M. Doré a expliqué à IRIN samedi, quelque temps après sa libération, qu'il avait été détenu dans la haute prison de sécurité de Guinée, dans des conditions "déplorables". "J'ai dormi sur une chaise, dans mon costume, avec mes chaussures au pied," a-t-il déclaré.
M. Doré, leader de l'Union pour le Progrès de Guinée (UPG) et secrétaire de l'alliance de l'opposition, FRAD, avait été appréhendé par la police à la suite d'une interview donnée à la radio française, Radio France Internationale (RFI).
Pendant l'interview, M. Doré aurait ridiculisé une décision de la Cour Suprême de Guinée, validant seulement une candidature qui s'opposera au Président en exercice, M. Conté, lors des élections présidentielles du mois prochain.
Il a souligné que Mamadou Bhoye Barry, l'unique adversaire de M. Conté, était "un homme planté par le Président Conté lui-même pour démontrer un semblant de démocratie dans les élections."
M. Barry est l’unique député d'un petit parti qui soutien le Parti de l'unité et du Progrès au pouvoir de M. Conté. Il est pratiquement inconnu du cercle politique.
Samedi, M. Doré a nié avoir insulté le Président au cours de son interview avec RFI, mais a réitéré que "si un homme est souffrant et que la maladie a affecté la meilleure partie de son être, alors ses facultés mentales sont également atteintes."
La santé du Chef de l'Etat, âgé de 69 ans, a décliné au fil des années. Il est rarement apparu en public, et des diplomates signalent qu'il éprouve souvent des difficultés à marcher.
M. Doré a déclaré devant ses sympathisants, à son domicile : " Ca ne va pas me pousser à me réfugier dans la soumission... en fait, je suis plus déterminé que jamais, maintenant, à voir la fin du régime de M. Conté. Le Conté d'aujourd'hui n'est pas le Conté d'il y a 10 ans. Il a perdu l'énergie de gouverner."
Le Ministre guinéen de la sécurité, Aboubacar Sampil, avait annoncé que M. Doré pourrait être inculpé par le tribunal, parce qu'il avait insulté le Président. Des sources ont révélé que le "revirement de cœur" du gouvernement était dû à la pression diplomatique.
Une source de l'opposition a expliqué à IRIN, qu'une mission diplomatique occidentale avait souligné, aux autorités guinéennes, qu'elles avaient dépassé les bornes dans le traitement de l'opposition.
M. Conté, un ancien Colonel de l'armée, dirige d’une main de fer cette ancienne colonie française de 8 millions d'habitants, depuis son accession au pouvoir par un coup d'état 19 ans auparavant. Il postule pour un autre mandat de 7 ans, mais le FRAD et d'autres partis d'opposition ont décidé de boycotter les élections présidentielles du 21 décembre, parce que le gouvernement leur avait refusé la formation d'une commission électorale indépendante, et le libre accès aux médias d'Etat (radio, télévision).
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