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Le rapatriement des réfugiés libériens a enfin commencé

Des camions passant la frontière de la Sierra Leone et un avion parti du Ghana ont rapatrié vendredi dernier la première vague des quelque 300 000 réfugiés libériens prévus par le programme de rapatriement des Nations Unies.

Selon les estimations, près de 350 000 libériens ont fui le Liberia et trouvé refuge dans d’autres états d’Afrique de l’Ouest pendant les 14 années de guerre civile au Liberia. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) a indiqué que près de 50 000 personnes sont déjà rentrées spontanément au Libéria depuis la fin des combats en août 2003.

Le convoi des camions du HCR transportant 80 réfugiés de la Sierra Leone et le départ par avion d’Accra, la capitale ghanéenne de 120 autres personnes, ont marqué le début officiel du processus de rapatriement des réfugiés libériens vers des régions de l’intérieur déclarées maintenant sûres et aptes pour le reclassement des rapatriés ou des déplacés.

Mais ce processus rencontre encore quelques difficultés.

Le HCR a signalé que de vastes régions de ce pays très boisé ne sont pas encore sécurisées puisque les forces de maintien de la paix de l’ONU continuent de désarmer d’anciens combattants.

La semaine dernière, le HCR a également rappelé aux donateurs que 10 millions de dollars US supplémentaires étaient nécessaires pour réintégrer dans leur communauté les 50 000 réfugiés qui seront rapatriés d’ici la fin de l’année.

La plupart des réfugiés libériens vivent actuellement dans des camps installés en Guinée, en Côté d’Ivoire et en Sierra Leone—des pays confrontés eux aussi à de sérieux problèmes internes.

La Sierra Leone se remet lentement d’une guerre civile qui a pris fin il y a moins de trois ans, la Côte d’Ivoire doit encore trouver une solution à une rébellion de deux ans qui a coupé le pays en deux, tandis que la Guinée fait face à une crise économique et sociale qui risque de dégénérer en conflit.

Certains réfugiés libériens se sont installés provisoirement au Ghana, au Nigeria, au Sénégal, au Mali et en Gambie.

«Il nous sera difficile de reconstruire nos vies si durement brisées, surtout lorsqu’on a vécu si longtemps au Ghana», a confié à IRIN Paul, exilé au Ghana depuis 1990, avant de monter à bord de l’avion qui le ramenait à Monrovia, la capitale du Liberia.

«Mais j’espère qu’à force de persévérance, je parviendrai à trouver ma voie,» a ajouté Paul, 55 ans.

Massa Goll, jeune femme libérienne de 31 ans, est réfugiée au Ghana depuis huit ans et elle aussi a des sentiments mitigés.

«Je suis triste parce que j’ai beaucoup d’amis ici, mais très contente aussi de rentrer dans mon pays. Quelle que soit la situation que je trouverai à mon retour, le Liberia est mon pays,» a t-elle confié à IRIN.

L’accord de paix du Liberia signé en août 2003 par les factions en guerre et les partis politiques prévoyait le rapatriement de tous les réfugiés et le reclassement des toutes les personnes déplacées avant la tenue des élections générales prévues en octobre 2005.

Manque d’argent et des problèmes de sécurité persistants

Le HCR a dû revoir à la baisse le nombre de personnes pouvant être rapatriées d’ici à la fin de l’année.

Le HCR n’envisage maintenant de rapatrier que 50 000 réfugiés —le sixième du nombre total prévu—avant janvier, car il ne dispose plus d’assez d’argent pour mener à bien sa mission et certaines provinces frontalières de la Guinée et e la Côte d’Ivoire n’ont pas été sécurisées.

La Mission des Nations Unies au Liberia (MINUL) a fait savoir que les 15 000 soldats de la force de maintien de la paix ont déjà désarmé plus de 82 000 combattants, plus du double des 38 000 anciens combattants prévus initialement.

Mais le dernier camp de désarmement installé dans la ville portuaire de Harper proche de la frontière ivoirienne n’a été ouvert que la semaine dernière ; il subsiste quelques secteurs où les rebelles continuent de faire la loi parce que les forces de maintien de la paix de l’ONU n’exercent pas encore un contrôle effectif sur ces zones.

La MINUL a indiqué que son programme de désarmement prendra fin le 31 octobre et que, passée cette date, toute personne en possession d’une arme sera poursuivie devant la juridiction libérienne. Mais certains anciens combattants et autorités gouvernementales ont fait remarquer que ce délai leur semblait trop court.

Au début du mois, les autorités libériennes, en collaboration avec la MINUL et des agences humanitaires non gouvernementales, ont déclaré quatre des 15 comtés libériens sont sécurisés et aptes à accueillir les réfugiés et les personnes déplacées.

Il s’agit des comtés de Bomi, Grand Cape Mount et Gbarpolu, d’anciens bastions du mouvement des Libériens Unis pour la Réconciliation et la Democracie (Liberians United for Reconciliation and Democracy – LURD) situés près de la frontière ouest avec la Sierra Leone, et du Comté de Margibi, situé au nord de la capitale et tenu par les partisans de l’ancien président Charles Taylor.

La directrice adjointe du bureau Afrique du HCR, Zobida Hassim-Ashagrie, a indiqué la semaine dernière aux journalistes que son agence s’opposait catégoriquement à l’envoi de réfugiés dans des zones non encore sécurisées.

«Il n’en est pas question. Le HCR ne prendra pas ce risque. La sécurité dans ces zones a été la préoccupation majeure des réfugiés et ils ne veulent pas retourner dans des régions qui présentent le moindre danger pour eux,» a déclaré Zobida Hassim-Ashagrie.

«Avant d’acheminer des réfugiés vers une région quelconque de leur comté d’origine, la sécurité doit être garantie. Mais le processus de désarmement et de démobilisation des anciens combattants est encore en cours dans la plupart des régions du pays,» a t-elle ajouté.

Même si les comtés choisis comme destinations principales des réfugiés et des personnes déplacées ne sont pas encore sécurisées pour démarrer le rapatriement, Hassim-Ashagrie a indiqué que le HCR s’employait activement à préparer leur reclassement dans ces zones.

Ainsi, le HCR participe déjà à la réhabilitation des routes qui sont devenues impraticables dans le comté de Lofa, qui longe la frontière avec la Sierra Leone et la Guinée, et dans le comté de Grand Geddeh, à la frontière avec la Côte d’Ivoire.

«Ces aménagements vont réduire la durée du voyage et permettre un accès direct aux réfugiés libériens venant de la Guinée et de la Côte d’Ivoire,» a indiqué Hassim-Ashagrie.

L’autre problème auquel nous sommes confrontés est le manque d’argent, puisque le Liberia ne fait plus les gros titres de la presse internationale et que le centre d’intérêt des donateurs s’est reporté sur la crise qui sévit dans la région ouest du Darfour au Soudan.

«Nous avons sollicité une aide de 39 millions de dollars US pour l’ensemble du programme de rapatriement et d’intégration des réfugiés et des personnes déplacées,» a indiqué Hassim-Ashagrie. «Il nous manque à présent un peu plus de 10 millions de dollars US.»

«Un programme de réintégration et de réhabilitation est nécessaire pour fixer les réfugiées dans les régions de rapatriement…il existe quelques rares infrastructures comme les écoles, les dispensaires, mais elles ont été détruites pendant la guerre. Il faudra les réparer,» a ajouté Hassim-Ashagrie.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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