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Les problèmes sociaux au centre de la campagne électorale

La campagne électorale au Niger a été dominée par les problèmes sociaux tels l’éducation et l’emploi. L'insécurité en revanche qui s'est manifestée dans certaines régions du pays a peu figuré dans les discours politiques des candidats.

Mamadou Tandja, le président sortant, a été un des rares candidats à aborder ce problème d’insécurité. En lançant sa campagne le 23 octobre, il a promis de renforcer les contrôles le long de la frontière ouest où des affrontements opposent souvent les éleveurs de troupeaux aux voleurs de bétail.

Tout au long de la campagne qui a pris fin vendredi dernier, en revanche, il n’a pratiquement jamais été fait mention de la violence qui sévit dans le nord du pays. Plusieurs bus de passagers y ont en effet été attaqués en cours d’année, et des affrontements entre hommes armés et troupes gouvernementales au mois d'octobre ont fait cinq morts.

Le gouvernement avait alors accusé ces hommes d’être des bandits, accusations que Mohamed Ag Boula, le chef d’un groupe de 200 rebelles des tribus nomades Touareg, Toubou et Semori, a réfuté dans un entretien qu’il a accordé le mois dernier à RFI.

Mohamed est le frère de Rhissa Ag Boula, un ex-chef rebelle devenu ministre après l’accord de paix de 1995 qui a permis aux Touaregs d’être incorporés dans l’armée, la police, la douane et l’administration. Arrêté en février dernier pour complicité de meurtre d’un membre du parti au pouvoir, Rhissa attend toujours son jugement.

A l’instar du Tchad et du Mali, deux pays voisins, la région septentrionale du Niger a récemment été confrontée à des problèmes d’insécurité dans les confins du sud du désert du Sahara. Les trois pays ont dû combattre des mouvements de rébellion dans leur région nord au cours des années 1990.

"Le problème de l’insécurité dans le Nord du Niger reste un défi, mais au fil des années il est devenu moins grave", a indiqué à IRIN un analyste politique de Niamey. “Toutefois,” a t-il ajouté, “la situation est encore précaire et fragile et une explosion est toujours possible.”

"Les populations du nord éprouvent un sentiment de frustration vis à vis de l’état," a t-il confié à IRIN. “Cette frustration s’explique par la marginalisation politique, économique et sociale dont elles sont victimes […]. Ces populations se plaignent qu’il n’y a pas d’investissement conséquent dans le développement de leur région alors que c’est dans celle-ci que sont exploités les gisements d’uranium.”

L’uranium, un des deux principaux produits d’exportation (avec le coton) du Niger, est exploité dans la région aride du Nord. Selon l’analyste politique, il y a eu des projets de développement financés par des bailleurs dans la région, mais le ressentiment des populations est toujours présent, ainsi que le manque de confiance envers les autorités. "Il faudra beaucoup d’efforts pour gagner la confiance de la population du nord," a t-il conclu.

Toutefois, le nord et le problème de stabilité ont été relégués au second plan de la campagne présidentielle qui aurait dû se tenir le 13 novembre, mais qui a été reporté en raison de la fête musulmane du Eid-ul-Fitr. Les candidats ont davantage axé leurs discours sur leur programme pour améliorer le bien-être de la population, l’emploi et les soins de santé.

Chômage, pauvreté et sous-développement

Les promesses de réduction du chômage ne manquent pas, dans un pays où le recrutement dans la fonction publique a été gelé depuis plus de sept ans et où de nombreux étudiants diplômés sont sans emploi. Dans le même temps, les candidats tentent de séduire les électeurs plus âgés en leur promettant de repousser l’âge de la retraite obligatoire de 55 ans à 60 voire 65 ans.

Elever le niveau vie dans le deuxième pays le plus pauvre au monde : voilà le défi que doit relever le vainqueur des prochaines élections de mardi. Selon l’édition 2004 du rapport sur le développement Humain du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), près de 60 pour cent des nigériens vivent avec un dollar américain par jour ou moins. Une personne sur cinq utilise un système sanitaire convenable et près de 41 pour cent de la population n’ont pas accès à l’eau potable.

Le prochain président du Niger devra également donner la priorité à l’éducation. Bien que le pourcentage d’enfants scolarisés ait augmenté au cours de la dernière décennie, passant de 24 à 34 pour cent, il reste le plus faible de l’Afrique.

Selon certains analystes, les grèves fréquentes organisées par des étudiants qui revendiquent de meilleures conditions de travail et par des professeurs qui se plaignent de maigres salaires et de mauvaises conditions de vie, sont les signes évidents d’une crise dans l’enseignement que le futur gouvernement devra résoudre.

Mais selon les analystes, ce gouvernement aura probablement à faire face aussi à d’autres revendications des fonctionnaires, notamment le paiement de six mois d'arriérés de salaire.

Une campagne électorale pacifique

Les politiciens se sont félicités de ce que la campagne pour les troisièmes élections multipartites du Niger, depuis l’indépendance du pays en 1960 – les première et deuxième élections ayant eu lieu en 1993 et 1999 – se soit déroulée de manière pacifique et sans insultes ni calomnies.

“Après une décennie de multipartisme, on peut dire que le peuple du Niger a gagné en maturité si on tient compte du bon déroulement de cette campagne,” a déclaré Moussa Oumarou du Rassemblement pour la démocratie et le progrès (RDP). Son parti a été créé par feu le président Ibrahim Bare Mainassara, assassiné en 1999 au cours d’un coup d’état militaire, à en croire de nombreux observateurs. Ce parti sera représenté aux élections de mardi par son président, Hamid Algabdi.

Le président sortant Tandja du Mouvement national pour la société et le développement (MNSD) est largement donné vainqueur. Le candidat considéré comme son principal adversaire est Mahamadou Issoufou, dont le Parti pour la démocratie et le socialisme (PNDS) est le plus important groupe d’opposition à l’assemblée nationale.

Parmi les autres prétendants figure Mahamane Ousmane, le président de l’assemblée nationale et de la Convention démocratique et sociale (CSD). Devenu président en 1993 après sa victoire sur Tandja, il a été destitué par Mainassara lors d’un coup d’état trois années plus tard.

Les autres candidats sont Moumouni Djermakoye, colonel à la retraite et ex-ministre, et Ahmadou Cheiffou, un ancien Premier ministre.




This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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