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Le désarmement commence le 15 décembre

Le Président Laurent Gbagbo a annoncé jeudi, que le désarmement des forces rebelles occupant le Nord de la Côte d'Ivoire démarrerait le 15 décembre, et qu'il se rendrait dans la capitale rebelle Bouaké, dans les prochains jours, pour formellement déclarer la fin de 14 mois de guerre civile.

M. Gbagbo a annoncé la surprenante nouvelle au sortir de longues heures de discussions avec le gouvernement et les commandants militaires rebelles, dans la capitale politique de Yamoussoukro. Le Premier Ministre Seydou Diarra et les hauts commandants des troupes d'interposition françaises et ouest-africaines en Côte d'Ivoire ont également participé aux pourparlers, qui ont suivi quatre jours de tension accrue dans la zone sous contrôle gouvernementale.

"J'annoncerai dans quelques jours la fin de la guerre depuis Bouaké afin, que toute la Côte d'Ivoire et le monde entier sache que la Côte d'Ivoire est déterminée à aller vers la paix," a déclaré M. Gbagbo.

Des diplomates ont affirmé qu'ils s'attendaient au départ du Président pour Paris, peu de temps après son escale à Bouaké, pour rencontrer le Président Jacques Chirac. Ils ont établi que M.Gbagbo irait rechercher le soutien de M. Chirac pour la reprise de l’aide internationale en Côte d'Ivoire, une ancienne colonie française qui fut le pays le plus prospère d'Afrique de l'Ouest avant de plonger dans la guerre civile en septembre 2002.

Un communiqué conjoint issu de la rencontre de Yamoussoukro stipule que le gouvernement et les rebelles échangeraient les prisonniers de guerre le 7 décembre, et commenceraient le processus de démobilisation et de désarmement le 15 décembre.

Faisant une importante concession aux rebelles, officiellement appelés "Forces Nouvelles," M. Gbagbo s'est déclaré engager à appliquer entièrement l’accord de paix signé à Linas-Marcoussis, près de Paris. Le président avait auparavant exprimé une certaine hésitation à appliquer certaines parties de l'accord, signé le 24 janvier 2003, arguant qu'elles faisaient la part belle aux rebelles.

Cependant Associated Press (AP) a cité M. Gbagbo après la réunion de Yamoussoukro qui disait : "J'ai demandé au Premier Ministre de faire tout son possible pour s'assurer que tout le texte de Marcoussis sera appliqué dès que possible."

Le démarrage du désarmement devrait permettre au gouvernement de rétablir l'administration dans les zones rebelles du Nord, où la majorité des écoles et des centres de santé, ainsi que toutes les banques ont fermé depuis l'année dernière.

Les rebelles avaient rejoint le gouvernement de large ouverture de réconciliation nationale en avril, mais en sont sortis en septembre, juste avant de se soumettre au désarmement et de remettre leurs armes aux forces d'interposition françaises et ouest-africaines. Ils protestaient ainsi contre M.Gbagbo qui selon eux, traînait les pieds dans l'application des points-clef de l’accord de Marcoussis, et refusait de déléguer ses pleins pouvoirs au gouvernement.

Les rebelles étaient représentés à la rencontre de jeudi à Yamoussoukro par leur Commandant militaire, le Colonel Soumaila Bakayoko. Un porte-parole des rebelles à Bouaké, a révélé à IRIN que Bakayoko avait reçu des instructions claires de la direction politique des Forces Nouvelles, sur l'orientation à suivre au cours de cette réunion.

Un autre Commandant rebelle, Gaspard Dely, a informé IRIN par téléphone depuis Bouaké, que le comité de Démobilisation, de Désarmement et de Réintégration se retrouvera dans le bastion rebelle le 10 décembre, et à Abidjan deux jours plus tard pour entamer la mise en marche d'un emploi du temps concernant le cantonnement, à la fois des forces rebelles et gouvernementales dans des camps spéciaux et l'abandon des armes aux forces de maintien de la paix.

