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L'ONU confirme : la liste des personnalités accusées de violation des droits de l'homme existe

Les Nations unies (ONU) ont confirmé l’existence d’une liste de personnes accusées de violation des droits de l’homme en Côte d’Ivoire et susceptibles d’être traduites devant la Cour pénale internationale (CPI). Selon le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, les noms figurant sur cette liste ne seront pas divulgués pour le moment afin de ne pas compromettre l’action de la cour.

D’après les révélations faites la semaine dernière par Radio France Internationale (RFI), la mission d’enquête de l’ONU a dressé une liste de 95 personnes. Cette liste figure en annexe du rapport secret sur les violations des droits de l’homme commises pendant les deux années et demi de guerre civile en Côte d’Ivoire.

Sur cette liste figure les noms de certaines personnalités connues telles que Simone Gbagbo, femme du président, mais aussi chef du groupe parlementaire du Front populaire ivoirien (FPI) à l’assemblée nationale, et Guillaume Soro, le chef du mouvement rebelle des Forces nouvelles.

Selon RFI, la femme du président est accusée d’être avoir organisé des escadrons de la mort, alors qu’il est reproché à Soro d’avoir ordonné des meurtres extra-judiciaires.

Intervenant en marge du sommet annuel de l’Union africaine (UA) qui s’est tenu dimanche dernier Abuja, la capitale fédérale du Nigeria, Annan a confirmé l’existence de cette liste, mais a refusé de révéler les noms qui y figurent.

"Oui, il existe bien une liste, mais elle n’a pas encore été rendue public pour des raisons très simples. Si les personnes incriminées devaient être traduites en justice, nous ne voulons pas compromettre l’enquête," a déclaré à la presse le secrétaire général Kofi Annan lors d’un point de presse à Abuja. "Cette liste ne sera donc pas rendue public, mais remise à un procureur de la Cour pénale internationale."

"Si le procureur décide de publier cette liste, vous découvrirez alors les noms des personnes incriminées, mais l’ONU ne la publiera," a-t-il ajouté.

La Côte d'Ivoire a plongé dans la guerre civile après l’échec de la tentative de coup d’état de septembre 2002. Depuis, ce pays d’Afrique de l’ouest est divisé en deux, le sud étant contrôlé sous contrôle du gouvernement et le nord aux mains du mouvement rebelle des Forces nouvelles.

De nombreux cas de violation des droits de l’homme ont été signalés pendant le conflit : exécutions sommaires, création de mystérieux escadrons de la mort, incitation à la haine et à la violence contre certains groupes ethniques considérés comme étant des sympathisants des rebelles.

A en croire une source proche du siège de l’ONU à New York, le récent rapport avait un caractère si confidentiel que certains diplomates n’ont pas reçu de copies du document. Et ceux qui ont pu le consulter n’ont eu que l’autorisation de le lire et de prendre des notes.

Selon les procureurs de la Cour pénale internationale (CPI) de la Haye, une équipe d’enquêteurs sera dépêchée en Côte d’Ivoire pour préparer l’ouverture éventuelle d’une enquête.

La Côte d'Ivoire a signé en 1998 le texte du statut de Rome portant création du CPI, mais ne l’a pas encore ratifié. Toutefois, le procureur général de la cour, Luis Moreno Ocampo a fait savoir que le gouvernement ivoirien a autorisé une équipe d’enquêteurs à se rendre dans le pays.

"Ils ont tout simplement accepté que le tribunal mène des enquêtes sur place," a indiqué vendredi dernier Ocampo au cours d’une conférence de presse. "Nous nous rendrons donc en Côte d’Ivoire."

Selon l’agence Reuters, le procureur Ocampo a indiqué que les déclarations sur la situation en Côte d’Ivoire faisaient référence à des exactions que les autorités ivoiriennes ont imputées aux forces rebelles au début du conflit. Mais d’après le procureur certains membres du gouvernement pourraient également être inculpés, si l’enquête du CPI prouvait leur culpabilité.

"Je ne me reproche rien"

A Abidjan entre temps, certaines personnalités figurant sur la liste secrète de l’ONU et dont les noms ont été révélés par RFI ont réfuté les accusations du rapport.

"Je ne me reproche rien," a déclaré au quotidien national Fraternité Matin Bertin Kadet, conseiller à la défense et à la sécurité de Gbagbo. "Je suis un citoyen, je n’ai aucun moyen pour entretenir les escadrons de la mort," a-t-il ajouté.

Bertin est un ancien ministre de la défense et est considéré par certains diplomates comme l’architecte de la stratégie militaire de Gbagbo.

Charles Blé Goudé, chef du mouvement des Jeunes patriotes qui soutient Gbagbo et partisan de la ligne dure, a indiqué qu’il souhaitait attendre que l’ONU lui notifie officiellement que son nom figure sur la liste.

"Pour l’instant ce rapport n’est pas rendu public," a-t-il indiqué à l’Agence France Presse. "J’attends qu’on me notifie officiellement les accusions dont je fais l’objet."

Le gouvernement ivoirien a indiqué qu’il n’appréciait pas la manière dont l’information à été révélée au public.

"Les noms ont été publiés la veille de l’adoption du projet de résolution portant sur le renforcement de l’embargo sur les ventes d’armes en Côte d’Ivoire et la veille du sommet de l’UA. Tout cela ressemble à une machination bien orchestrée," a indiqué à RFI Philippe Djangone Bi, l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire auprès des Nations unies.

Le Conseil de sécurité s’apprête à voter une résolution donnant aux 10 000 forces de maintien de la paix de l’ONU et aux forces françaises de l’opération Licorne basées en Côte d’Ivoire, les pleins pouvoirs pour renforcer le contrôle de l’embargo sur les ventes d’armes et pour arrêter et procéder par surprise à des fouilles de véhicule. Ce projet de résolution demande également aux forces armées nationales ivoiriennes (FANCI) et au mouvement des Forces nouvelles de fournir dans un délai d’un mois un inventaire détaillé de tout leur arsenal militaire.

Le vote de la résolution a été reporté à jeudi prochain pour ne pas anticiper les décisions du sommet de l’UA qui s’est tenu à Abuja du 30 au 31 janvier. La crise ivoirienne figurait en bonne place à l’ordre du jour.

Mandaté par l’UA, le président sud-africain Thabo Mbeki tente une médiation pour relancer l’accord de paix signé il y a deux ans, mais dont toutes les clauses n’ont jamais été appliquées.

Toutefois, après trois mois d’un intense ballet diplomatique, Mbeki n’est pas encore parvenu à obtenir des résultats tangibles et le processus de paix est plus que jamais dans l’impasse.

Au sommet de l’UA, Annan a exhorté une fois de plus les hommes politiques ivoiriens à s’engager dans une dynamique de paix.

"Le gouvernement de réconciliation nationale doit se remettre au travail," a-t-il déclaré à Abuja. "Ce qui se passe en Côte d’Ivoire a un impact sur la région et nous ne souhaitons pas revivre un conflit régional comme celui des Grands lacs."


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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