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Les ministres rebelles suspendent leur participation au gouvernement

Le mouvement rebelle en Côte d’Ivoire a suspendu sa participation au gouvernement de réconciliation nationale de large ouverture, mardi, et a reporté le programme de désarmement, en accusant le Président Laurent Gbagbo de faire obstruction au processus de paix.

Les leaders des rebelles ont annoncé ce tournant radical après deux jours de consultations à Bouaké, la principale ville du Centre de la Côte d’Ivoire. Ils ont averti qu’il y avait un réel danger que les hostilités reprennent.

Ils ont accusé M. Gbagbo de refuser de déléguer les pleins pouvoirs au gouvernement de réconciliation nationale présidé par le Premier Ministre Seydou Diarra, comme cela aurait dû l’être, en accord avec les termes d’un accord de paix signé en janvier, à l’instigation de la France.

Le porte-parole des rebelles, Guillaume Soro, a affirmé dans un discours que : “ En déniant au Premier Ministre et aux ministres du gouvernement de réconciliation nationale les prérogatives que leur octroyait l’accord [de paix]… Laurent Gbagbo a dévoyé l’accord, le rendant nul et non avenu. »

Et il a ajouté que : “ Face à un surarmement manifeste [des forces armées de Côte d’Ivoire], le foisonnement de milices tribales d’entraînées à une formation paramilitaire et l’évidente faiblesse de la communauté internationale, les risques de déflagrations sont désormais patents »

9 ministres rebelles siègent au gouvernement de large ouverture piloté par le Premier Ministre Seydou Diarra. Cependant aucun n’a pu exercer réellement son autorité dans les ministères dont ils ont la responsabilité. Et 8 mois après la signature de l’accord de paix, leur méfiance à l’égard de M. Gbagbo persiste toujours.

Une diplomate européenne à Abidjan a fait remarquer : “ Je crois que l’un des problèmes majeurs, est qu’ils ne se font pas mutuellement confiance. Il n’y a pas eu de véritable réconciliation, il existe une terrible suspicion sous-jacente entre eux. »

Toutefois, elle pense avec d’autres diplomates que la décision des rebelles de se retirer du gouvernement – au moins temporairement - reflète également une division dans leur rang sur la question du désarmement.

Les rebelles sont soumis à pression pour démobiliser et désarmer, afin de permettre au gouvernement de restaurer son autorité sur toute la moitié Nord de la Côte d’Ivoire demeurée sous contrôle rebelles, depuis le coup d’état manqué du 19 septembre 2002, qui a plongé le pays dans la guerre civile.

Cependant, les diplomates ont déclaré que plusieurs commandants militaires rebelles, dont un chef de guerre indépendant notoire qui administre la ville Korhogo dans le Nord, semblaient répugner à désarmer.

Un haut diplomate africain a prévenu que si l’impasse persistait entre M. Gbagbo et les rebelles, l’accord de paix signé en janvier à l’instigation de la France pourrait complètement s’interrompre.

Il a noté que de proches collaborateurs du Président exprimait ouvertement déjà que si M. Diarra ne réussissait pas à conserver le gouvernement de large ouverture, une nouvelle administration dirigée par le Font Populaire Ivoirien (FPI) de M. Gbagbo, pourrait être nommée qui essaierait une nouvelle fois de vaincre les rebelles par la force.

Le conflit a éclaté suite aux efforts des gouvernements successifs de limiter les droits politiques et terriens des immigrants venus d’autres pays ouest-africains. En comptant leurs enfants nés en Côte d’Ivoire, ils constituent 30% des 16 millions d’habitants du pays.

Ces mesures jugées discriminatoires ont contribué à empêcher l’ancien Premier Ministre, Alassane Ouattara, à présenter sa candidature aux élections présidentielles de 2000, au motif qu’il était citoyen du Burkina Faso. Le scrutin été remporté par M. Gbagbo.

Le déclenchement de la guerre civile a favorisé un rejet des immigrants et des personnes originaires du Nord, à forte dominance musulmane, accusés de soutenir la rébellion par les partisans du régime, les forçant à retourner au Burkina Faso, au Mali et en Guinée.

Les Nations-Unies estiment que 750 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur de la Côte d’Ivoire par peur de représailles des forces rebelles ou de l’armée régulière.

Suite aux accords de paix de janvier, les rebelles du Mouvement Patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI) et deux petits groupes de rebelles sont entrés dans le gouvernement de coalition de M. Diarra en avril.

Les rebelles, officiellement appelés « forces nouvelles» devaient commencer le processus de démobilisation et de désarmement le 1er août. Ce qui aurait permis au gouvernement de restaurer l’administration dans le pays entier et de rouvrir les écoles, hôpitaux et banques.

Cependant, le début du désarmement a été suspendu dans l’attente de l’approbation d’une loi d’amnistie et la nomination des portefeuilles ministériels vacants de la Défense et de la Sécurité intérieure.

La loi d’amnistie, qui autorise les forces de sécurité ayant rejoint les rebelles à regagner leurs unités, a été approuvée par le parlement le 6 août.

Et le 13 septembre, M. Gbagbo a finalement désigné Martin Bléou, un Professeur de droit et militant des droits de l’Homme au poste de Ministre de la Sécurité intérieure, et René Amani, ancien directeur du conseil d’administration de l’ancienne caisse de stabilisation de cacao au poste de Ministre de la Défense. Le Président a choisi ces deux personnes de la liste de 4 candidats proposée par le Premier Ministre.

Ce dernier acte aurait dû ouvrir la voie au début du processus de désarmement. Toutefois, les rebelles ont protesté de manière véhémente contre ce qu’ils ont appelé la voie « arbitraire » utilisée par M. Gbagbo pour imposer les nouveaux ministres, sans rechercher un large consensus.

A l’annonce de ces nominations, Albert Tevoedjre, Représentant Spécial du Secrétaire-général des Nations-Unies en Côte d’Ivoire, a espéré que le désarmement pourrait commencer le 1er octobre. Ce qui paraît peu probable maintenant.

Des diplomates ont indiqué qu’il était difficile d’entrevoir une issue à cette impasse puisque ni les rebelles, ni M. Gbagbo ne semble abandonner facilement. « Quelqu’un doit les secouer,» a exprimé un diplomate européen.

Cependant, une personne qui aurait pu apporter cet électrochoc, le Ministre de la Défense française, Michèle Alliot-Marie, qui compte 4 000 soldats Français de maintien de la paix en Côte d’Ivoire, a eu des entretiens avec le gouvernement et les leaders des rebelles la semaine dernière, sans pour autant dénouer la crise imminente.

Les espoirs étaient fixés sur les ministres rebelles acceptant de revenir dans le gouvernement après quelques jours de protestation. « Je pense qu’ils sont juste en train d’élever les enchères pour pousser les choses aussi loin que possible, » a commenté un diplomate. « Je trouve difficile de croire qu’ils vont rendre les clés de leurs bureaux et de leurs voitures de fonction. »



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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