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Un journaliste français abattu par un policier

Jean Hélène, le correspondant de Radio France Internationale (RFI) en Côte d'Ivoire, a été tué par un policier dans la nuit de mardi ; il faisait le pied de grue devant les bâtiments de la sûreté Nationale, afin d'interviewer 11 détenus politiques sur le point d'être libérés, a déclaré un porte-parole de l'ambassade de France.

Le porte-parole a rapporté les propos des témoins, expliquant que M. Hélène, âgé de 48 ans, était assis dans sa voiture et parlait au téléphone mobile quand le policier s'est approché de lui. Le journaliste français est sorti du véhicule et le policier lui a donné un coup de crosse dans le ventre, avant de lui tirer une balle au bas de la nuque, a-t-il ajouté.

Le Président ivoirien Laurent Gbagbo, le Ministre de la Sécurité Intérieure Martin Bléou et l'ambassadeur de France Gildas Le-Lidec, se sont immédiatement rendus sur les lieux du crime. M. Bléou a révélé plus tard qu'un sergent de police, en relation avec le meurtre, avait été arrêté, et que les investigations se poursuivaient.

"Nous sommes déterminés à prendre toutes les mesures que requièrent les circonstances entourant cette affaire," a-t-il continué.

Le Président français, Jacques Chirac, qui a entamé mercredi une tournée de 4 jours au Niger et au Mali, a déploré l'assassinat et a réclamé que les autorités ivoiriennes " fassent toute la lumière possible sur ce meurtre".

L'observateur de la liberté de la presse, Reporters dans Frontières (RSF), qui avait critiqué la récente détérioration de la liberté des médias en Côte d'Ivoire en début de semaine, a condamné le meurtre et a demandé une enquête exhaustive. Le Secrétaire général de RSF, Robert Ménard, a précisé qu'une : " Punition exemplaire doit être infligée aux responsables du meurtre du journaliste".

Le porte-parole de l'ambassade de France a indiqué qu'il n'était pas clairement défini si le meurtre avait été prémédité, mais les premières indications démontreraient le contraire.

Le meurtre de M. Hélène, un vétéran des conflits en Afrique, était le dernier d'une série d'incidents anti-français, depuis l'éclatement de la guerre civile en Côte d'Ivoire en septembre 2002.

Les compagnies françaises ont toujours le contrôle de l'économie de ce pays autrefois prospère, premier exportateur mondial de cacao. 4,000 soldats de maintien de la paix français y ont été déployés pour s'interposer entre les deux parties belligérantes.

Cependant, des figures dirigeantes du Front Populaire Ivoirien (FPI), parti du Président Gbagbo, ont constamment accusé l'ancienne puissance coloniale de prendre parti pour les rebelles, qui occupent la moitié Nord de la Côte d'Ivoire.

Il y a eu une retentissante campagne anti-française des médias partisans de M. Gbagbo, et des symboles de l'influence française, dans cette ancienne colonie, ont été attaqués à plusieurs reprises par les supporters de M. Gbagbo à Abidjan.

Le lycée français a été brûlé le 25 janvier à Abidjan, au lendemain de la signature de l'accord de paix avec les rebelles, sous les auspices de la France. Au début de ce mois, la ligne dure des groupes de jeunesse a également saccagé les locaux des compagnies d'eau, d'électricité et de téléphonie cellulaire appartenant à des multinationales françaises à Abidjan, au cours de manifestations contre le refus des rebelles de déposer les armes.

En avril dernier, les rebelles ont nommé 9 ministres pour siéger dans un gouvernement de large ouverture de réconciliation nationale, et un cessez-le-feu demeure en vigueur depuis lors. Toutefois, le 23 septembre, les rebelles ont suspendu leur participation au processus de paix, protestant contre le refus de M. Gbagbo de déléguer une autorité significative à chaque ministre.

Les rebelles se sont retirés du gouvernement et ont anéanti les plans de désarmement. Le Président ghanéen John Kufuor pilote actuellement des efforts, au niveau diplomatique, pour rompre la glace et remettre le processus de paix sur les rails, avant que la situation en Côte d'Ivoire n'aboutisse à la reprise des hostilités. Des sources diplomatiques ont expliqué que M. Kufuor tentait d'arranger un sommet de réconciliation entre M. Gbagbo et les leaders des rebelles, à Accra.

Les onze détenus qu'attendait d'interviewer M. Hélène, sont tous des militants du Rassemblement Des Républicains (RDR), parti de l'ancien Premier Ministre en exil Alassane Ouattara, qui a été empêché de compétir aux élections présidentielles de 2000 contre M. Gbagbo.

Ils ont été arrêtés vendredi dernier pour répondre aux allégations de complot d'assassinat contre plusieurs leaders politiques et militaires, non désignés, mais ont été relaxés dans la nuit de mardi, peu de temps après la mort de M. Hélène.

Un militant du Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), qui était au pouvoir depuis l'indépendance en 1960 jusqu'à 1999, est demeuré en détention, a déclaré le Secrétaire général du PDCI à IRIN, mercredi. L'homme dont l'arrestation n'a pas été reconnue par le gouvernement, était retenu dans un camp de la gendarmerie, a-t-il ajouté.

Le porte-parole des rebelles, Amadou Koné, a exprimé ses regrets face au meurtre de M. Hélène, estimant que rapporter l'arrestation des onze militants RDR avait aidé à garantir leur éventuelle libération. Le RDR, qui dans l’opinion serait sympathisant des rebelles, a été accusé de comploter avec eux.

M. Koné a révélé à IRIN par téléphone, depuis la capitale rebelle de Bouaké, au Centre de la Côte d'Ivoire, que leurs leaders avaient reçu plusieurs approches diplomatiques, les pressant de se réconcilier avec M. Gbagbo et qu'ils avaient répondu par l'affirmative à ces ouvertures.

"Nous avons reçu plusieurs invitations, que nous allons accepter, parce que nous sommes ouverts à la discussion pour ce qui concerne notre retour au gouvernement de réconciliation nationale," a affirmé M. Koné.

M. Hélène n'est pas le premier Français à perdre la vie dans le conflit ivoirien. Le 25 août, deux soldats français ont été abattus par des combattants rebelles, après une discussion pendant laquelle une patrouille française essayait de convaincre les hommes armés de quitter la zone de confiance démilitarisée, le long de la ligne de front entre les territoires rebelles et gouvernementaux.



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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