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Le Chef de la police renvoyé après la mort d’un journaliste français

Le gouvernement de Côte d'Ivoire a congédié le Chef de la police, à la suite du meurtre du journaliste de la radio française, Jean Hélène, tué de sang-froid par un agent de police à Abidjan.

Le gouvernement a annoncé le transfert de la dépouille du correspondant de Radio France Internationale (RFI), dans la nuit de jeudi, aéroportée par un avion militaire français.

Selon des témoins, le sergent de police Théodore Séry Dago a tiré à bout portant sur Hélène, à l’extérieur des locaux du siège de la police, mardi nuit, pendant que le journaliste attendait d’interviewer un groupe de militants de l’opposition qui étaient sur le point d’être libérés, après plusieurs jours de détention.

Le policier a été désarmé et immédiatement mis aux arrêts par ses collègues. Il a comparu devant la cour martiale, vendredi, sous l’inculpation de meurtre.

Le Procureur militaire, Ange Kessi, a déclaré : "C’est un crime crapuleux qui n’avait aucune justification militaire ou morale… Je peux dire qu’il risque 20 ans de prison, compte tenu des faits en présence."

Le gouvernement a annoncé, à la sortie du Conseil des ministres jeudi, que le Général Adolphe Baby avait été relevé de ses fonctions de Directeur Général de la police nationale, au lendemain de cet accident, et serait remplacé par le Colonel Yapo Kouassi.

Par ailleurs, le Ministre de la sécurité intérieure, Martin Bléou, a rapidement nié les suppositions, selon lesquelles, Séry Dago exécutait des ordres lorsqu’il a tué le journaliste.

"Les premiers résultats de l’enquête en cours, indiquent qu’il a agi de son propre chef. Il a même désobéi aux instructions de ses supérieurs," a répondu M. Bléou aux journalistes. "C’est un meurtre délibéré et la procédure (d’investigation) ne prendra pas plus de deux semaines."

Interrogé par IRIN sur le pourquoi du licenciement du Chef de la police, alors que le gouvernement croyait que Séry Dago, âgé de 28 ans avait agi seul, le Président Laurent Gbagbo a admis que c’était une décision politique que le gouvernement était en droit de prendre.

M. Gbagbo a émis cette remarque au cours d’une rencontre avec la presse étrangère en Côte d'Ivoire, vendredi nuit. Il a exprimé ses regrets quant au meurtre du journaliste français, ajoutant qu’il ne pouvait “trouver aucune explication » pour qualifier cet assassinat. Il a donné l’assurance que le policier serait jugé pour ce crime.

M. Gbagbo a toutefois relevé que : "C’est la guerre et en temps de guerre les gens deviennent passionnés." questionné à maintes reprises sur la garantie de sécuriser des journalistes étrangers en Côte d'Ivoire, le président a évité de s’engager dans des mesures concrètes.

Il a suggéré à la place que les correspondants étrangers dans le pays, qui ont été accusés par les médias locaux de la frange pro-gouvernementale de faire l’apologie des rebelles occupant le Nord du pays, rencontrent la presse ivoirienne pour discuter de leurs différences.

Des sources de la police ont révélé à IRIN que M. Bléou avait voulu se débarrasser de M. Baby, depuis son accession le mois dernier au ministère de la Sécurité Intérieur, pour son incapacité à juguler la corruption et le comportement délictueux de ses officiers.

Ils ont indiqué que l’assassinat d’un chauffeur de taxi à Abidjan par un policier qui réclamait des dessous de table, faisait partie des points de litige. Cette mort a débouché sur une grève de deux jours des transporteurs.

Cette semaine, le meurtre du journaliste français a été la goutte d’eau finale.

Dans l’intervalle, le Sénégal a ordonné l’expulsion de la correspondante de RFI, Sophie Malibeaux, vendredi, accusée de faire une couverture tendancieuse de la rebellions séparatiste dans la région australe de la Casamance.

L’expulsion a été émise le 7 octobre, et confirmée par le Président Abdoulaye Wade, après une rencontre avec les instances dirigeantes de RFI à Dakar, le mercredi dernier. Des sources témoins des échanges les ont qualifiés d’"orageux."

Alpha Sall, le Secrétaire général de l’Union des Journalistes de l’Afrique de l’Ouest a condamné l’expulsion de Malbeaux du pays qui a la réputation d’avoir la meilleure tolérance d’opinion en Afrique. " Les lignes dures des régimes de la région seront perçues comme un signal d’encouragement pour rendre la vie plus dure à la presse. » a-t-il averti.

L’observatoire international de la liberté de la presse, Reporters Sans Frontières (RSF) a également condamné l’expulsion de Malbeaux. "Ce pays a été pendant de nombreuses années un exemple à suivre en matière de liberté de la presse», a déclaré le Secrétaire général de RSF, Robert Ménard. "La situation commence à se détériorer de manière inquiétante. »



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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