M. Touré est largement considéré comme le leader le plus populaire de l'opposition divisée de Guinée, et il revient dans la mémoire collective comme celui qui a conduit le pays à un période relative de prospérité, lorsqu'il occupait le poste de Premier Ministre et de Ministre des Finances de 1996 à 1999.
Après avoir été renvoyé par M. Conté, M. Touré a créé son propre parti, l'Union des Forces Républicaines (UFR), qui l'a désigné comme son candidat à la course présidentielle, au cours d'une convention pendant le weekend.
Toutefois, dans son discours d’approbation samedi, l'ancien économiste a insinué que l'opposition n'avait toujours pas décidé de sa participation au scrutin, qui, selon des sources gouvernementales, se tiendra le 21 décembre.
"Ce qui nous reste à faire maintenant, est de négocier les conditions sous lesquelles devront se dérouler les élections," a déclaré M. Touré. "Nous, comme un front uni dans l'opposition, devons nous assurer que nous avons le maximum de transparence, que nos voix sont reconnues, que nous avons les observateurs nécessaires en place, et que nous obtenions une commission électorale à la hauteur du combat que nous continuons de mener."
L'UFG fait partie d'une alliance de six partis d'opposition appelée le Front Républicain pour le Changement Démocratique (FRAD), qui réclame l'accès gratuit de l'opposition aux médias d'Etat (radio et télévision) et la création d'une commission électorale réellement indépendante pour superviser le vote.
Le gouvernement a conduit un dialogue en dents de scie avec l'opposition, concernant les revendications exprimées, sur plusieurs mois, mais depuis lors aucune véritable concession n'a été faite.
Il n'est pas encore clairement défini si d'autres leaders d'opposition du même courant ambitionnent de compétir contre M. Conté, un ancien colonel de l'armée qui a dirigé cette ancienne colonie française d'une main de fer, depuis son accession au pouvoir par un coup d'état en 1984.
Le vétéran de l'opposition, Alpha Condé, est techniquement disqualifié de la course présidentielle suite à sa condamnation pour trahison en 2001.
Dans ce discours, M. Touré a fortement joué sur l'économie de la Guinée en déclin ces dernières années. Il l'a attribué à la mauvaise gouvernance de M. Conté, et à la corruption qui règne au sein du gouvernement.
M. Touré a précisé que lorsqu'il quittait son poste de Premier Ministre quatre années auparavant, le gouvernement percevait un revenu de $500 millions de dollars par an, mais les entrées actuelles ont été réduites de moitié depuis. Le déclin économique du pays forçait des milliers de Guinéens à chercher fortune à l'étranger, a-t-il ajouté.
Les spéculations continuent concernant l'état de santé de M. Conté, qui a quitté Cuba mercredi dernier en visite privée, apparemment pour recevoir des soins médicaux. Des diplomates ont décrit que le président âgé de 69 ans souffrait de diabète et de problèmes de cœur, ayant même des difficultés à marcher quelque fois.
Le mois passé, une conférence du parti au pouvoir, le Parti de l'Unité et du Progrès (PUP) a, à l'unanimité, désigné M. Conté comme son candidat aux présidentielles, mais le Chef de l'Etat a prévenu dans son discours d'approbation qu'il ne prendrait pas une part active à la campagne électorale.
Des diplomates ont même avancé que si M. Conté était ré-élu, sa santé tellement fragile maintenant ne lui permettrait pas d’assurer entièrement les sept ans du mandat présidentiel.
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