"Nous sommes satisfaits de ce que nous avons entendu cette fois-ci, cela ressemble aux propos d’un chef d'Etat qui veut diriger la Côte d'Ivoire," a observé Dely.

Il a ajouté que le comité de désarmement pourrait également discuter de la suppression des barrages inutiles dans le pays. Ces derniers sont, de notoriété, devenus des machines à sous pour les forces de sécurité de part et d'autre de la ligne de front.

Le responsable d'une grande compagnie de transport en Côte d'Ivoire a expliqué à IRIN plus tôt cette semaine, que les camionneurs qui effectuaient le voyage de Korhogo, dans le Nord de la Côte d'Ivoire, au port de la ville d'Abidjan, étaient contraints de payer une moyenne de $500 US aux barrages établis le long de la route, en majorité dans la partie gouvernementale au Sud du pays. Ce qui équivaut à pratiquement un dollar à tous les kilomètres du voyage.

L'apparente percée dans le processus de paix a suivi quatre jours de montée de tension dans la zone gouvernementale, qui a débuté dimanche par la tentative de 200 jeunes de la ligne dure partisane de M. Gbagbo de franchir la ligne de front, escortés de 100 soldats ivoiriens, pour "libérer" Bouaké. Ils ont été arrêtés dans la zone tampon démilitarisée entre les deux camps par les forces de maintien de la paix françaises qui ont échangé des coups de feu avec les militaires ivoiriens qui accompagnaient les militants. Un tank de l'armée ivoirienne a été détruit.

Cet incident a conduit des soldats non-identifiés à faire irruption à la télévision d'Etat, réclamant la démission des chefs militaires et du chef d'état-major, ainsi qu'une reprise des hostilités.

Les organisations de jeunes, communément appelées "Jeunes Patriotes" ont par la suite organisé une manifestation de quatre jours devant la base militaires française située non-loin de l'aéroport d'Abidjan, pour demander le départ des 4,000 soldats de maintien de la paix français de Côte d'Ivoire.

La foule de plusieurs centaines de manifestants a lancé des pierres tandis qu'ils étaient repoussés au gaz lacrymogène.

Toutefois, l'atmosphère est devenue plus calme mercredi après-midi, après que Charles Blé Goudé, un des leaders des Jeunes Patriotes, proche de M. Gbagbo, a annoncé que la manifestation devrait être un sit-in pacifique. Il est apparu par la suite chargé d'un matelas, de draps et d'un parasol pour passer la nuit avec ses supporters devant le portail principal de la base.

Mercredi, l'Envoyé Spécial du Secrétaire-général des Nations Unies en Côte d'Ivoire, Albert Tévoedjré, s'est envolé à Bouaké pour une rencontre avec les leaders rebelles, en prélude de la réunion de Yamoussoukro. Une source diplomatique a remarqué que dans le même intervalle, M. Gbagbo recevait des coups de fils de plusieurs personnes influentes qu'il a refusées de nommer, qui lui demandaient de montrer plus de flexibilité.

Une mission des Nations Unies est actuellement en Côte d'Ivoire pour évaluer la situation du pays et présenter un rapport au Secrétaire général Kofi Annan, portant sur comment rehausser l’action de la modeste mission de l'ONU dans le pays. La France et plusieurs pays ouest-africains ont prié le Conseil de sécurité de l'ONU d'envoyer une force de maintien de la paix qualifiée en Côte d'Ivoire, à l'échelle de ceux présents au Liberia et en Sierra Leone.

Toutefois, les Etats-Unis, qui contribuent à 27 % des opérations de maintien de la paix de l'ONU, répugnent à accorder un avis favorable. Le Conseil de sécurité devra reconsidérer la situation en janvier.

Des sources diplomatiques ont révélé que M. Gbagbo avait requis lui-même l'envoi d'une force de 10,000 casques bleus en Côte d'Ivoire. 4,000 troupes françaises et 1,400 soldats ouest-africains sont présents dans le pays. Ils ont réussi à empêcher la reprise des combats entre le gouvernement et les rebelles durant les sept mois écoulés.




This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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