1. Accueil
  2. West Africa
  3. Côte d’Ivoire

Deux autres généraux détenus dans une vague d’arrestations

Deux autres généraux ivoiriens ont été arrêtés dans le cadre d’une interpellation de plus de cinquante personnes soupçonnées d'avoir participé au projet d’assassinat du président Laurent Gbagbo, ont annoncé des sources militaires ce vendredi.

Le général Abdoulaye Coulibaly, écarté de l’armée depuis trois ans, a été détenu jeudi soir à l’aéroport d’Abidjan à sa descente d’avion en provenance de Paris où il a séjourné pendant six semaines, ont précisé les sources à IRIN.

Le général Soumaila Diabakate a été interpellé à son bureau au ministère de la Défense plus tôt dans la journée, ont-elles ajouté.

Les deux hommes ont été des figures de proue de la junte militaire qui s’est emparée du pouvoir en décembre 1999 et a ensuite dirigé cette ancienne colonie française jusqu’aux présidentielles de l’an 2000 remportées par M. Gbagbo.

Les sources militaires ont indiqué que plus de cinquante personnes ont été détenues en Côte d’Ivoire pour être interrogées au sujet du complot d’assassinat présumé, et d’autres arrestations sont en cours. Un troisième général, Alain Mouandou, également contrôleur général de la police, a été détenu mercredi.

La France a également interpellé onze personnes en fin de semaine dernière en relation avec le complot. Il s’agit du sergent-chef Ibrahim Coulibaly, autre protagoniste important du putsch de 1999 dirigé par le colonel Robert Gueï, ainsi que de plusieurs mercenaires présumés. L’un des interpellés à Paris, le chauffeur de l’ambassade ivoirienne, a été relâché depuis.

La Côte d'Ivoire, qui produit quarante pour cent du cacao mondial, a sombré dans la guerre civile le 19 septembre dernier à l’issue d’une tentative de coup d’Etat manqué ourdie par Gueï, tué aux premières heures de la rébellion.

Les forces rebelles occupent désormais tout le Nord du pays et, en dépit de la signature d’un accord de paix en janvier 2003 ainsi que de la mise en place d’un gouvernement de réconciliation nationale inclusif en mars, la suspicion règne entre Gbagbo et ses sympathisants, d’une part, et les forces rebelles et les partis de l’opposition parlementaires, d’autre part.

Le désarmement et la démobilisation des rebelles, dont le démarrage était prévu le 1er août, sont donc gelés.

Au début de cette semaine, Pascal Affi N'Guessan, une importante personnalité du parti de M.Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI), a accusé en vrac le groupe rebelle Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MCPI), le premier ministre indépendant, Seydou Diarra, ainsi que le parti d’opposition, Rassemblement des républicains (RDR) de l’ancien premier ministre Alassane Dramane Ouattara, de complicité dans le projet d’assassinat.

Les semaines passées, le MPCI, M. Diarra, et tous les principaux partis d’opposition, ont accusé M. Gbagbo d’entrave au processus de paix à cause de son refus de nommer des personnalités consensuelles aux ministères de la Défense et de l’Intérieur, toujours vacants, de même que sa résistance à appliquer d’autres aspects de l’accord de paix négociée sous l’égide de la France.

Bien que les rebelles, officiellement appelés ‘Forces Nouvelles’, disposent de neuf ministres au gouvernement,ils accusent M. Gbagbo de constituer un obstacle dans l'évolution du processus de réconciliation.

Le MPCI a démenti en public toute participation dans la tentative de déstabilisation et a réitéré son attachement à l’accord de paix. Il a néanmoins demandé haut et fort la libération du sergent-chef Coulibaly, qui entretiendrait des liens étroits avec le mouvement rebelle.

M. Diarra, un ancien fonctionnaire public et diplomate, perçu comme une personnalité politique neutre, porté à la tête du gouvernement jusqu’à la tenue de nouvelles élections en 2005, avait jusqu’ici gardé le silence. Des sources proches du cabinet du premier ministre ont révélé que ses conseillers étaient divisés sur l’attitude à adopter : opposer un démenti public ou garder le silence. Certains craignaient qu’une déclaration publique de M. Diarra incite le FPI à le traîner davantage dans la boue.

Un proche collaborateur de M. Ouattara, qui a été disqualifié dans la course électorale contre M. Gbagbo aux présidentielles de l’an 2000 en raison des doutes sur sa nationalité ivoirienne, a catégoriquement affirmé que ni lui ni son parti n’avaient rien à avoir avec le complot présumé. Cissé Bacongo Ouattara, directeur à Abidjan du cabinet du leader du RDR exilé, a déclaré pour sa part : "C’est juste un faux prétexte du FPI pour tourner le dos à Marcoussis » (l’accord de paix).

La vague d’arrestations et les accusations assourdissantes émanant du FPI ont exacerbé la tension dans la capitale économique, Abidjan, où de nombreux habitants attendent du président un comportement plus conciliant pour redresser la situation.

"Tout dépend de Gbagbo. Lui-seul a le pouvoir d’apaiser ou d’aggraver la situation », a opiné N'guessan Yao, un employé du service public qui achetait un billet de loterie dans une échoppe. Il a déclaré à IRIN qu’il fallait que le chef de l’Etat se calme.

Un conférencier universitaire a averti qu’il existe un véritable danger d’interruption du processus de paix si la ligne dure adoptée par M. Gbagbo aboutit au retrait des ministres rebelles du gouvernement. Selon lui, les rebelles seraient les grands perdants, avant d’ajouter : « J’ai peur que les Forces nouvelles commettent des actes terroristes qui risquent de déstabiliser tout le monde ».

De nombreux passants consultés par IRIN dans le quartier populaire de Yopogou ont tout simplement exprimé leur écoeurement devant les luttes politiques de l’année écoulée qui ont jeté l’économie dans la récession.

"Nous sommes las de la crise », a commenté Arthur Boga, un retraité. « C’est juste une querelle de politiciens. Ils nous ont tous mis dans la merde et on vivrait mieux ici sans eux ».


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join