux, a été entachée de fraudes.
«Nous n’avons pas trouvé d’accord sur un gouvernement d’unité nationale. Nous avons donné nos conditions», a déclaré Yaovi Agboyibo, le coordinateur de la coalition de six partis dont le candidat unique s’est présenté aux élections remportées par Gnassingbé.
«Les chefs d’état africains veulent nous voir conclure rapidement un accord avec Gnassingbé, et ne tiennent même pas compte des allégations de fraudes aux élections», a déclaré à IRIN un partisan de l’opposition dans les rues d’Abuja. «C’est absolument inacceptable», a-t-il ajouté.
De retour à Lomé, les représentants du gouvernement et des partis politiques n’ont pas souhaité s’exprimer sur le sujet.
Dans les rues de Lomé, en revanche, les habitants sont simplement résignés.
«Les présidents qui sont allés à Abuja étaient les amis de Faure et du RPT (le parti au pouvoir). Je ne crois pas qu’il était possible de trouver une solution avec des gens pareils”, a confié un employé en import/export prénommé d’Hervé.
«Ce que je crains, c’est que ça débouche sur la violence», a declaré Marie, une coiffeuse de la capitale. «On est un tout petit pays, et s’ils commencent à se battre on est tous morts», a-t-elle continué.
La mort du président Eyadema le 5 février dans l’exercice de ses fonctions a plongé le Togo dans le chaos. Au mépris de la constitution, le RPT et l'armée ont dans un premier temps désigné son fils, Faure Gnassingbé, pour lui succéder à la présidence de la république.
Sous l'intense pression de la communauté internationale, Gnassingbé a été contraint de démissionner trois semaines plus tard pour permettre l'organisation d'élections présidentielles. Il a officiellement remporté ces dernières avec 60 pour cent des suffrages exprimés.
Dès l’annonce de sa victoire, des centaines de Togolais sont descendus dans les rues pour protester contre un hold-up électoral et ont été violemment réprimés par les forces de l’ordre.
De source diplomatique, 100 personnes ont trouvé la mort dans les violences. Une organisation des droits de l’homme locale estime pour sa part que le nombre de victimes avoisine les 800. Plus de 31 000 Togolais se sont réfugiés au Ghana et au Bénin.
Dans le communiqué final de la rencontre, les chefs d’état africains ont exhorté les protagonistes de la crise togolaise à «renoncer aux actes de violence, d’impunité et de vandalisme qui contribuent à l’insécurité dans leur pays» tout en continuant à travailler pour l’établissement d’un gouvernement représentatif des sensibilités politiques du pays.
La coalition des six principaux partis d’opposition a demandé qu’une enquête indépendante soit menée pour examiner les allégations de fraude avant toute discussion sur le partage du pouvoir.
La coalition proclame que les élections ont été remportées par son candidat, Emmanuel Bob-Akitani. Il avait été officiellement crédité de 38 pour cent des votes.
Mais jeudi, Bob-Akitani, un ingénieur des mines à la retraite âgé de 75 ans, a été évacué dans un hôpital français à la suite d’un incident cérébro-vasculaire survenu dans la semaine.
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